En outre, les Héliozoaires sont susceptibles de s’entourer d’une membrane kystique, à l’abri de laquelle se déroule une reproduction sexuée : des gamètes, formés à la suite d’une maturation rappelant étrangement
une ovogenèse, copulent pour constituer un zygote qui se multiplie avant l’éclosion du kyste.
Aux Héliozoaires sensu stricto se rattachent les Protéomyxées, qui, à certains stades évolutifs, se présentent soit comme des Amibes, soit comme des
Flagellés.
Écologie
Tous les Actinopodes sont planc-
toniques, à l’exception de quelques Héliozoaires et de rares Acanthaires pourvus d’un pédoncule de fixation.
Acanthaires et Radiolaires sont marins ; les Héliozoaires se rencontrent aussi bien en eaux douces ou saumâtres qu’en mer. Seuls les squelettes de Radiolaires ont participé de façon souvent importante, et dès le Cambrien, à la formation de roches sédimentaires (radiolarites, jaspes).
J. et M. C.
action
(sociologie de l’)
Sociologie qui s’attache à l’élucidation des comportements des acteurs individuels ou collectifs du jeu social et à leur insertion dans le processus historique.
La sociologie de l’action doit être avant tout définie par rapport aux formes antérieures de l’analyse sociologique. Dans un premier temps, les faits sociaux sont expliqués par des déterminants non sociaux. D’un côté, on recourt à des explications « naturelles » comme le climat, la race ou le rôle de certains individus. De l’autre, on se réfère à une essence ou à une image de l’homme, ce qui revient à rapporter les faits sociaux à des besoins ou à des tendances supposées constantes des acteurs. Ce type d’analyse entièrement présociologique et dont Durkheim, mieux que tout autre, a fait la critique s’est trouvé en fait dépassé au cours du XXe s. par un autre type d’analyse, qu’on appelle généralement historicisme. Cet historicisme prend lui-même deux formes à la fois opposées et complémentaires. D’un côté, la révolution industrielle amène à considérer que ce sont les forces de production qui constituent non seulement le fondement, mais le déterminant principal des conduites sociales ; de l’autre, ces forces de production elles-mêmes sont considérées comme des « systèmes d’idées », selon l’expression de Saint-Simon. Naturalisme et idéalisme se correspondent ainsi et dialoguent sans fin. L’ensemble de ces démarches pré- ou protosociologiques a comme caractéristique centrale de reposer sur une vision dualiste : d’une part, les faits naturels et, de l’autre, les intentions sociales, ou encore, d’une part, les déterminations naturelles et, de l’autre, la nature humaine. La sociologie de l’action sous toutes ses formes est d’abord le refus d’une telle séparation, le rejet de l’opposition entre individu et société, entre nature et culture.
Son intention principale est d’analyser la formation et le fonctionnement des catégories, des règles, des conduites
et des croyances qui définissent les conduites possibles dans une société donnée.
Mais, à partir de là, la sociologie de l’action se développe presque aussitôt dans deux directions largement opposées. Chez certains, elle se centre sur l’étude des conduites « conscientes ».
Cela amène à considérer les acteurs dans un cadre défini par le système social, c’est-à-dire par ses valeurs, ses normes, ses formes d’organisation collective, la définition des rôles et des statuts. La société elle-même apparaît comme un acteur cherchant à combiner, dans un équilibre toujours instable mais toujours rétabli, le maintien de ses valeurs et de son intégration, d’un côté, et son adaptation à l’environnement, de l’autre. L’oeuvre de Talcott Parsons aux États-Unis est l’expression la plus cohérente et la plus approfondie de cette sociologie fonctionnaliste de l’action. Elle étudie les conditions dans lesquelles, malgré la différenciation sociale, se maintient ou se forme l’unité dynamique de la société.
Il s’agit d’une sociologie de l’action en ce sens que l’analyse ne se réfère plus à un ensemble défini historiquement, mais considère les conditions de l’échange social dans une perspective générale qui s’inspire de Durkheim, des dernières oeuvres de Weber et aussi de certains économistes comme Marshall. Un autre courant de la sociologie de l’action part, au contraire, de la pensée marxiste ou, tout au moins, de certains de ses aspects. La rupture avec l’historicisme s’opère ici plutôt par une remise en cause du sens de la situation historique d’une société. Les forces productives sont considérées par cette sociologie comme l’action que la société exerce sur elle-même, grâce à la connaissance, action qui définit un champ d’action historique. Celui-ci est à la fois un modèle de connaissance, expression sociale de cette capacité d’une société d’agir sur elle-même et de se transformer, et un modèle culturel, c’est-à-dire la saisie de cette capacité de transformation, de cette créativité. Ce système d’action historique définit non pas des valeurs, mais une problématique, une mise en situation de la société. Les classes sociales entrent en rapport et en conflit pour le contrôle
de ce champ d’action historique. Cette étude de l’historicité conduit ensuite à l’analyse du système politique ou institutionnel d’une société, c’est-à-dire de la discussion et de la définition des règles du jeu social. De là, la sociologie poursuit sa route vers l’étude des organisations et de leur fonctionnement. La démarche générale de cette sociologie de l’action consiste donc à passer de la problématique d’une so-ciété aux réponses qu’elle y apporte, qui sont toujours à la fois l’expression d’une pratique et celle d’un pouvoir.
Ce qu’on nomme les valeurs n’est, en fait, que l’idéologie par laquelle les détenteurs du pouvoir expriment leur emprise sur l’ensemble de la société et remplacent le jeu dialectique des éléments de la situation historique et des forces sociales par l’apparente inté-
gration d’un ensemble de principes, de normes et de règles. Aussi, cette sociologie de l’action qu’Alain Touraine appelle actionnaliste, en l’opposant à la sociologie fonctionnaliste, est-elle surtout sensible au processus de transformation de la société, aux rapports de classes, aux conflits de pouvoir, aux mouvements sociaux. La sociologie fonctionnaliste, au contraire, est davantage une sociologie des échanges et, donc, des conventions, tandis que la sociologie actionnaliste est d’abord une étude de la production de la société par elle-même.
Considérée dans son ensemble, la
sociologie de l’action représente une des deux faces des sciences sociales, l’autre étant constituée par les sciences naturelles de l’homme, organisées autour de l’analyse structuraliste. Ces deux démarches sont plus complé-
mentaires qu’opposées, puisque l’une considère avant tout la structure de systèmes de communication et de discours, tandis que l’autre étudie le sens d’une expérience sociale considérée dans son historicité. Surtout, la sociologie de l’action et la sociologie du discours ont en commun d’écarter toute référence à une conception idéaliste de la société. L’une et l’autre excluent tout recours à une idée de l’homme, à des principes moraux ou métaphysiques.
C’est pourquoi ce double développement de la sociologie est intimement lié à la transformation des sociétés
modernes, qui se définissent moins par la transmission d’héritages sociaux et culturels et plus par leur capacité de création, et par conséquent aussi par l’importance qu’y occupent, au détriment des symboles, les systèmes de signes. La sociologie de l’action est l’expression culturelle d’une société qui, davantage encore que toute autre société qui a effectivement existé dans le passé, est capable de déterminer ses propres conditions d’existence.
A. T.
✐ T. Parsons, The Structure of Social Action (New York, 1937 ; rééd., 1949 ; 2 vol.). / T. Parsons et E. A. Shils (sous la dir. de), Toward a General Theory of Action (Cambridge, Massachusetts, 1952). / A. Touraine, Sociologie de l’action (Éd. du Seuil, 1965).