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C’est pourquoi Dieu lui promit par serment de bénir toutes les nations en sa descendance,

de la multiplier comme la poussière de la terre

et d’exalter sa postérité comme les étoiles, de leur donner le pays en héritage d’une mer à l’autre

depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre.

Ecclésiastique, XLIV, 19-21 (trad. Bible de Jérusalem).

La caverne de Macpéla

Abraham, qui était un nomade, ne

possédait pas de terre. Quand Sara, sa femme, meurt, il se trouve dans l’obligation d’acheter aux habitants du pays une portion de terrain pour la sépulture. Le contrat par lequel il acquiert la grotte de Macpéla et le champ qui l’entoure n’est pas sans présenter de nombreuses ressemblances avec les contrats que nous font connaître les documents hittites et hourrites. Le terrain acquis entourait une grotte qui devait servir de tombeau.

Les cavernes funéraires resteront le type normal de la sépulture israélite. Dix-huit siècles plus tard, Jésus de Nazareth sera lui aussi enseveli dans une chambre fu-néraire creusée dans le roc.

Abraham mourut « dans une vieillesse heureuse, vieux et rassasié de jours », et

il fut enseveli aux côtés de sa femme. La grotte de Macpéla va devenir le caveau de famille des grands ancêtres d’Israël : Sara et Abraham, Isaac et Rébecca, Jacob et Lia. Les historiens considèrent comme très ancienne la tradition qui situe au Ḥarām al-Khalīl (le lieu saint de l’Ami) la sépulture des patriarches hébreux. Depuis deux millénaires, des monuments hérodiens, byzantins, mé-

diévaux et arabes se succèdent au-dessus d’une grotte qui s’ouvrait au flanc de la colline d’Hébron, témoins de la foi d’une multitude de croyants juifs, chrétiens et arabes.

De cet « Araméen errant », la Bible et le Coran ont fait un être d’exception qui prend place aux côtés de Moïse, de Jésus et de Mahomet. Car la migration d’Abraham ne s’insère pas seulement dans un processus historique, elle est devenue un événement religieux.

Père des croyants, chevalier de la foi, champion du monothéisme, c’est de lui que se réclament les trois grandes religions monothéistes du bassin méditerranéen. Et chaque croyant juif, chrétien ou musulman fait siens les mots de Paul Claudel : « Les fils d’Abraham, c’est nous. »

Abraham fondateur du

culte de La Mecque

— Et quand Abraham dit : « Seigneur ! rends cette Ville sûre et détourne-nous, moi et mon fils, d’adorer les idoles !

— Elles ont, Seigneur ! égaré beaucoup d’Hommes. Celui qui me suivra sera de moi, mais qui me désobéira... Car Tu es absolu-teur et miséricordieux.

— Seigneur ! j’ai établi une partie de ma descendance dans une vallée sans culture, auprès de Ton Temple rendu sacré, Seigneur ! pour qu’ils accomplissent la Prière.

Fais que des coeurs, chez les Hommes, s’inclinent vers eux ! Attribue-leur des fruits !

Peut-être seront-ils reconnaissants !

— Seigneur ! Tu sais ce que nous cachons et ce que nous divulguons.

Rien n’est caché à Allah sur la terre ni dans le ciel.

Louange à Allah, qui, malgré ma vieillesse, m’a accordé Ismaël et Isaac ! En vérité, mon Seigneur entend certes bien la prière !

— Seigneur, fais de moi celui qui accomplit la Prière et qu’il en soit ainsi de ma descendance, ô Seigneur ! et accepte ma prière !

— Seigneur, pardonne-moi ainsi qu’à mes père et mère et aux Croyants, au jour où se dressera le Rendement de Compte ! »

Le Coran, surate XIV, 38-42 (trad. R. Blachère).

I. T.

▶ Hébreux.

✐ C. L. Woolley, Abraham. Recent Discoveries and Hebrew Origins (Londres, 1936 ; trad. fr. : Abraham. Découvertes récentes sur l’origine des Hébreux, Payot, 1949). / E. Dhorme, la Religion des Hébreux nomades (Geuthner, 1937).

