Выбрать главу

J. S.-C.

Abomey

(royaume d’)

Ancien royaume d’Afrique noire. Sa fondation est relativement récente, mais il est difficile d’en fixer la date : la chronologie traditionnelle la place au début du XVIIe s. Capitale du mythique fondateur de la dynastie des Agassou,

« Agassou la Panthère », le royaume naquit aux environs mêmes de la ville d’Abomey, dans le pays guédévi, dont les autochtones étaient des Yoroubas.

Ses fondateurs, venus de Tado, dans le pays adja de l’est du Togo, étaient d’origine étrangère.

Ouégbadja (1645-1685), qui fut le troisième roi, bâtit le premier palais, et chacun de ses successeurs établit le sien à côté. Le palais royal d’Abomey (Agbo-mê signifie « à l’intérieur des remparts ») était donc une suite d’édifices, qui représentait l’évolution dans le temps d’une monarchie de plus en plus florissante. La mort d’un roi n’entraî-

nait jamais la destruction ou l’abandon de son palais, bien au contraire : le roi y régnait, présent dans les autels qu’on lui dressait à l’endroit même où il avait vécu. La continuité de la lignée royale s’inscrivait ainsi sur le terrain et s’exprimait par les cérémonies aux ancêtres, qui se déroulaient successivement dans tous les palais qu’ils avaient bâtis. L’ensemble des bâtiments constituait une sorte de généalogie architecturale. À la fin du XIXe s., le périmètre de l’enceinte atteignait plus de 4 km de développement pour une population évaluée à environ 10 000 âmes. Incendiés par ordre de Béhanzin (1889-1894), obligé de fuir downloadModeText.vue.download 36 sur 543

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 1

31

la capitale, les palais furent restaurés par le gouverneur Reste, qui en fit un musée pour exposer les collections d’objets qui avaient pu être sauvés. L’aspect actuel des ruines permet encore d’imaginer cette immense cité royale, à la fois cité des vivants et des morts.

Le nom royal exprime la puissance et participe de celle-ci : c’est le « nom fort ». Chaque roi avait toute une série de noms qui s’accroissait au long de son règne, à l’occasion d’un événement important. Les représentations symboliques des rois avaient aussi leur origine dans les « noms forts ». L’animal, le vé-

gétal ou l’objet figure sur les bas-reliefs, les tentures en étoffe appliquée ; on le représente par les statues, les sculptures des récades (bâtons sculptés, symboles de la puissance royale, portés par les messagers du roi), les décorations des bijoux. Ainsi, le buffle était le symbole de Guézo et le requin celui de Béhanzin.

Ouégbadja institua une étiquette de cour et s’entoura de nombreux ministres. Son pouvoir était absolu. La justice lui était réservée. Ouégbadja établit les coutumes et surtout les funérailles royales, marquées par des sacrifices humains. Le nouveau royaume prit le nom de « Dan-homé » (dans le ventre de Dan), allusion au roi Dan, qui avait accueilli Ouégbadja.

L. G.

▶ Dahomey.

Abou-Simbel ou

Abū Simbel

▶ NUBIE.

Abraham

Patriarche hébreu (XIXe s. av. J.-C.), un des personnages majeurs des religions juive, chrétienne et islamique.

Abraham et l’histoire

Autrefois, les historiens tendaient à considérer Abraham comme un héros de légende, l’ancêtre mythique du clan auquel se rattachait le peuple d’Israël.

Le développement de la recherche ar-chéologique a renouvelé nos connaissances. Les fouilles de Byblos, de Ras Shamra (Ougarit), les riches découvertes de Mari, celles d’Our et de Nouzi (près de Kirkūk), pour ne citer que les plus marquantes, ont permis à l’historien de prendre pied dans ce IIe millénaire au début duquel les traditions bibliques font vivre Abraham.

