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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 10

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Normandie, Guillaume jette les bases d’une puissante monarchie mi-continentale, mi-insulaire, que tout oppose à la monarchie capétienne, avec laquelle elle engage dès 1074, sous l’impulsion de Philippe Ier, un conflit multi-séculaire. Le roi de France accorde son soutien, en 1078, au fils révolté du Conquérant, Robert Courteheuse, tandis qu’Odon, évêque de Bayeux et frère utérin de Guillaume, qui intrigue, lui aussi, est arrêté et enfermé dans la tour du château de Rouen de 1082

à 1087. C’est en exécutant un raid de représailles contre la ville française de Mantes que Guillaume le Conquérant meurt le jeudi 9 septembre 1087.

P. T.

F Angleterre / Normandie.

SOURCES. Guillaume de Poitiers,

Gesta Guillelmi ducis (éd. et trad. par R. Foreville, Les Belles Lettres, 1952).

F. M. Stenton, William the Conqueror and the Rule of the Normans (Londres, 1908). / R. Francis, William the Conqueror (Londres, 1915). /

H. Prentout, Histoire de Guillaume le Conqué-

rant, t. I : le Duc de Normandie (Ozanne, Caen, 1936). / M. de Bouard, Guillaume le Conqué-

rant (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958 ; 2e éd., 1966). / D. C. Douglas, William the Conqueror, the Norman Impact upon England (Berkeley, 1964). / P. Zumthor, Guillaume le Conquérant (Hachette, 1964). / La Conquête de l’Angleterre par les Normands (A. Michel, 1968).

Guillaume Ier

d’Orange-Nassau

le Taciturne

(Dillenburg, comté de Nassau, 1533 -

Delft 1584), stathouder de Hollande, de Zélande et d’Utrecht (1559-1584).

L’opposition

Un grand seigneur

Guillaume de Nassau renonce en 1544

à ses droits patrimoniaux en Allemagne pour hériter de son cousin René de Chalon, outre la principauté d’Orange, les titres et domaines des Nassau situés dans les Pays-Bas. Il devient ainsi l’un des premiers membres de la haute noblesse, appelé aux charges publiques les plus élevées. Dès 1549, il est admis dans l’entourage de Charles Quint, qui le prend sous sa protection et lui ouvre une brillante carrière militaire.

L’opposition politique

L’abdication de Charles Quint au profit de Philippe II en 1555 marque un tournant dans la vie politique des Pays-Bas. L’offensive absolutiste du souverain, visant à enlever aux grands seigneurs toute participation effective dans les prises de décision gouvernementales, suscite l’opposition de la haute noblesse. Devenu membre du Conseil d’État, chevalier de la Toison d’or et gouverneur de Hollande, le prince d’Orange ne se satisfait pas de charges honorifiques, mais ambitionne d’exercer une influence réelle sur les affaires d’État. Ses capacités et sa position le désignent, malgré son

peu d’expérience, comme le meneur de l’opposition.

L’opposition religieuse

Par ailleurs, les progrès rapides enregistrés par la Réforme renforcent le courant d’opposition à la politique de persécution religieuse. Le calvinisme se répand largement dans les masses artisanales prolétarisées des grands centres urbains et du plat pays avoisinant ; les classes moyennes, inquiètes de l’avenir économique, et la noblesse, appauvrie, sont gagnées sinon à l’anticléricalisme calviniste, du moins à la tolérance. À partir de 1564, la question religieuse domine entièrement les débats politiques, cristallisant tous les mécontentements. En s’efforçant vainement de contrôler les divers courants d’opposition, le prince d’Orange se compromet irrémédiablement.

Le gouvernement, dont l’autorité est minée par la désaffection larvée de la haute noblesse, ne peut pas davantage endiguer les troubles nés de la répression. Au mois d’août 1566, une vague de fureur iconoclaste déferle sur les Pays-Bas.

