Dans une salle, le son ne s’éteint donc pas immédiatement quand son
émission cesse, parce qu’il subit de multiples réflexions sur les parois.
Mais il s’éteindra plus ou moins vite selon que ces parois seront plus ou
moins absorbantes. S’il est bon que la salle ait une certaine résonance —
le son dans une salle sourde est plat, manque d’ampleur —, point trop n’en faut, car le fouillis sonore qui en ré-
sulte rend la parole ou la musique inau-dibles. L’optimum est facile à déterminer dans ce que l’on appelle une
« petite salle ». On entend par là une salle dont la plus grande dimension ne dépasse guère celle qui donnerait un phénomène d’écho perceptible, c’est-
à-dire une dizaine de mètres. Pour une salle de dimensions courantes, cela correspond à un volume maximal de 600 m3 environ. L’audition dans ces salles obéit en effet à des lois très simples : si l’on y mesure la décroissance du niveau d’intensité* d’un son à partir de l’instant où il cesse d’être émis, on constate que cette décroissance varie linéairement avec le temps et ne dépend ni de la position dans la salle de l’émetteur sonore, ni de celle du récepteur. On peut alors caractériser la résonance de la salle par le temps T
que met le niveau d’intensité sonore à décroître de 60 décibels. C’est le temps de réverbération de la salle. Plus il est grand, plus la salle résonne. Plus il est petit, plus elle est sourde. Ce temps T
peut se calculer par la relation
où T est en secondes, V le volume de la salle en mètres cubes, S1, S2... les surfaces, en mètres carrés, de coefficients d’absorption respectifs a1, a2..., réparties dans la salle. Ces lois simples ont été formulées par l’Américain Wal-lace Clement Sabine (1868-1919). Depuis, d’autres relations fournissant le temps de réverbération ont été proposées. Elles n’apportent de corrections appréciables aux valeurs calculées par la relation de Sabine que pour des salles assez sourdes. Un architecte peut donc calculer le temps de réverbération d’une petite salle avant sa réalisation et, éventuellement, le modifier en changeant la nature des substances absorbantes. Des essais ont en effet montré que le temps de réverbération optimal d’une petite salle s’exprime en fonction de son volume par l’une des deux relations suivantes :
où T est en secondes, V le volume de la salle en mètres cubes.
L’acoustique des grandes salles est beaucoup plus compliquée : du fait que les échos sont perceptibles, la plupart du temps il est difficile de définir un temps de réverbération, la décroissance du niveau d’intensité sonore n’étant plus linéaire avec le temps. Quand bien même on y arrive, ce temps de réverbé-
ration peut dépendre des emplacements de la source sonore et du récepteur.
Seule une étude géométrique de la salle permet de résoudre le problème.
Acoustique des bâtiments
Dans un bâtiment, sons et bruits
peuvent se propager :
a) par transmission aérienne, à travers les ouvertures, les trous de serrures, les joints de portes et de fenêtres ; b) par conduction : la vibration d’une cloison sous l’effet d’une onde sonore diffuse le long de la cloison et de toutes les parois qui lui sont liées.
La protection contre les bruits de la rue ou des « voisins » dans un immeuble pose des problèmes liés à ces différents modes de propagation. L’architecte doit les résoudre au moment même de la conception du bâtiment en tenant compte du coût de l’opération (un bon isolement contre les bruits coûte cher et le prix des appartements s’en ressent).
Dans les salles de radiodiffusion, la protection contre les bruits doit être encore beaucoup plus sévère : on exige des isolements de 60 à 70 phones, ce qui signifie que les niveaux physiologiques d’intensité sonore d’un bruit à l’extérieur et à l’intérieur de la salle doivent différer de 60 à 70 phones.
Un tel isolement ne peut être obtenu qu’au prix de dispositifs onéreux : les fenêtres sont fixes, l’aération étant obtenue par ventilation ; les conduits de ventilation sont tapissés d’absorbants ; portes, fenêtres et cloisons sont doubles ; etc.
P. M.
✐ P. E. Sabine, Acoustics and Architecture (New York, 1932). / L. Conturie, l’Acoustique dans les bâtiments (Eyrolles, 1955). / R. Leh-mann, l’Acoustique des bâtiments (P. U. F., coll.
« Que sais-je ? », 1961 ; 2e éd., 1968). / F. Canac, l’Acoustique des théâtres anciens (C. N. R. S., 1968).
acrocyanose
Cyanose (teinte bleue) permanente, froide et non douloureuse des extrémi-tés distales.
Elle a été individualisée par Crocq en 1896. C’est une affection de la jeune fille plus inesthétique que grave, mais de traitement difficile. Son aspect est assez uniforme : il existe une cyanose* permanente de degré variable des extrémités. Les doigts de la main sont bleu-mauve, surtout au niveau des pulpes et sur le dos de la main, alors que les paumes sont plus rarement touchées. De même au pied, les orteils et le dos du pied sont atteints, tandis que la plante est respectée.
Parfois la cyanose remonte en Soc-quette le long des chevilles, mais rarement plus haut. Au-dessus, le membre est souvent le siège de marbrures pourpres séparées par des taches de peau claire. Les doigts et les mains atteints sont un peu gonflés, avec un abaissement de la température locale et une hypersudation entraînant une moiteur. Ces troubles sont permanents, parfois accentués par une exposition au froid. Mais ils ne s’accompagnent pas de douleur, et les téguments ne s’ul-downloadModeText.vue.download 108 sur 543
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 1
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cèrent pas. La face peut être atteinte au niveau des joues et des oreilles. L’affection touche surtout le sexe féminin, avec parfois une tendance familiale.
Elle débute souvent aux alentours de la puberté et se trouve parfois heureusement influencée par les grossesses. Par contre, une recrudescence à la ménopause reste possible.
La cause de ce trouble est difficile à retrouver : on a pu élucider le mécanisme responsable de l’acrocyanose, mais on en connaît mal l’origine. Il est établi que la cyanose est due à des anomalies des vaisseaux capillaires,
pré- et postcapillaires. À l’état normal, artériole et veinule sont directement reliées par un « shunt » dont le débit varie en fonction des besoins locaux. En cas d’acrocyanose, ce shunt est anormalement ouvert. D’où deux conséquences : un retour veineux rapide, anormalement précoce, comme en témoignent les radiographies vasculaires, et, par contre, une diminution du débit sanguin dans les capillaires
« court-circuités ». Pour compenser cette insuffisance d’apport, l’oxygène est davantage extrait de l’hémoglobine.
Ainsi s’expliquent d’une part l’absence de troubles trophiques, puisqu’il n’y a pas d’anoxie* tissulaire, d’autre part la cyanose, qui est due à la proportion d’hémoglobine réduite plus éle-vée que dans des capillaires normaux.
Ce mécanisme est connu et a pu être démontré par des artériographies et des capillaroscopies (examen à la loupe binoculaire des fins capillaires sous-unguéaux) ; il a été étudié par des mé-
thodes physiques (enregistrement des pulsations artériolaires, modifications de la résistivité électrique des tissus).
Mais son origine exacte reste obscure.
Le fait que le sexe féminin soit le plus atteint et l’heureux effet des grossesses avaient fait retenir une origine hormonale. En fait, les bilans endocriniens sont toujours normaux, et l’opo-thérapie est inefficace. Il n’y a pas non plus de globulines anormales, notamment de cryoglobulines. Les sections de nerfs sympathiques ont un résultat inconstant. Le seul trait particulier serait un terrain fait de timidité et d’introversion. Mais cela est sans doute plus une association qu’une cause profonde.