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Ils ont eu lieu par l’intermédiaire d’instruments simples (lignes plombées, dragues, carottiers) et ne se sont vus méthodiquement organisés et méthodiquement exploités (au point de vue scientifique) qu’au cours et à partir de la fameuse expédition anglaise du Chal-lenger (1872-1876). Depuis cette date, nos connaissances se sont rapidement

développées, les principales étapes de leur progression étant :

— l’invention et la diffusion du sondage par ultrasons (Première Guerre mondiale) ;

— la pénétration directe d’observateurs dans les grandes profondeurs (bathyscaphes, 1953) ;

— la généralisation du cinéma et de la télévision sous-marins (à partir de 1955).

Relief et structure

des fonds abyssaux

On a cru pendant longtemps que le relief des fonds abyssaux était inexistant et leur structure parfaitement uniforme.

En fait, si la pente générale des plaines abyssales est relativement faible (moins de 1 p. 1 000), celles-ci sont entaillées de tranchées profondes (les fosses), parsemées de cônes volcaniques (les guyots) et surtout coupées vers le milieu des océans par de véritables chaînes de montagnes (les dorsales océaniques), dont l’étude a remis à l’honneur sous une forme beaucoup plus élaborée (celle de l’expansion des fonds océaniques) la vieille théorie de Wegener sur la dérive des continents.

Mis à part les points de contact avec la base du talus continental et avec les différents accidents qui viennent d’être signalés, points où l’on enregistre la présence de matériaux soit détritiques, soit d’extrusion, les fonds abyssaux sont toujours recouverts de sédiments épais qui appartiennent à cinq types principaux (deux calcaires, trois siliceux).

Types calcaires

a) Boues à Globigérines (les Globi-gérines sont des Foraminifères planctoniques). Elles couvrent environ 44 p. 100 des fonds abyssaux ;

b) Boues à Ptéropodes (les Ptéropodes sont de petits Mollusques Tectibranches planctoniques). Environ 2 p. 100 des fonds abyssaux.

Types siliceux

a) Boues à Diatomées (les Diatomées

sont des Algues vertes unicellulaires planctoniques). Environ 12 p. 100 des fonds abyssaux ;

b) Boues à Radiolaires (les Radiolaires sont des Protozoaires planctoniques). Environ 2 p. 100 des fonds abyssaux ;

c) Argile rouge des grands fonds. Sa genèse est discutée. Elle est formée de silicate d’alumine en particules extrêmement ténues, mêlées d’élé-

ments minéraux et organiques. Elle couvre environ 35 p. 100 des fonds abyssaux.

Enfin, des nodules de manganèse

(auquel sont associés d’autres métaux : cuivre, étain, chrome, nickel, etc.), de la taille d’une balle de tennis à celle d’un gros ballon de plage et sur l’origine desquels l’opinion est, là encore, loin d’être unanime, parsèment les fonds abyssaux.

Leur densité, irrégulière, est particuliè-

rement élevée dans certaines régions intertropicales des trois grands océans.

Masses d’eaux abyssales

Les masses d’eaux qui surplombent les fonds abyssaux sont caractérisées par une salinité normale (entre 34 et 35 p. 1 000), une température basse en général (entre – 1 et + 2 °C), une obscurité totale. Depuis les plongées profondes en bathyscaphe, on sait que ces masses d’eaux, calmes dans leur ensemble, ne sont pas complètement immobiles, mais animées de courants parfois assez rapides qui assurent peu à peu leur renouvellement. Ainsi se trouve entretenue une certaine teneur en oxygène, faible certes par rapport à celle des eaux de surface, mais néanmoins suffisante pour assurer la présence de la vie à tous les niveaux.

