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l’amiral Georges Durand-Viel (1875-1959), puis en 1936 l’amiral Darlan*, qui, filleul de Leygues, a été directeur de son cabinet de 1929 à 1934. Cette renaissance de la marine française inquiète la Grande-Bretagne, qui, le 18 juin 1935, signe avec le Reich hitlérien un traité séparé lui accordant le droit de construire une marine égale à 35 p. 100

de la Royal Navy. En 1938-39, la montée de la menace allemande rapproche la France et la Grande-Bretagne, et, comme en 1913-14, des accords fixent la coopération des deux flottes. Avec 660 000 t de navires (dont 110 000 en construction), parmi lesquels on citera le sous-marin Surcouf (1934), de 2 400 t, les cuirassés Dunkerque (1937), Strasbourg (1938), de 26 500 t, et Richelieu (1939), de 35 000 t, ainsi que les croiseurs de 8 000 t du type Galissonnière (1935-1939), la marine française est, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, la marine la plus moderne et la plus puissante que la France ait possédée.

P. D.

Les deux derniers

présidents du conseil

de la IIIe République

Édouard Daladier (Carpentras 1884 -

Paris 1970). Fils d’un boulanger, agré-

gé d’histoire, il professa tout en s’engageant dans le journalisme de combat et la lutte politique : en 1911, il constitua une liste radicale qui triompha aux élections municipales et il devint maire de Carpentras. Mobilisé en 1914, il termina la guerre comme officier. En 1919, nommé professeur au lycée

Condorcet, il s’installa à Paris ; mais, sollicité par les radicaux de Vaucluse, il se présenta aux élections législatives du 16 novembre et fut élu. Lors des élections le 1924, le CARTEL* DES

GAUCHES le chargea de rédiger le

chapitre de son programme relatif à la défense : celle-ci, à ses yeux, devait être liée aux progrès de l’industrie.

Dans le premier cabinet Herriot (juin 1924 - avr. 1925), Daladier se vit confier le portefeuille des Colonies.

Après un bref passage à la Guerre (3e cabinet Painlevé, oct.-nov. 1925), puis à l’Instruction publique (8e cabinet Briand, nov. 1925 - mars 1926, et 2e cabinet Herriot, juill. 1926), il suivit dans leur défaite les membres du Cartel : l’unité du parti radical ne fut alors sauvée que par son élection à la présidence (1927). Daladier devait assumer cette charge jusqu’en 1931 et, de nouveau, entre 1936 et 1939 (v. RADICALISME). Du 21 février 1930 au 14 dé-

cembre 1932, il fut par trois fois et d’une manière éphémère ministre des downloadModeText.vue.download 44 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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Travaux publics. Durant cette période d’instabilité ministérielle, son autorité grandit. Sa compétence en matière de défense nationale était reconnue. Aussi Paul-Boncour lui confia-t-il le portefeuille de la Guerre (déc. 1932 - janv.

1933) : ce poste, Daladier allait l’occuper encore dans neuf cabinets entre le 31 janvier 1933 et le 18 mai 1940, dont trois fois dans un ministère formé et présidé par lui-même. Le premier cabinet Daladier (31 janv. - 24 oct.

1933) fut constitué en des circonstances dramatiques : le déficit atteignait 10 milliards. Des mesures financières, quoique modérées, lui attirèrent l’opposition virulente de l’extrême

droite et de l’extrême gauche. Par ailleurs, la veille de son arrivée au pouvoir, l’Allemagne s’était donné comme chancelier Adolf Hitler, alors que la Société des Nations et la Conférence du désarmement avaient perdu toute autorité. Daladier, bravant les socialistes, crut trouver la solution de la crise internationale dans la signature, à Rome, le 7 juin 1933, d’un pacte à quatre (France, Grande-Bretagne, Allemagne et Italie), que Hitler se déclara d’abord prêt à accepter, mais qui se révéla tout de suite inefficace, le chancelier allemand, dès la fin de l’année, retirant la délégation allemande de la Société des Nations et de la Conférence du désarmement. Alors, Daladier, reprenant un projet élaboré en 1927, songea à compléter le « bouclier » des fortifications frontalières par la formation de divisions motorisées puissantes et mobiles ; mais son cabinet fut mis en minorité par les socialistes. Daladier n’en conserva pas moins le portefeuille de la Guerre dans les deux cabinets éphémères qui lui succédèrent : A. Sarraut (oct.-nov. 1933) et C. Chautemps (nov. 1933 - janv. 1934). Mais l’affaire Stavisky allait éclabousser l’équipe de Chautemps et le parti radical. Le 30 janvier 1934, Daladier — qui se ré-