Le soulèvement

L’émigration (1567-1572)

Débordés par les masses populaires, nobles et bourgeois se rallient en majorité au pouvoir. Seuls les calvinistes militants se maintiennent dans l’opposition et organisent une résistance armée, vite réprimée. Sollicité en vain par les révoltés, Guillaume ne se décide à joindre leurs rangs qu’à l’annonce des mesures de répression déci-dées par Philippe II. En choisissant, comme des milliers d’autres, l’émigration, il échappe aux exécutions massives qui frappent indistinctement tous les opposants. L’absolutisme royal est introduit par la terreur dans les Pays-Bas. Convaincu de haute trahison, le Taciturne est condamné par contumace à l’exil perpétuel et à la confiscation de ses biens.

Dillenburg devient à partir de 1567

le foyer de la révolte. De là partent les pamphlets, armes de propagande downloadModeText.vue.download 9 sur 581

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redoutables ; là s’organisent les entreprises militaires, toutes infructueuses, financées par l’endettement du prince.

Recherchant l’appui des huguenots, Guillaume participe en France à la troisième guerre de Religion ; au contact des réformés, son indifférence religieuse s’estompe. En 1572, sa grande offensive dans les Pays-Bas se solde par un nouvel échec, précipité par la désaffection des huguenots après la Saint-Barthélemy. Par contre, les

« Gueux de la mer » s’emparent de ports hollando-zélandais et, multipliant les coups de main contre les villes, s’assurent une base d’opération militaire placée sous l’autorité du prince.

La décision militaire (1572-1576) Contre toute attente, le réduit hollando-zélandais résiste victorieusement aux forces espagnoles, tenues en échec d’abord devant Alkmaar, puis devant Leyde. Mésestimant l’ampleur de la ré-

volte, menant par ailleurs une politique mondiale qui le conduit à une banqueroute retentissante, Philippe II trahit les limites de sa puissance. Le Taciturne, stratège moyen, mais homme d’État remarquable, se prépare à en recueillir le bénéfice politique.

La décision politique (1576-1579) Le décès inopiné de Luis de Zúñiga y Requeséns (1528-1576), gouverneur général des Pays-Bas, et la débandade des troupes espagnoles qui s’ensuit créent un vide politique mis à profit par les états généraux, qui se réunissent illégalement. Sous l’impulsion d’Orange, la paix entre les provinces révoltées et les états généraux est bientôt conclue, et l’unité des dix-sept provinces rétablie. Lorsqu’en 1577 les états généraux dictent leurs conditions au successeur de Requeséns et se soli-darisent ensuite dans la révolte, Orange semble avoir atteint son but ; le soulèvement général des Pays-Bas unis contre l’absolutisme et contre l’intolé-

rance religieuse.

La guerre

d’indépendance

L’unité d’action ainsi constituée résiste cependant mal au particularisme provincial et au radicalisme calviniste.

Haec libertatis ergo

Le sentiment national qui anime le Taciturne n’est guère partagé par les états généraux, confédération d’États imbus de leur autonomie séculaire. Alors que la liberté politique invoquée par le Taciturne s’oppose à l’absolutisme, les états, pour leur part, rejettent avant tout la centralisation unificatrice. L’autorité du prince offre un contrepoids précaire aux forces centrifuges qui dominent les états généraux.

Haec religionis ergo

Soucieux de cimenter l’union entre catholiques et calvinistes, le Taciturne défend par ailleurs une politique de liberté religieuse, rapidement compromise par les violences calvinistes.

Se fondant sur l’élément populaire, la minorité calviniste s’assure partout pour un temps le contrôle des villes.

Le bouleversement social qu’entraîne le prosélytisme calviniste précipite la réaction catholique.

Les Pays-Bas espagnols

Impuissant à réfréner le dynamisme calviniste, le Taciturne ne peut, finalement, éviter la rupture, provoquée par la polarisation croissante des contradictions. Au clivage religieux se superpose un clivage socio-économique et politique. Dans les provinces à forte concentration urbaine, la bourgeoisie calviniste s’assure une influence politique prépondérante ; dans les provinces de l’Est, à prédominance agraire, la noblesse catholique se maintient.