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poursuivait : dès l’automne de 1938, Hitler formulait officiellement ses revendications sur Dantzig. Daladier, obsédé par l’idée de gagner du temps pour permettre à la France de renforcer son potentiel défensif, temporisa : une déclaration franco-allemande, le 6 décembre à Paris, n’apporta rien de solide. Devant les revendications italiennes (Savoie, Corse, Tunisie, Dji-bouti), Daladier fut beaucoup plus ferme. Le 15 mars 1939, Hitler occupait toute la Tchécoslovaquie et le 22 mai, c’était, entre l’Italie et l’Allemagne, la signature du « pacte

d’Acier ». Daladier demanda les pleins pouvoirs lui permettant de porter à quarante-cinq heures la durée normale du travail et d’établir un impôt extraordinaire sur les bénéfices des industries de guerre (29 mars). Sa position était renforcée par la décision britannique de s’engager inconditionnellement sur le continent et de rétablir (29 avr.) le service militaire obligatoire. Mais une négociation franco-soviéto-britannique n’aboutit pas, et un pacte de non-agression germano-soviétique fut signé le 24 août. Le 1er septembre, les troupes allemandes pénétraient en Pologne. Le 3, la France et la Grande-Bretagne dé-

claraient la guerre à l’Allemagne. Et ce fut « la drôle de guerre ». Le 13 septembre 1939, Daladier remania son cabinet : outre la Défense nationale, il assuma les Affaires étrangères ; deux ministères furent créés : l’Armement, confié à Raoul Dautry, et le Blocus, confié à Georges Pernot. Le 26 septembre, le parti communiste fut dissous ; trente-cinq députés communistes furent arrêtés. La capitulation de la Finlande devant les Soviétiques

(12 mars 1940) mit le cabinet en mauvaise posture. Le 20 mars, Daladier, accusé de passivité, démissionna. Mais il conserva le portefeuille de la Dé-

fense, nationale et de la Guerre dans le cabinet formé par Paul Reynaud le 21 mars. L’échec, en avril-mai, de la tentative franco-anglaise pour couper en Norvège la « route du fer » aux Allemands fut attribué à Daladier, qui, le 18 mai, alors que les « Panzerdivisio-nen », ayant submergé la Belgique, dé-

ferlaient sur la France, passa le portefeuille de la Défense nationale à Paul Reynaud et prit celui des Affaires étrangères. Daladier s’efforça, alors,

d’éviter l’entrée en guerre de l’Italie.

Partisan de la poursuite de la guerre en Afrique du Nord, il fut éliminé, lors d’un ultime remaniement du ministère, le 5 juin. Après l’armistice, il fut surveillé, puis incarcéré jusqu’à l’ouverture du procès de Riom (févr. 1942). Il n’eut aucune peine à se justifier et à montrer que la sécurité du pays avait été sa préoccupation constante durant quatre ans. Déporté en Allemagne en avril 1943, il n’en revint qu’en

1945. Constamment réélu député de 1946 à 1958, il assuma de nouveau la présidence du parti radical en

1957-58.

Paul Reynaud (Barcelonnette 1878 -

Neuilly 1966). Diplômé des Hautes Études commerciales, il représenta les Basses-Alpes (1919-1924), puis la Seine (1928-1940) à la Chambre : il siégea au centre, en indépendant. En 1921, il se fit l’avocat des accords de Wiesbaden instituant des réparations en nature. Il s’imposa très vite comme un « financier » brillant et comme un gouvernant actif. Ministre des Finances dans le deuxième cabinet Tardieu

