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y De l’« aviation d’armée »

à l’armée de l’air

Première des aviations européennes en 1914, l’aviation militaire française a joué un rôle considérable durant la Première Guerre mondiale. Mais, alors que le G. Q. G.

dispose de 3 600 appareils de combat le 11 novembre 1918, la France cesse, au lendemain de sa victoire, de s’intéresser à son aviation militaire. Durant plusieurs années encore, elle n’est considérée que comme une arme auxiliaire de l’armée de terre, à laquelle elle est étroitement subordonnée. Ce n’est qu’en 1930 qu’est créé l’état-major d’une « armée de l’air », qui n’obtient son autonomie que par les lois du 2 juillet 1934 et du 9 avril 1935. Les appareils survivants ou dérivés de ceux de 1918 sont restés pratiquement en service jusqu’aux environs de 1930, où fut enfin élaborée une nouvelle doctrine d’emploi.

Mais les prototypes mis au point vers 1937-38 (Potez « 63 », chasseurs Morane « 406 »

et Dewoitine « 520 », bombardiers Breguet

« 693 ») n’existeront qu’en très faible quantité au moment où ils entreront en service en 1939-40.

LES ARMÉES FRANÇAISES DE LA

SECONDE GUERRE* MONDIALE

Si l’on met à part sa marine, en tout point remarquable, la France aborde la Seconde Guerre mondiale avec des forces mal pré-

parées aux conditions d’un conflit moderne. Trop largement mobilisées, mais insuffisamment équipées et mécanisées, dépourvues de soutien aérien, ses armées sont engagées avec une doctrine d’emploi dépassée contre une Wehrmacht suren-traînée, qui a su créer, avec ses avions et ses chars, l’instrument de la guerre éclair (v. France [campagne de]).

L’armistice du 22 juin 1940 sonne le glas de la IIIe République, dont les armées se trouvent scindées en plusieurs tronçons :

— les Forces françaises libres (F. F. L.), qui, regroupées dès l’été 1940 autour de De Gaulle, continuent le combat et assurent, avec Leclerc* et Koenig, la permanence des couleurs françaises dans la guerre (à de Gaulle se rattacheront également, dans le cadre de la résistance militaire en métropole, les Forces françaises combattantes

[F. F. C.] et l’Armée secrète [A. S.]) ;

— l’armée dite « d’armistice » (environ 100 000 hommes), stationnée en zone libre et dont le commandement prépare secrètement la remobilisation en vue de

la revanche ;

— l’armée d’Afrique, enfin, qui, sous l’impulsion énergique de ses chefs Weygand (1940-41) et Juin* (1941-42), s’apprête à reprendre le combat.

L’invasion de la zone libre provoque le sabordage de la flotte de Toulon (27 nov.

1942), dont quelques éléments seuls peuvent gagner Alger. L’armée d’armistice est dissoute, et ses meilleurs éléments rejoignent l’Organisation de résistance de l’armée (O. R. A.), que commandent les gé-

néraux Frère, Verneau et Revers ; ils contri-bueront à l’encadrement des formations militaires de la résistance, appelées en 1944 Forces françaises de l’intérieur (F. F. I.).

Quant aux F. F. L. et à l’armée d’Afrique, après leur jonction en Tunisie (1943), elles donneront naissance aux unités qui, aux ordres de Leclerc, de Juin et de De Lattre*, s’illustreront, après leur réarmement par les Américains, en Italie et dans la libération de la France. Leur amalgame avec les F. F. I., réalisé par de Lattre en plein combat durant l’hiver 1944-45, préparera la renaissance d’une armée française rajeunie et enfin réunifiée, dont les Alliés comme les adversaires reconnaîtront la valeur.

B. de B. et P. D.

F Coloniales (troupes) / Défense / France (campagne de) [1940] / Guerre mondiale (Première) / Guerre mondiale (Seconde) /

Résistance française (la) / Service national.

