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Les débuts

des Achéménides

Les premiers princes de cette famille, qui ne sont guère pour nous que des noms, profitent de l’affaiblissement de la vieille monarchie élamite pour étendre le domaine du petit peuple barbare qu’ils dirigent et qui est alors installé en Par-

soumash (dans les monts Bakhtiyārī, vers l’actuelle Khurramābād, au nord de Suse). Ils fixent leur capitale dans la cité élamite d’Anshan, puis ils conquièrent le pays de Parsa (l’actuel Fārs, dans la province de Chirāz), qui va devenir le centre de la nation perse. Divisés en deux branches rivales, les Achéménides downloadModeText.vue.download 92 sur 543

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sont tributaires successivement des Élamites, des Assyriens et des Mèdes.

Les conquêtes

de l’armée perse

Mais un des princes achéménides,

Cyrus II, sait utiliser la force militaire de son peuple, qui, cantonné dans des montagnes arides, est plus robuste que les populations civilisées de l’Orient.

Ne dominant au départ qu’une partie des tribus perses, il est cependant capable d’exploiter, au détriment des monarchies orientales, l’hostilité que leur despotisme a toujours suscitée. Il livre une série d’offensives qui lui permettent de saisir avec toutes leurs dépendances les royaumes mède (550), lydien (547) et babylonien (539). Il unifie à son profit l’Iran barbare, qui lui fournira de robustes soldats, et c’est en combattant les nomades dans les steppes du Nord-Est qu’il trouve la mort. Ses fidèles Perses ont soumis au grand conquérant à la fois les populations les plus évoluées et les plus arriérées de l’Asie occidentale, mais, après 550, Cyrus s’est appuyé surtout sur le peuple mède, qui avait auparavant dominé un véritable empire et qui, ayant les qualités guerrières des Iraniens, était aussi plus nombreux et plus civilisé que les Perses.

Cambyse II (530-522), successeur de Cyrus, termine la conquête de l’Orient en saisissant l’Égypte. Mais, cette fois, au lieu de barbares ou de populations mêlées, lasses d’un mauvais gouvernement, l’armée perse se heurte à une nation orgueilleuse et xénophobe ; et, devant la mauvaise volonté des habitants de la vallée du Nil, l’Achéménide n’hésite pas à faire détruire un certain

nombre de leurs temples. Plus autoritaire que Cyrus, il excède ses peuples en leur demandant trop d’impôts et de recrues ; il meurt au moment où triomphe une révolte menée par son frère Bardiya.

Ce dernier, qui reste sept mois au pouvoir en 522, pratique une politique originale : il supprime le tribut et la conscription pour trois ans, et, cherchant à imposer en Iran une forme épurée de la religion, il fait, à l’instigation des

« Mages » (les prêtres iraniens), détruire les édifices cultuels. Il est assassiné par les chefs de la noblesse perse qui reste attachée à ses dieux et aux profits de la conquête, et qui reproche à la famille de Cyrus d’être devenue plus mède que perse.

Le trône passe à Darios Ier (522-486), qui prétend descendre de la branche ca-dette des Achéménides ; celui-ci affirme n’avoir renversé qu’un imposteur, le Mage Gaumāta, qui s’était fait passer pour Bardiya, ce dernier ayant été tué en secret sur ordre de Cambyse. La crise dynastique provoque des insurrections nationales, mais Darios réussit à maintenir l’Empire, dont il portera ensuite les frontières à l’Iaxarte (Syr-Daria), à l’Indus et au Danube ; surtout il mène à bien l’organisation administrative esquissée par ses deux prédécesseurs.