(mars-déc. 1930), il fut ministre des Colonies dans les trois cabinets Laval (1931-32), garde des Sceaux et vice-président du Conseil dans le troisième cabinet Tardieu (févr.-mai 1932). Lors de la conférence économique mondiale de Londres (juin 1933), il soutint que le marasme économique de la France tenait à la concurrence faite aux produits français dans les pays à monnaie dévaluée. Plus tard et en de multiples occasions, il affirma la fidélité de la France au bloc-or et sa répugnance à dévaluer le franc. À partir de 1936, documenté par le colonel de GAULLE*, il demanda la constitution d’un corps de chars cuirassés destiné à servir de force de choc ; mais ses vues ne purent triompher des partisans de la défensive et de la ligne Maginot. Le 10 avril 1938, Édouard Daladier lui confia le portefeuille de la Justice : Paul Reynaud se montra hostile à la politique de Munich et mena campagne contre le ministre des Affaires étrangères Georges Bonnet. Le 1er novembre, Paul Marchandeau accepta d’échanger avec lui le portefeuille des Finances pour celui de la Justice. Dès le 12, Reynaud développa à la radio un programme

depuis longtemps mûri ; un train de 42 décrets-lois lui permit, à partir du 13, de le mettre en action : impôts nouveaux, économies massives, semaine de travail portée en fait de quarante à quarante-huit heures, suppression des majorations d’heures supplémentaires.

Par ailleurs, Reynaud se montra partisan d’une politique intransigeante à l’égard de l’Allemagne. Entre Daladier et lui, la rivalité grandit avec l’en-trée de la France dans la SECONDE

GUERRE* MONDIALE (3 sept. 1939).

Quand Daladier démissionna (20 mars 1940), ce fut naturellement à Paul Reynaud que le président Lebrun recourut pour former un cabinet de Défense nationale. Paul Reynaud prit le portefeuille des Affaires étrangères, mais il garda Daladier à la Défense nationale. Ne pouvant songer à une offensive directe contre les Allemands, il voulut développer une « stratégie péri-phérique », ce qui l’amena à envoyer le général WEYGAND* en Syrie dans l’espoir — qui se révéla vain — de reconstituer un nouveau « front de Salonique ». La guerre russo-finlandaise ayant attiré l’attention des belligérants sur la Scandinavie, riche en minerai de fer, utilisé par les Allemands, il essaya, d’accord avec les Britanniques, de couper la « route du fer », qui partait des rives norvégiennes. L’invasion de la Norvège et du Danemark par les Allemands fit échouer cette opération downloadModeText.vue.download 45 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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de diversion : cet échec allait déterminer Reynaud à la démission (9 mai), quand eut lieu l’invasion de la Belgique et de la Hollande par les troupes du IIIe Reich (10 mai). Désireux de faire face malgré tout, Paul Reynaud remania son ministère (18 mai) : il fit passer Daladier aux Affaires étrangères et prit le portefeuille de la Défense nationale ; le maréchal PÉTAIN* fut fait vice-pré-

sident du Conseil et ministre d’État. Le 19 mai, alors que la débâcle se dessi-nait, GAMELIN* fut limogé au profit de Weygand. Reynaud avait voulu rendre confiance au pays en appelant les populaires soldats qu’étaient Pétain et Weygand, mais il lui fallut compter de

plus en plus avec leur forte personnalité et avec leurs avis, qui allaient s’opposer aux siens, notamment en matière d’armistice : Weygand — appuyé par Pétain — réclama celui-ci avec insistance à partir du 12 juin. Pour renforcer son cabinet, Paul Reynaud avait, le 5 juin, éliminé Daladier et repris le portefeuille des Affaires étrangères ; en même temps, il avait constitué un sous-secrétariat d’État à la Défense nationale, confié au général de Gaulle.

Mais il était trop tard : les Allemands avançaient rapidement ; le 10 juin, le gouvernement quittait Paris pour Tours puis Bordeaux, où Paul Reynaud en vint à l’idée d’un repli en Afrique du Nord.

Mais, débordé par Pétain et Weygand, Reynaud démissionna le 16 juin. Interné sur l’ordre de Pétain (sept. 1940-1942), il fut déporté par les Allemands (1942-1945). Après la Seconde Guerre mondiale, il fut député du Nord (1946-1962) et se fit l’un des champions de l’unité européenne.

P. P.

République (IVe)

Régime de la France du 3 juin 1944 au 5 octobre 1958.

Aux origines de la

IVe République

Premières mesures