serva les Affaires étrangères — forma le gouvernement ; son premier geste fut de déplacer le préfet de police, Jean Chiappe (1878-1940), soupçonné de faiblesse à l’égard des mouvements de droite : cette mesure mit le feu aux poudres. Le 6 février, alors que Daladier présentait à la Chambre son cabinet, hâtivement remanié, l’émeute me-naça le Palais Bourbon ; il y eut seize morts et des centaines de blessés. Le président du Conseil, ayant réclamé en vain la possibilité de proclamer l’état de siège, démissionna dès le 7 février.

Tout en réclamant des gouvernements

— face à la menaçante montée de l’hitlérisme — un renforcement de l’organisation défensive de la France, Daladier participa activement dès mars 1934, en vue de combattre les ligues de droite, à la fondation du « Comité d’action anti-fasciste », amorce d’un Front populaire. Quand, le 4 juin 1936, Léon BLUM* forma son cabinet de FRONT

POPULAIRE*, il rappela Daladier au ministère de la Défense nationale, avec le titre de vice-président du Conseil.

Daladier fit adopter un programme d’armement de plus de 18 milliards. Le cabinet Blum étant tombé le 21 juin 1937, il demeura rue Saint-Dominique dans les trois cabinets successifs, pré-

sidés par Chautemps (deux fois) et Léon Blum (juin 1937 - avr. 1938).

Quand le gouvernement Léon Blum

tomba pour la seconde fois, c’est à Daladier qu’Albert Lebrun fit appel pour former un cabinet (10 avr. 1938), où le président du Conseil assuma la Dé-

fense nationale. Le Parlement, à l’unanimité des votants, lui accorda les pleins pouvoirs en matière financière.

Mais, dès la constitution du ministère, le problème tchécoslovaque se posa avec acuité : le 21 avril, le leader nazi des Sudètes, K. Henlein, publia un programme autonomiste ; or, la France, depuis les accords de Locarno (1925), était liée à la Tchécoslovaquie par un pacte d’assistance. Daladier était persuadé que la France n’était pas prête encore à affronter une guerre. La Grande-Bretagne, elle, en restait aux

« bons offices », malgré l’accueil triomphal fait par Paris aux souverains britanniques en juillet 1938. Le

21 août, à la radio, le président du Conseil lança au pays un cri d’alarme, lui demandant de « remettre la France au travail » ; cette demande d’augmentation des heures de travail se heurta à l’hostilité de ceux pour qui les lois sociales de 1936 étaient intangibles. Le ministre des Travaux publics,

L. O. Frossard, et le ministre du Travail, P. Ramadier, démissionnèrent (23 août). Peu après, la crise tchèque éclatait : le plan de compromis établi par Daladier et Neville CHAMBER-LAIN*, accepté en désespoir de cause par BENEŠ*, fut rejeté par HITLER* et MUSSOLINI*. La guerre paraissait

inévitable ; le 24 septembre, le gouvernement français décida de rappeler 400 000 réservistes. La Grande-Bretagne menaçant d’entrer en guerre aux côtés de la France, Hitler accepta la suggestion de ROOSEVELT* de la réunion d’une conférence : celle-ci se tint à Munich le 29 septembre et réunit Hitler, Mussolini, Daladier et Chamber-lain. La Tchécoslovaquie fut, en fait, livrée à l’arbitraire allemand, mais la guerre était momentanément conjurée : l’arrivée de Daladier à Paris, au retour de Munich, fut triomphale. Cependant, la politique hitlérienne d’agression se