Académie royale des sciences de Stoc-
kholm.Fondée en 1739 (140 membres répartis en 12 classes et 108 associés étrangers), elle décerne les prix Nobel de physique et de chimie.
Académie suédoise.Fondée en
1786 par Gustave III, elle groupe 18 membres, qui décernent depuis 1901
le prix Nobel de littérature.
Académie des sciences de
l’U. R. S. S.L’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, fondée en 1725 par Pierre le Grand, prit son titre actuel en 1917. Elle compte 142 membres et 208 correspondants.
✐ N. Pevsner, Academies of Art, Past and Present (Cambridge, 1940). / A. Blanchet, J.-B. Cha-bot et G. Dupont-Ferrier, les Travaux de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Histoire et inventaire des publications (Klincksieck, 1948). / M. Ornstein, The Role of Scientifics Societies in the Seventeenth Century (Londres, 1963). / P. Gaxotte, l’Académie française (Hachette, 1965). / Histoire et prestige de l’Académie des sciences (musée du Conservatoire national des arts et métiers, 1966).
académies de
musique
Sociétés savantes qui consacrent leurs activités et leurs travaux à la musique.
L’Académie florentine, à laquelle sont attachés les noms de Marsile Ficin, d’Ange Politien et de Pic de La Miran-dole, s’intéressa à la musique. Elle vit le jour à Florence sous les auspices des Médicis vers 1450. Ficin en fut l’actif animateur. Théologien, philosophe, il avait traduit Platon et s’était pénétré de sa doctrine sur la valeur morale de la musique. Instrumentiste, chanteur, il interpréta le premier les hymnes orphiques en s’accompagnant sur la lyre et fit ainsi revivre le mythe d’Orphée, qui devint pour les humanistes le symbole éclatant des puissants « effets » de la musique.
Véritable promoteur de l’humanisme musical, il sut exprimer les idées-forces du néoplatonisme chrétien, en étroite parenté avec les arts. C’est ainsi que la musique devait jouer un rôle important, si on la considérait comme la productrice d’« effets » religieux et moraux ; toutefois, le texte demeurait l’élément noble, car il était porteur de l’« Idée »,
dont la musique exaltait l’affectivité.
Les idées de Ficin eurent plus tard une grande influence sur les poètes-humanistes de la Pléiade, sur l’Académie de poésie et de musique de J. A. de Baïf et sur la Camerata fiorentina de G. Bardi, qui donnèrent la primauté aux arts libé-
raux, et particulièrement à la poésie et à la musique.
À l’exemple de l’académie de Ficin, de nombreuses académies surgirent à la même époque et au cours des siècles suivants. Mais elles se différencièrent peu à peu les unes des autres, soit en conservant un caractère encyclopé-
dique, soit en se spécialisant dans une discipline particulière et extra-musicale, soit enfin en devenant essentiellement musicales. Parmi les académies musicales, il faut distinguer celles qui eurent des préoccupations philosophiques et esthétiques, celles qui conservèrent apparemment le caractère d’une académie, mais devinrent souvent des sociétés de concert ou de théâtre dont la mission était de diffuser des oeuvres lyriques ou de musique de chambre, enfin celles qui avaient une vocation didactique et ne furent en réalité que des établissements d’enseignement, dont certains à l’origine des conservatoires.
Parmi les académies musicales qui naquirent en Italie, citons d’abord l’académie degli Intronati (1460) de Sienne, qui devint plus tard l’acadé-
mie dei Filomati, ainsi que l’important cénacle qui, sans s’être donné un titre quelconque, se réunissait à Milan vers la fin du XVe s. sous la protection de Ludovic Sforza le More, dont firent partie Franchino Gaffurio et Léonard de Vinci. Au XVIe s., chaque ville voulut posséder son académie. À Sienne fut fondée l’académie dei Rozzi (1531), à Padoue l’académie degli Infiammati (1540). Ferrare en vit naître trois : les académies dei Concardi (v. 1560), della Morte (v. 1592) et degli Intrepidi (v. 1600). Ces deux dernières subsistèrent jusqu’à la fin du XVIIe s. À Rome, l’académie congregazione di Santa Cecilia (v. 1566), qui compta parmi ses premiers membres Palestrina, Marenzio et Giovanelli, existe encore aujourd’hui, mais s’est transformée en une association culturelle qui possède son propre orchestre. Elle a, en outre, fondé un Liceo musicale (1876), qui a été depuis
transformé en conservatoire (1919). À
Venise, l’académie della Fama (1588) compta dans sa compagnie Giovanni Gabrieli et le célèbre théoricien Zarlino.