Certes, il ne s’agit pas de retrouver dans les récits rapportant les pérégrinations d’Abraham et de son clan à travers la Mésopotamie et le pays de Canaan une réelle précision historique. Ces antiques traditions religieuses, longtemps transmises par voie orale, charrient des développements qui tiennent de la légende ou du mythe. Tel est, par exemple, l’épisode de la femme de Lot, changée en statue de sel pour avoir été trop curieuse (Genèse, XIX, 26) : explication populaire de la forme singulière d’une roche ou d’un bloc salin. Mais il n’en reste pas moins que le cataclysme

qui détruisit Sodome et Gomorrhe est un fait de l’histoire dont témoigne l’affaissement géologique de la partie sud de la mer Morte. La légende ou le mythe n’est pas une négation de l’histoire ; l’un et l’autre en sont un mode d’expression. Les traditions patriarcales sont fermement ancrées dans l’histoire de cette première moitié du IIe millénaire où « Abraham l’Hébreu » vint, selon la Genèse, s’installer au pays de Canaan.

La foi d’Abraham

et la foi du chrétien

Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi père d’une multitude de peuples, selon qu’il fut dit : Telle sera ta descendance. C’est d’une foi sans défaillance qu’il considéra son corps déjà mort — il avait quelque cent ans — et le sein de Sara, mort également ; devant la promesse de Dieu, l’incrédulité ne le fit pas hésiter, mais sa foi l’emplit de puissance et il rendit gloire à Dieu, dans la persuasion que ce qu’Il a une fois promis, Dieu est assez puissant pour l’accomplir. Voilà pourquoi ce lui fut compté comme justice.

Or quand l’Écriture dit que sa foi lui fut comptée, ce n’est point pour lui seul ; elle nous visait également, nous à qui la foi doit être comptée, nous qui croyons en celui qui ressuscita d’entre les morts, Jésus notre Seigneur, livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification.

Saint Paul, Épître aux Romains, IV, 18-25

(trad. Bible de Jérusalem).

D’Our à Harran

Un clan araméen émigré de la région d’Our, en basse Mésopotamie. Il appartient à ces tribus semi-nomades qui, venant du désert syro-arabe et de la Mésopotamie, pénètrent, entre 2000 et 1750

av. J.-C., dans le pays de Canaan. Tel est le début de l’histoire des Hébreux, que l’on date généralement aux environs de 1850. « Et Térah [Tharé] prit Abram son fils et Lot fils de Haran, son petit-fils, et Saraï sa bru, femme d’Abram, et les fit sortir d’Our des Chaldéens pour aller au pays de Canaan » (Genèse, XI, 31).

Autour de l’antique cité d’Our, une des plus importantes du sud de l’Euphrate, gravitaient des tribus nomades

qui commerçaient avec les citadins. En un premier temps, le clan des Térahites se dirige vers le nord de la Mésopotamie et s’arrête à Harran, dans la zone du haut Euphrate. Harran et Our sont deux villes soeurs, et l’histoire atteste des relations cultuelles étroites entre les deux cités. On y adore dans l’une comme dans l’autre le dieu-lune Nanna (Sin) et sa parèdre Ningal. Mais Harran n’est qu’une étape, Térah meurt, et Abraham quitte la haute Mésopotamie. Dans la perspective religieuse de la Bible, ce sera sur un ordre exprès de Dieu. La migration, cette fois, s’accomplit d’est en ouest. Et, de fait, les textes de Mari font connaître les nombreux déplacements de groupes qui, franchissant l’Euphrate, s’en vont nomadiser au-delà du fleuve, en direction du pays de Canaan, la Palestine biblique.

À travers

le pays de Canaan

Lorsque Abraham et Lot, son neveu, qu’il a amené avec lui, arrivent en Canaan, le pays est occupé par une population sémite établie depuis le début du IIIe millénaire dans les plaines côtières et le Nord. Le reste du territoire est zone franche pour les nomades et leurs troupeaux.