/ E. Tisserant, Abraham père des croyants (le Cerf, 1952). / R. de Vaux, les Institutions de l’Ancien Testament (le Cerf, 1958-1960 ; 2 vol.). / J. Bright, A History of Israel (Philadelphie, 1959). / H. Cazelles, « Patriarches », dans Supplément au Dictionnaire de la Bible, t. VII (Letouzey, 1961). / A. Parrot, Abraham et son temps (Delachaux et Niestlé, 1962). / R. Martin-Achard, Actualité d’Abraham (Delachaux et Niestlé, 1970).

Abramovitz

(Chalom Yaacov,

dit Mendele-

Mocher-Sefarim)

Écrivain d’expression yiddish et hé-

braïque (Kopyle, dans le gouvernement de Minsk, 1836 - Odessa 1917).

Son père, Hayyim Moseh Broydo,

un érudit, a le souci de lui donner une bonne éducation, et, de fait, l’enfant manifeste un goût précoce pour les études philosophiques et religieuses. À

treize ans il perd son père. Passant d’une école talmudique à l’autre, il arrive à Vilnious. Sa mère s’étant remariée, son beau-père le charge de veiller sur l’éducation de ses enfants nés d’un premier mariage, et, tout en s’acquittant de cette tâche, le jeune homme se promène, solitaire, dans la région qui lui inspire ses premiers poèmes.

À l’instigation d’un certain Abraham

le Boiteux, il quitte la Biélorussie, frappée de sécheresse, pour se rendre en Russie du Sud. À Kamenetz-Podolski, il se sépare de ses compagnons. Il y rencontre l’écrivain hébreu Abraham Ber Gottlober, s’établit comme instituteur et se marie une première fois. Il commence à écrire des articles sur les sciences naturelles et l’éducation, qui paraissent en 1857 dans Ha-Maguid (le Messager) ; certains feront l’objet du recueil Mishpat Chalom (Jugement de Salom, 1860). Installé ensuite à Berditchev, downloadModeText.vue.download 38 sur 543

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 1

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Abramovitz se sépare de sa première femme et se remarie dans un milieu aisé, ce qui lui permet de se consacrer entièrement à la littérature. Il écrit alors Toledot ha-teva (Histoire naturelle), puis, en 1863, son premier conte, Limdû hetev (Apprenez bien), qui deviendra le roman Avot u Vanim (Pères et fils). Il souhaite, par une oeuvre réaliste, donner la réplique aux romans romantiques de Mapou. Et surtout il veut être compris du peuple. Pour cela, abandonnant l’hé-

breu, il écrit en yiddish, langue comprise de tous. Dans le premier roman de son époque yiddish (qui durera de 1864

à 1886), Dos Kleyne menčele (le Petit Homme), apparaît son pseudonyme,

nécessité par les critiques acerbes qu’il fait de la société juive de la ville. La supercherie connue, il doit fuir à Jitomir, puis à Odessa, où il devient directeur d’une école primaire. Parallèlement à ses romans en yiddish, Di Taxé (le Péage), Di Klatché (la Jument), il écrit également pour Ha-Shahar (l’Aurore) et Ha-Melitz (l’Interprète) des articles en hébreu. En 1886, revenant complètement à l’hébreu, il publie, dans le quotidien de J. L. Cantor Ha-Yom (le Jour), Be Seter ha-raam (Dans le secret du tonnerre), puis Emek-ha-bakha (la Vallée des larmes) et un roman autobiographique, Be-Yamin-ha-hem (Autrefois), qui sont des traductions et des refontes de ses oeuvres en yiddish.

Mêlant l’allégorie à l’observation réaliste, Abramovitz peint le monde juif comme un univers d’infirmes et de mendiants, accablés par les bureaucrates,

perpétuellement victimes d’exploiteurs.

À ces malheureux il promet cependant une vie meilleure au terme d’un périple douloureux et pittoresque (les Voyages de Benjamin III, 1878) qui rappelle ses pérégrinations personnelles (Fichké le Boiteux). Véritable créateur de la prose yiddish et fondateur de la littérature hébraïque moderne grâce à une langue empruntée à la vie populaire et quotidienne, il reste pitoyable et malicieux, ironique et humain, sous le pseudonyme modeste de Mendele-Mocher-Sefarim,

« Mendele le colporteur de livres », l’éveilleur de l’âme d’un peuple.

N. G.

▶ Hébraïque (littérature) / Yiddish (littérature).

✐ S. Niger, Mendele Mocher Sefarim (Chicago, 1936). / J. Drukier, Der Zeide Mendele (Varsovie, 1964).