À Florence, la Camerata fiorentina (v. 1580), bien que composée de gens d’opinions différentes, était d’inspiration platonicienne. Hostile à l’ancien style de contrepoint, elle joua, sous l’impulsion du comte G. Bardi, philologue et mathématicien, un rôle très important dans l’avènement du style monodique, seul capable de traduire l’expression de la poésie. Pour satisfaire aussi aux exigences des humanistes, elle favorisa les efforts de l’académie della Crusca (1582), qui réunit, aux côtés de Bardi, les partisans du purisme en ma-tière de langage.
Au XVIIe s., alors que la vie musicale s’organisait, apparurent, sous le nom d’académies, des sociétés de concert dont les membres en étaient les principaux exécutants. C’est à l’académie degli Invaghiti que fut exécuté à Mantoue, en 1607, l’Orfeo de Monteverdi.
La seule ville de Bologne vit naître trois académies : les académies dei Floridi (1615), fondée par Banchieri, dei Filomusi (v. 1615) et dei Filaschisi (1633). En 1666, V. M. Carrati fonda la célèbre académie dei Filarmonici, dont la renommée s’étendit dans toute l’Europe. L’activité de cette institution, qui compta dans ses rangs Arcangelo Corelli, et plus tard le Père Martini et Mozart, se prolongea jusqu’au milieu du XIXe s.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 1
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En France, la première académie fut l’Académie de poésie et de musique (1570-1587), fondée par le poète J. A.
de Baïf et le musicien Thibaut de Cour-ville. Cette compagnie, qui s’inspirait de l’idéal platonicien — dont l’écrivain humaniste Pontus de Tyard s’était fait, après Ficin, le théoricien —, vit se dé-
rouler, avec la collaboration des musiciens Costeley, Mauduit, Cl. Le Jeune, les expériences, sans lendemain, de
« musique mesurée à l’antique ». L’académie de Baïf, née après la Réforme et la Contre-Réforme, alors que le climat
spirituel de l’Europe s’était modifié et que la liberté et l’universalisme de la haute Renaissance avaient disparu, re-fléta dans sa conception même une sensible évolution par rapport à ses aînées.
À l’encontre des académies de l’Italie et de l’Allemagne, dépendantes de petites cours princières, elle se donna des règles de conduite précises, ainsi qu’en témoignent ses statuts promulgués par le roi Charles IX, et fut en quelque sorte un organisme d’État. Composée de professionnels et d’amateurs, elle n’était ni purement littéraire ni exclusivement musicale. Elle disposait d’une salle de concerts. Au XVIIe s., son souvenir devait créer une certaine émulation. À
Paris, l’Académie royale de musique, créée en 1669, ne fut qu’une imitation des théâtres italiens. Dirigée par Lully de 1672 à 1687, elle eut pour charge de représenter des opéras en langue française. Elle survécut à la Révolution et devint, sous le nom d’Académie nationale de musique, l’actuel théâtre de l’Opéra. En province, par contre, les académies, fondées par des aristocrates ou des bourgeois, reflétèrent assez bien l’ambiance sociale de l’Ancien Régime. Elles héritèrent parfois de quelques coutumes anciennes inspirées de Baïf, mais, dans l’ensemble, elles furent surtout des sociétés de concert, auxquelles le roi accordait parfois des lettres patentes ou qui étaient subventionnées par le Conseil de la Ville. Elles se distinguaient, comme en Italie, de nos modernes associations par le fait que leurs membres prenaient une part active aux exécutions. Elles avaient le mérite de fournir, alors que les concerts publics n’existaient pas, les moyens de jouer et de faire entendre de la musique.