L’échec de l’Empire perse

devant la cité grecque

Peu sensibles aux avantages de l’ordre que font régner les Perses, les innombrables communautés politiques incorporées dans l’Empire ne songent qu’à reprendre leur indépendance. C’est d’abord la révolte des Grecs d’Ionie et d’une partie de l’Asie Mineure (499-493), qui est soutenue au début par cer-downloadModeText.vue.download 93 sur 543

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taines des cités helléniques d’Europe, restées indépendantes. C’est là l’origine des guerres médiques (ainsi nommées par les Grecs, qui confondaient Perses et Mèdes). Pour éviter que la solidarité

entre Hellènes ne joue de nouveau contre son autorité, l’Achéménide conçoit le projet de soumettre l’ensemble du monde grec, dont il sous-estime la force militaire. Au cours de la première guerre médique, la petite armée envoyée par Darios Ier est battue par les Athéniens à Marathon (490). Puis, lors de la seconde guerre médique, la grande expédition dirigée par le nouvel Achéménide, Xe-rxès Ier (486-465), après avoir ravagé une bonne partie de la Grèce, est vaincue à Salamine (480) et à Platées (479) par une coalition hellénique placée sous la direction des Lacédémoniens. Une nouvelle ligue, cette fois conduite par les Athéniens, continuera la lutte en libé-

rant les cités grecques de l’Égée et du littoral asiatique. Le grand Empire, qui doit alors écraser les révoltes des Égyptiens et des Babyloniens, ne trouvera plus la force ou l’occasion pour réparer cet échec qui montre les limites de sa puissance.

Le gouvernement et

l’administration

Cependant, le règne de Xerxès Ier, le dernier de la période brillante de la dynastie, est sans doute la meilleure époque pour l’étude des institutions achémé-

nides. L’Empire perse est l’oeuvre de deux grands hommes, Cyrus et Darios.

Sortis d’un peuple sans passé et presque sans culture, ils ne peuvent se dispenser de poursuivre les méthodes des grands États qui ont précédé la domination perse : le royaume élamite de Suse, qui avait guidé les débuts des principautés perses ; l’Assyrie, qui avait laissé le premier modèle d’une monarchie « universelle » ; la Médie, qui avait réalisé le premier empire dirigé par des Iraniens ; Babylone et l’Égypte, dont les conqué-

rants perses maintiennent l’administration.

Suivant la tradition orientale, l’Aché-

ménide est un souverain absolu, qui s’appuie cependant sur une aristocratie.

Il recrute ses généraux et ses gouverneurs de provinces avant tout dans la noblesse perse, qui domine les cultivateurs et les éleveurs de son pays, et qui choisit parmi eux les contingents militaires qu’elle amène au roi. Ce sont ces nobles qui reçoivent dans leur enfance l’éducation traditionnelle (apprendre à tirer à l’arc et à monter à cheval, dire la vérité)

qui les prépare au service du monarque.

L’Achéménide prise à peine moins les aristocraties qui dirigent le peuple mède et les autres ethnies de l’Iran. D’autre part, l’ensemble du peuple perse restera exempt de tout impôt, car il fournit les sujets les plus loyaux et les plus braves.

La première préoccupation des Aché-

ménides est en effet leur armée. La force de celle-ci vient de ces corps prestigieux, dont les officiers ne cherchent que l’occasion de manifester leur bravoure devant leur souverain : la cavalerie et surtout les fameux archers et piquiers de la garde (les 10 000 Immor-tels, ainsi appelés parce qu’à chaque mort on nommait immédiatement un

autre titulaire). Mais ces troupes d’élite sont souvent noyées dans la cohue des contingents demandés à l’ensemble des peuples soumis, qui constitue une foule mal armée et sans cohésion. Sur mer, l’Achéménide utilise les services des Égyptiens, des Grecs d’Asie et surtout des Phéniciens ; mais ne pouvant les faire surveiller de façon efficace par des terriens comme les Iraniens, il est souvent victime de leurs défections.

L’administration impériale se heurte au même problème que l’état-major.

Comme ses prédécesseurs en Orient, l’Empire perse a laissé subsister toutes les unités politiques préexistantes avec leur gouvernement ou leur administration. L’Achéménide est, au moins au début, roi de Babylone, roi d’Égypte, et il a pour sujets des roitelets (en Cilicie, à Chypre), des cités (phéniciennes, grecques), des théocraties (comme celles de Jérusalem et de Samarie), des tribus de nomades (Arabes, Scythes) ou de montagnards vivant du brigan-dage (Pisidiens d’Anatolie, Cadu-