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P. C.

B. J. Skinner, Earth Resources (Englewood Cliffs, N. J., 1969). / P. et A. Ehrlich, Population, Resources, Environment, Issues in Human Ecology (San Francisco, 1970 ; trad. fr. Population, ressources et environnement, Fayard, 1972). / J. Delaunay, Halte à la croissance.

Enquête sur le club de Rome (Fayard, 1972).

On peut également consulter les numéros spé-

ciaux de Scientific American : The Biosphere (1970) et Energy and Power (1971).

Restauration

Période de l’histoire de France marquée par le règne des derniers Bourbons (1814-1830).

Elle s’ouvre par le règne de

Louis XVIII, rappelé au trône après la chute de Napoléon Ier, et se clôt par l’abdication de son frère Charles X, renversé par la révolution de juillet 1830.

Le monde de la terre

La France de la Restauration conserve encore bien des traits du XVIIIe s., en premier lieu la prépondérance écra-

sante des activités agricoles : 75 p. 100

des 26 millions de Français sont des ruraux. Dans l’échelle sociale, la propriété situe l’individu. Le régime électoral la favorise. En fait, la production souffre de procédés archaïques, et, dans ce domaine, peu de progrès ont été réalisés depuis 1789. L’araire et la houe sont plus fréquents que la charrue de type anglais, ou brabançon. Les façons culturales témoignent de la ré-

sistance des traditions : persistance de la jachère, de l’assolement — triennal dans le Nord, biennal dans le Midi —

et des servitudes communautaires, en particulier dans les grandes plaines de champs ouverts du Bassin parisien et de l’Est. S’il est fait état d’opérations de défrichement (Picardie, Anjou), dans l’ensemble, faute de moyens, des milliers d’hectares demeurent incultes.

Cet « Ancien Régime économique »

persiste encore dans la prépondérance céréalière, l’« obsession céréalière »

pourrait-on dire, tant est vivace la peur ancestrale de la disette, que n’infirme pas la terrible crise des subsistances des premières années de la Restauration.

Signe de progrès, la pomme de terre occupe dans la production et l’alimentation une place toujours plus grande, et le froment fait reculer le seigle, même dans l’Ouest. Mais le rôle des légumineuses est à peu près entièrement ignoré, les engrais et les amendements sont bien insuffisants. Cette situation résulte de multiples carences.

En premier lieu, celle de l’État, qui n’examine les questions agricoles que sous l’angle de l’ordre public. Que survienne une mauvaise récolte, et le gouvernement, affolé devant la perspective de troubles, recourt à ses deux expé-

dients favoris : l’envoi d’escadrons autour des grands marchés agricoles et les importations en catastrophe.

Les grands propriétaires, eux, ne se préoccupent guère de mise en valeur.

L’histoire a retenu les initiatives intelligentes et plus ou moins fructueuses de Decazes, de Mathieu de Dombasle (1777-1843) ou du maréchal Marmont sur leurs domaines respectifs. Mais ce ne sont là que cas d’espèce, et la majorité des hobereaux s’intéresse davantage aux spéculations sur les grains et aux rendements des baux.

Autre blocage d’importance : la psychologie paysanne. C’est que dans les campagnes l’autoconsommation

domine largement. La raison d’être de l’exploitation est de nourrir la famille downloadModeText.vue.download 100 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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— souvent étendue — et de régler les prestations du bail. Le but de l’existence est d’acquérir une terre, de maintenir ou d’arrondir le patrimoine. Pour les plus chanceux, l’accession à la propriété, voire à une certaine aisance, n’a été obtenue qu’à force de privations et de calculs sordides et il est hors de question de modifier le fragile équilibre économique par des nouveautés chimériques.

De plus, le nouveau régime main-

tenant le Code civil, les partages successoraux favorisent le morcellement.

