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rieures fouisseuses de la Taupe et de la Courtilière, les ailes des Oiseaux et des Insectes illustrent des convergences hétérologues.

Les plantes présentent aussi des

convergences variées ; une des plus curieuses concerne l’aspect cactiforme que revêtent les Cereus (Cactées), les Euphorbia (Euphorbiacées) et les Sta-pelia (Asclépiadacées), morphologie adaptative à la vie xérophytique adoptée dans trois familles différentes.

La grande fréquence de la conver-

gence montre que des organismes

essentiellement différents, mais possédant cependant certaines structures semblables, répondent à des conditions de vie identiques par des solutions convergentes entraînant la présence de caractères analogues. Tout se passe comme si le nombre de solutions compatibles avec la vie dans les divers downloadModeText.vue.download 126 sur 543

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 1

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milieux était limité à quelques modèles ou types adaptatifs.

La préadaptation

Dès 1909, Cuénot signalait des caractères préadaptatifs qui favorisaient l’établissement dans un nouveau mi-

lieu. En 1914, il définissait ainsi les préadaptations : « Caractères indiffé-

rents ou semi-utiles qui se montrent chez une espèce, et qui sont susceptibles de devenir des adaptations évidentes si cette dernière adopte un nouvel habitat ou acquiert de nouvelles moeurs, changement rendu possible grâce précisément à l’existence de ces préadaptations. »

Les Épinoches (Gasterosteus acu-

leatus) supportent de grandes variations de salinité ; le transport brusque de l’eau douce à l’eau de mer et vice versa ne les tue pas. Cette aptitude doit être indifférente au Poisson dans son habitat normal, mais elle lui permet de s’installer dans des eaux saumâtres et sursalées (mares salées de Lorraine par exemple). L’euryhalinité constitue une préadaptation facilitant la conquête de biotopes nouveaux. Par l’analyse du peuplement des places vides, Cuénot a confirmé sa notion de préadaptation : « L’animal et la plante ne vivent que dans le milieu qui convient à leur structure et à leur physiologie ; leur niche écologique résulte d’une attirance ou d’une heureuse trouvaille fortuite ; l’adaptation nécessaire et suffisante, obligatoirement antérieure à l’installation dans une place vide, est toujours une préadaptation. » La liste des préadaptations est longue : préadaptations aux divers modes de vie (milieux abyssal, terrestre, souterrain, aérien, torrenticole, marin, vie parasitaire ou symbiotique), préadaptations nutritives, défensives, physiologiques, structurales.

Les préadaptations participent donc au peuplement des places vides. Une espèce bien adaptée à un milieu A possède quelques détails structuraux ou physiologiques qui ne présentent aucune utilité ; mais ceux-ci prendront une importance décisive et apparaîtront comme des adaptations statistiques lorsque l’espèce s’installera dans un milieu B différent de A.

Les gros oeufs à développement

direct constituent une adaptation statistique des animaux vivant en eau douce ; l’absence de larves pélagiques représente un avantage, puisqu’elle supprime le risque de perte des larves emportées par les courants. Exception-

nellement, quelques formes marines possèdent de gros oeufs à développement direct. Ces espèces porteuses de cette préadaptation pourraient être les ancêtres d’espèces d’eau douce. Le Homard, espèce marine à gros oeuf, est un Astacidien comme l’Écrevisse, espèce d’eau douce à gros oeuf.

Cette notion de préadaptation est admise par de nombreux biologistes.

Richard B. Goldschmidt estime que la micro-évolution dans les espèces procède par accumulation de micromu-

tations et par installation des mutants préadaptés dans des niches écologiques adéquates ; en voici un exemple : le mélanisme industriel est caractérisé par le fait que des mutants mélaniques (à livrée sombre) de la Phalène du Bouleau ont supplanté, en un siècle, le type normal dans les zones industrielles d’Europe et d’Angleterre ; le même progrès du mélanisme s’observe pour d’autres espèces de Papillons. Les calculs montrent que le mutant mélanique possède un avantage sélectif certain dans les centres industriels. Outre leur intervention dans le déterminisme de la couleur, les facteurs géniques conditionnent un caractère physiologique, probablement une résistance aux sels métalliques imprégnant la nourriture des chenilles ; cette résistance constitue une préadaptation qui a favorisé le développement et l’extension des formes mélaniques aux dépens de la forme normale claire.

Un processus modifiant totalement les conditions de milieu (période glaciaire, refroidissement ou réchauffement généralisé du climat) réalise une nouvelle et immense niche écologique où persisteront les mutants préadaptés de la population antérieure ; ces préadaptés s’étendront à la fois dans l’espace et le temps. Une population quelconque renferme une abondance de mutants dissimulés par l’hétéro-zygotie. Lorsqu’une nouvelle niche se réalise, les mutants les mieux adaptés aux nouvelles conditions sont avantagés ; ils survivent et se multiplient grâce à la sélection. Le milieu avantage le nouveau type parmi les mutants préadaptés de la population originale.

Pour Goldschmidt, la mutation anté-

rieure à tout changement réalise une

préadaptation et représente un phéno-mène essentiel.

George Gaylord Simpson, partisan

convaincu de la théorie synthétique de l’évolution, considère la préadaptation comme un phénomène réel jouant un rôle dans l’évolution ; mais il faut réserver l’action décisive de la sélection dans l’utilisation de la structure préadaptative. Simpson estime que

« préadaptation et postadaptation sont les phases d’un unique processus où la sélection joue, de bout en bout, un rôle de conditionnement ».

Les néo-darwinistes considèrent la préadaptation comme un principe universel qui intervient dans tous les phé-

nomènes : peuplement des places vides, des nouveaux milieux ; résistance aux maladies, aux microbes pathogènes, aux antibiotiques, aux insecticides avec formation de lignées résistant à ces divers facteurs. Des tests (test de la fluctuation, test des répliques) ont d’ailleurs montré que les populations bactériennes en culture renferment des mutants résistant à différents agents (Bactériophages, antibiotiques...) ; ces mutants existent dans la culture avant l’action de ces agents, et leur présence est totalement indépendante de l’intervention de ces facteurs.

Toute adaptation serait précédée

d’une préadaptation ayant pour origine des mutations nées au hasard. Par le jeu de la sélection, les préadaptés, avantagés dans une nouvelle circonstance, se maintiennent et s’adaptent aux conditions actuellement réalisées.

Il semble qu’une préadaptation,

l’aptitude à l’hibernation, explique la répartition géographique des Chauves-Souris (André Brosset). D’origine tropicale, les Chauves-Souris sont re-présentées dans toutes les zones climatiques. Expérimentalement, il est dé-

montré que certaines Chauves-Souris tropicales sont capables de se mettre en hibernation profonde alors que d’autres en sont incapables. On constate que les espèces tropicales capables d’hiberner (Vespertilions, Rhinolophes) ont des représentants dans les régions paléarctique et néarctique, où le climat est froid ; les espèces inaptes à l’hiberna-

tion (Hipposideros, Mégadermes, Em-ballonuridés) vivent uniquement sous les tropiques, leur homéothermie étant responsable de cette limitation.