Dans le langage courant, on dit
qu’une personne « prend sa retraite »
lorsqu’elle abandonne — de son plein gré, du fait des circonstances économiques ou de son âge — son activité professionnelle. Elle se retire de la profession et subsiste grâce à ses revenus personnels ou grâce à un revenu de remplacement qui lui est versé par un organisme privé ou public.
Dans tous les pays industrialisés, le législateur a organisé, principalement au cours du XXe s., un ou plusieurs systèmes d’assurance obligatoire
permettant à tous les membres de la population de bénéficier, lorsqu’ils atteignent un certain âge — dit « âge de la retraite » (variant généralement de 55 à 67 ans suivant les pays et les professions) —, d’un certain revenu dont le montant est fixé soit en fonction d’une évaluation — plus ou moins exacte et plus ou moins généreuse —
des besoins minimaux d’une personne ou d’une famille, soit en fonction des revenus professionnels antérieurs de l’intéressé, souvent même de la durée de sa vie professionnelle. Dans nombre d’entreprises* et dans beaucoup de professions ont été mis sur pied des systèmes de retraite complémentaire.
La personne qui atteint l’âge de la retraite peut parfois surseoir à son retrait de la profession et continuer son activité ; elle peut, sous certaines conditions, prendre sa retraite et continuer cependant d’exercer (à temps plein ou à temps partiel) une activité professionnelle en vue soit de compléter un revenu de remplacement qu’elle estime insuffisant, soit d’occuper des loisirs auxquels sa formation et ses activités antérieures ne l’ont point préparée. Les conditions de cumul d’un revenu professionnel et d’une pension de retraite varient suivant les professions et parfois suivant l’âge du retraité. Dans les périodes de récession économique, les pouvoirs publics tendent à réserver les emplois* disponibles aux personnes ne disposant pas déjà d’un revenu de remplacement et à réduire une éventuelle pression à la baisse des salaires, cependant que certaines personnes sont invitées à quitter leur emploi plus tôt que prévu, tout en jouissant d’avantages proches de ceux de la retraite. C’est la préretraite.
Il s’avère quelquefois nécessaire pour certaines professions de disposer en permanence d’un personnel qualifié très jeune, apte à de nouvelles promotions. En pareil cas, la pension de retraite peut être perçue bien avant l’âge de la retraite fixé pour l’ensemble des autres professions, le cumul entre cette pension et un revenu professionnel nouveau étant alors possible sans restriction, tout au moins jusqu’à l’âge commun de la retraite. C’est notamment le cas des professions militaires.
R. M.
F Assurance / Sécurité sociale / Transferts sociaux / Travail / Vieillesse (assurance).
rétroaction
Mécanisme interne à un système tel qu’une caractéristique de l’effet global de ce dernier agisse sur l’un de ses facteurs (une des entrées).
L’étude des modèles mathématiques qui permettent de prévoir le fonctionnement de tels systèmes relève de la discipline « automatismes ». Pour la cybernétique, les mécanismes de rétroaction sont fondamentaux, étant généralement les plus efficaces pour qu’un système atteigne son but. Inversement, quand un système en est pourvu, il est certainement finalisé.
Le schéma général est le suivant : un capteur C extrait de l’effet global EG
un signal proportionnel à une certaine caractéristique de cet effet. Ce signal est appliqué à un comparateur CP où il est confronté à un signal de référence (valeur de consigne VC). La différence est dite « signal d’erreur ». Ce signal d’erreur intervient sur un facteur d’en-trée du système par un modulateur M.
La régulation n’agira que sur la caractéristique de l’effet global (de la sortie) qui aura été choisie. Les autres caractéristiques ne seront pas contrôlées.
L’entrée régulée peut n’avoir rien de commun avec l’origine de la perturbation qui aura généré le signal d’erreur et déclenché la régulation. Seule son efficacité sur les variations de la caractéristique a une importance. L’action du signal d’erreur s’effectuera soit dans le sens de la variation, et il s’agit
de rétroaction positive, ou rétroaction en tendance, soit en sens inverse de la variation, et il s’agit de rétroaction négative, ou rétroaction en constance.
La première est covariante : si l’erreur est en plus, elle tendra à faire croître la valeur de la caractéristique ; si elle est en moins, elle tendra à annuler la valeur de la caractéristique (et non pas à annuler l’erreur). Dans le premier cas, il s’agit d’un mécanisme explosif ; dans le second, d’une « extinction ». La rétroaction négative est un mécanisme contravariant qui s’oppose à la variation pour maintenir constante la valeur de la caractéristique « élue ». L’action du signal d’erreur peut se faire selon trois modes.
y Action proportionnelle. L’importance de la correction est directement extraite de la différence entre la valeur réelle et la valeur de consigne.
y Action intégrale. La vitesse de la correction est proportionnelle à cette différence.
y Action dérivée. L’ampleur de la correction est proportionnelle à la vitesse de variation de l’erreur.
Les deux dernières modalités sont employées pour éviter les phénomènes de « pompage » et pour « anticiper »
sur la prochaine erreur comme un bar-reur de voilier par « mer faite » : ces procédures ont été formalisées par Nyquist. D’autre part, les modes d’élaboration du signal d’erreur finalement appliqué au modulateur M sont de trois types.
1. La valeur de consigne est fixe : il s’agit d’un feed-back, la finalité du système est figée.
2. La valeur de consigne est variable, commandée de l’extérieur du système restreint considéré, et cette variation va moduler la valeur de la caracté-
ristique choisie. Il s’agit des divers servomécanismes.
3. La valeur de consigne reste fixe et l’on conserve la structure du feed-back rigide, mais on va agir sur le signal d’erreur en « trichant » et en modifiant sa valeur par une information surajou-tée, il s’agit de la pararégulation.
Une caractéristique fondamentale de la rétroaction est que son intervention est toujours postérieure à la variation d’effet qui l’engendre, les anticipa-tions de correction n’étant que des prédictions. Ce facteur temps est fon-downloadModeText.vue.download 108 sur 621
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17
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damental ; c’est lui qui est essentiellement à l’origine des phénomènes de pompage, soigneusement évités par les automaticiens, mais qui au contraire se retrouvent à tous les niveaux des phénomènes naturels. Il est même
vraisemblable qu’ils soient inséparables des systèmes vivants. En outre, la correction d’erreur est « coûteuse »
en énergie. Dans de nombreux cas, on peut choisir pour une même correction entre une dépense surtout en temps ou une dépense surtout en énergie.
L’organisation cybernétique d’un
système est un palliatif onéreux qui n’a d’utilité que lorsque le contrôle ou la connaissance d’une partie des facteurs d’un événement ne sont pas assurés.
En biologie, on a constaté que les mouvements fins, rapides et précis étaient contrôlés par une rétroaction en tendance « explosive » destinée à fournir une puissance instantanément disponible, cette rétroaction étant modulée, et au besoin inhibée, par une ré-
troaction négative. Cette combinaison est particulièrement efficace. D’autre part, contrairement à l’univers technique, pour lequel les systèmes dits
« d’asservissement » sont des accessoires (régulateur de Watt), il semble bien que, d’un certain point de vue, la matière vivante ne soit constituée que de servomécanismes imbriqués les uns dans les autres. Une analyse grossière fait apparaître des niveaux d’organisation avec subordination de chaque niveau aux valeurs de consigne qui lui parviennent du niveau supérieur. En réalité, il est extrêmement probable que des analyses plus fines mettront en évidence de multiples croisements de contrôle et que la notion de niveau