Faune abyssale

L’absence de lumière (les rayons les plus pénétrants dans les mers les plus claires ne dépassent pas quelques centaines de mètres) élimine automatiquement toute forme végétale de vie. Bactéries mises à part, on ne trouve donc dans la zone abyssale que des formes animales qui s’alimentent soit sur des proies vivantes (prédateurs), soit sur des cadavres (né-

crophages), soit sur des débris (détritivores). Certaines de ces formes vivent au contact du fond (benthos). Elles sont alors fouisseuses, fixées, errantes ou libres. D’autres vivent en pleine eau (pe-lagos). Elles sont alors obligatoirement libres. Les principaux embranchements

— Spongiaires, Coelentérés, Annélides (Polychètes), Arthropodes (Crustacés), Mollusques, Échinodermes, Vertébrés (Poissons) — sont représentés dans la faune abyssale. Celle-ci, soumise à des conditions de vie particulièrement sé-

vères, présente des caractères marqués et pose aux biologistes bon nombre de problèmes non résolus.

Parmi les caractères les plus souvent soulignés et les problèmes les plus souvent évoqués, rappelons : l’archaïsme, le gigantisme, l’atrophie des organes de la vue, la production de lumière biologique, la mobilisation du calcaire, l’origine des sources primaires de nourriture, les modalités de reproduction (probabilités de rencontre des partenaires, vivi-parité, incubation, court-circuitage des formes larvaires), etc.

Les conceptions sur la distribution géographique des espèces abyssales sont en pleine évolution. La théorie downloadModeText.vue.download 49 sur 543

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 1

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communément admise jusqu’à main-

tenant voulait que la faune, ayant pu résister aux conditions sévères et uniformes de pression, d’obscurité et de température précédemment signalées, fût homogène et renfermât un nombre élevé d’espèces cosmopolites. En fait, si cela reste partiellement vrai pour les formes pélagiques, les observations les plus récentes montrent, au contraire, que l’endémisme est fortement poussé chez les formes benthiques, au point d’atteindre 73,2 p. 100 des espèces rencontrées dans le Pacifique et 76 p. 100

de celles qui sont rencontrées dans l’Atlantique.

Les biomasses de la zone abyssale sont faibles par rapport à celles des horizons plus élevés. C’est, cette fois,

le plancton qui nous fournit les données comparatives les plus complètes. Alors que le poids des récoltes faites au filet fin s’échelonne de 109 à 1 120 mg/m 3

dans les 200 premiers mètres, il n’est plus que de 165 à 346 mg/m 3 entre 200

et 500 m, de 22 à 56 mg/m 3 entre 500 et 2 000 m, de 9 à 26 mg/m 3 entre 2 000

et 6 000 m. Les biomasses-benthos et les biomasses-poisson varient dans le même sens, avec des contrastes encore plus accusés.

Même en admettant que nos tech-

niques permettent de l’exploiter, il serait donc vain de compter sur la zone abyssale pour répondre aux besoins croissants de l’humanité en protéines d’origine animale.

E. P.

▶ Océan.

✐ V. Romanovsky, C. Francis-Boeuf et J. Bourcart, la Mer (Larousse, 1953). / J. M. Pérès, Océanographie biologique et biologie marine (P. U. F., t. I, 1961 ; t. II [en collaboration avec L. Devèze], 1963). / C. A. M. King, Oceanography for Geographers (Londres, 1962). / Ch. H. Cotter, The Physical Geography of the Oceans (Londres, 1965). / G. Dietrich et J. Ulrich, Atlas zur Ozeanographie (Bibliographisches Institut A. G. Mannheim, 1968).

académie

Société scientifique, littéraire ou artistique.

La notion d’académie est liée au-

jourd’hui aux idées d’achèvement et de célébration. La reconnaissance flatteuse d’une élite, l’applaudissement bruyant mais passager d’un public moins averti marquent l’entrée d’une vie ou d’une oeuvre dans le patrimoine culturel accessible à tous. Le créateur se fige en personnage officiel, le livre vient se placer dans une des petites niches du Panthéon littéraire, l’étude scientifique s’épanouit en rameau plus ou moins touffu de l’arbre de la connaissance.

Certes l’origine même du mot rap-

pelle la communauté d’âmes qui unissait Platon et ses disciples dans les jardins d’Akadêmos, sous les arbres plantés par Cimon. Mais elle évoque aussi le lieu