On compte plus de 10 millions de

cotes foncières en 1826, dont 80 p. 100

correspondent à des exploitations inférieures à 5 ha. La pression démographique aidant, le mouvement s’ac-célère et entraîne une hausse constante du prix des terres, obligeant lu masse paysanne à recourir à l’hypothèque ou, pis, à l’usure afin de satisfaire sa faim de terre. La grande propriété, en particulier la grande propriété noble, était incapable de favoriser un grand mouvement agronomique. Bien que disposant encore de solides positions dans l’Ouest, en Provence, dans les pays de la Loire et en Vaucluse, elle tend à se fractionner en de multiples exploitations, fermes ou métairies, pour trouver plus facilement preneur. D’ailleurs, la première tentative authentique de réaction contre l’oeuvre napoléonienne est la loi dite « du rétablissement du droit d’aînesse » (1825) destinée à stopper le processus de désagrégation d’une des bases sociales et politiques du régime.

La production commercialisée res-

tant très insuffisante et les communications difficiles, les accidents climatiques entraînent, comme sous l’Ancien Régime, des flambées de prix sur les marchés, des attaques de convois de

grains, des pillages de boulangeries (1817-18, 1828-29). Le gouvernement a recours à des mesures de police ou à des palliatifs (taxation du pain à Paris).

Quant aux importations de blé russe, elles provoquent une levée de boucliers de la part des gros producteurs, bien représentés à la Chambre et soucieux de maintenir des prix élevés.

La condition paysanne

Le monde paysan est très hétérogène.

Les propriétaires-exploitants (plus de 3 millions) se divisent en deux blocs à peu près équivalents : ceux qui pratiquent exclusivement le faire-valoir direct et ceux que l’exiguïté de leur lopin contraint à travailler comme fermiers, métayers ou journaliers.

Les fermiers et les métayers sont les moins nombreux, pas toujours les plus pauvres. Enfin, la masse des salariés, journaliers et domestiques, exploités et misérables. Il y a loin du père Grandet,

« vigneron de Saumur », riche proprié-

taire établi à la suite d’heureuses opé-

rations sur les biens nationaux, au brassier de Champagne ou d’Auvergne, mal nourri, chargé d’enfants et totalement illettré. La conjoncture économique n’est guère satisfaisante. Depuis 1817, une baisse continue des prix affecte le revenu des producteurs-négociants. En réaction, les propriétaires élèvent le montant des baux et compressent les salaires. La hausse du prix des terres écarte les espoirs de promotion du plus grand nombre. On s’accroche ici et là au terroir, aux traditions séculaires.

Le paysan est d’abord un isolé, dont les conditions matérielles sont déplorables. Notre XXe s., avide d’environnement et d’espaces verts, évoque allègrement l’âge d’or des campagnes du siècle dernier, « saines et vigoureuses ». C’est oublier avec inconscience l’effroyable misère qui régnait dans bien des cantons. Les conseils de révision de l’époque font état de nombreuses inaptitudes physiques et de graves infirmités chez les conscrits paysans. Carences alimentaires — l’alcool remplace souvent le pain ou le lait

—, absence d’hygiène et consanguinité font des ravages. L’ignorance est géné-

rale, même chez les plus aisés, et les témoignages abondent qui font état de la brutalité des moeurs.

Point de politique active, certes, dans cette masse analphabète que le suffrage censitaire écarte d’ailleurs. Il est de bon ton de noter ici et là, pour le déplorer ou pour s’en féliciter, la soumission respectueuse du paysan au châtelain — not’ mait’ —, au notable, au curé. C’est la fidèle Vendée, le Maine, l’Anjou, le Léon. Il n’est pas rare de voir subsister de véritables droits féodaux, comme l’obligation d’offrir des cadeaux à l’occasion des mariages ou des funérailles dans la famille du grand propriétaire. Mais l’apparente passivité des campagnes durant la Restauration ne doit pas faire illusion. Elle n’est d’ailleurs pas géné-