V. également les articles consacrés aux principaux chefs militaires.

La marine sous

la IIIe République

La marine de guerre (1871-1914)

Dans les années qui suivent la défaite de 1871, la France, avant tout soucieuse de sécurité terrestre, sacrifie délibérément la rénovation de sa flotte à la reconstitution de son armée. Les transformations techniques (fin de la marine à voile et de la construction en bois [v. marine]) qui affectent toutes les floues provoquent en France des discussions sans fin... Les ingé-

nieurs français affirment cependant leur valeur, notamment pour les sous-marins avec le Gymnote (1888) de Gustave Zédé et surtout le Narval (1899) de Maxime Laubeuf (v. sous-marin). La marine fran-

çaise joue néanmoins à cette époque un

rôle important outre-mer (les colonies relèvent de son ministère jusqu’en 1889), où elle assure le transport et le ravitaillement des expéditions militaires coloniales.

C’est à propos de l’affaire de la mission Marchand* à Fachoda, où, en 1898, elle s’oppose vivement à la Grande-Bretagne, que la France découvre avec stupeur que

« la disproportion des forces navales (trois contre un pour les marines militaires, dix contre un pour les marines marchandes) entre les deux pays est telle que toute lutte est impossible ».

Cette crise de Fachoda est le signal d’un très net redressement naval, qui accom-pagnera, face à la montée menaçante de la marine allemande de Tirpitz*, la négociation de l’Entente cordiale franco-britannique (1904). L’état-major de la marine (créé en 1890) prend en main l’élaboration d’un véritable programme de 6 cuirassés de 18 000 t et de 5 croiseurs de 15 000 t que fera adopter en 1901 le ministre Jean-Marie de Lanessan (1843-1919). Grâce à l’appui de Delcassé*, qui veut donner à la France la marine de sa politique, la loi navale de 1912 prévoit la construction de 28 cuirassés, de 52 torpilleurs et de 94 sous-marins. Cet effort est trop tardif ; la France aborde la guerre en 1914 avec une marine de 780 000 t, qui occupe le quatrième rang des marines mondiales, après la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les États-Unis. Outre 72 sous-marins, la force principale de la marine française est constituée par l’armée navale de l’amiral Augustin Boue de Lapeyrère (1852-1924), qui a été ministre de 1909 à 1911 et auquel la convention technique franco-britannique du 10 février 1913 a confié le commandement en chef des marines alliées en Méditerranée occidentale. Basée à Toulon, l’armée navale comprend 6 Danton (18 000 t), 5 Patrie (15 000 t) et les deux seuls dreadnoughts de la marine française, le Courbet et le Jean-Bart (23 000 t), datant de 1911.

La marine de Leygues et de Darlan (1919-1939)

Au lendemain d’une victoire où l’opinion n’a guère perçu l’importance, pourtant essentielle, du facteur naval, la France de 1920 met sa marine « en veilleuse ». Aussi acceptera-t-elle de voir le tonnage de ses bâtiments de ligne limité à 175 000 t et aligné sur celui de l’Italie par le traité de

Washington, qui, en 1922, consacre l’hégé-

monie navale britannique et américaine comme l’ascension du Japon (v. marine).

De façon assez surprenante, ce moment de repli sera suivi d’un extraordinaire renouveau de la marine française, dont le principal artisan sera Georges Leygues (1857-1933), ministre de la Marine de Clemenceau en 1917 et qui retrouvera ce portefeuille dans dix autres gouvernements (nov. 1925 - févr. 1930 et juin 1932 - sept.

1933). Grâce à l’effort le plus continu et le mieux coordonné qu’elle ait connu au cours de sa longue histoire, la flotte fran-

çaise se verra attribuer par le Parlement seize tranches de construction navale et dix contingents de navires auxiliaires, soit un programme de 705 000 t de bâtiments de combat, qui sera près d’être terminé en 1939. « Négligée en 1920, à peine écoutée en 1925 », la marine prend à partir de 1930, où elle bénéficie de plus de 20 p. 100 des crédits militaires, une place de choix dans les conseils de défense nationale. L’action de son ministre est amplifiée et prolongée par celle de l’état-major de la marine, dirigé en 1927 par l’amiral Louis Violette (1869-1950), à qui succèdent en 1931