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gné en Corse le 20 août par le général Guillaume et remplacé le jour même par son oncle MuḤammad ibn ‘Arafa (20 août 1953 - 1er oct. 1955). Elle se dégrade encore plus en Indochine. Le sort de cette dernière se scelle à Diên Biên Phu où la garnison française capitule le 7 mai 1954, alors que se tient à Genève depuis le 26 avril une confé-

rence internationale sur le problème indochinois.

Durement ressenti en France, le

désastre fait éclater les divisions de la majorité, ébranlée par les péripéties de l’élection présidentielle du 23 dé-

cembre 1953 et par la querelle de la C. E. D., qui rapproche épisodiquement gaullistes, communistes et chefs de l’armée (discours du maréchal Juin à Auxerre le 31 mars 1954). Le 12 juin, le gouvernement Laniel tombe, victime d’un réquisitoire de Pierre Mendès France, qui lui succède.

La parenthèse Mendès

France (19 juin 1954 -

6 févr. 1955)

L’opinion publique pense que Pierre Mendès France est capable de restaurer l’autorité de l’État et de lever les hypothèques coloniales. Radical-socialiste, il réunit les ailes gauches réformistes de différents partis. Il est soutenu par les socialistes (qui lui refusent pourtant leur participation) et par les républicains sociaux, mais il a contre lui le M. R. P. et une partie des modérés.

Il réussit tout d’abord à signer dès le 20 juillet 1954 les accords de Genève, entraînant le partage en deux du Viêtnam et la neutralisation du Laos et du Cambodge. Le soulagement de la France est grand : sept ans et demi de guerre ont coûté près de 100 000 morts et environ 3 000 milliards d’anciens francs. En Afrique du Nord, le 31 juillet (discours de Carthage), le président du Conseil reconnaît le droit de la Tunisie à l’octroi de l’autonomie interne, premier pas vers l’indépendance. Ensuite, bien qu’il ait tenté, pourtant, de faire atténuer le caractère supranational de la C. E. D. lors de ses entretiens de Bruxelles du 19 au 22 août, il renonce à engager dans le débat de ratification l’existence de son gouvernement, afin d’en maintenir la cohésion. L’Assemblée peut donc refuser sans difficulté la C. E. D. le 30 août, arrêtant provisoirement la construction de l’Europe, sans pour autant empêcher le réarmement de l’Allemagne, consacré par les accords de Paris du 23 octobre, qui intègrent ses forces dans l’O. T. A. N.

Le gouvernement, qui s’aliène ainsi définitivement le M. R. P., heurte en outre les modérés par le dirigisme de son programme économique et social, dont Edgar Faure assure la réalisation ; d’autre part, il mécontente électeurs et députés de l’Ouest en prenant le 20 novembre douze décrets antialcooliques, qui restreignent en particulier les privilèges des « bouilleurs de cru ». Enfin, il inquiète le M. R. P. et le P. C. F. en faisant voter le 30 novembre pour renforcer la stabilité ministérielle une ré-

vision constitutionnelle. Celle-ci rétablit en effet les pouvoirs législatifs du Conseil de la République et laisse en place le président du Conseil en cas de dissolution ; surtout, elle n’exige plus la majorité absolue pour l’investiture du président du Conseil, mais la main-

tient pour le refus de la confiance. Dans le même dessein, le gouvernement

Mendès France propose le rétablissement du scrutin d’arrondissement le 5 janvier 1955. En fait, ce dernier projet aurait déterminé sa chute, si celle-ci ne l’avait été par le déclenchement de l’insurrection algérienne le 1er novembre 1954. Considérant, comme le déclare le 12 novembre son ministre de l’Intérieur, François Mitterrand, que

« l’Algérie, c’est la France », le gouvernement refuse toute concession à l’égard de la « sédition » et nomme le 25 janvier 1955 Jacques Soustelle gouverneur général de l’Algérie. Gaulliste, certes, mais connu pour avoir été un homme de gauche actif avant 1939, celui-ci se heurte aux partisans de l’Algé-

rie française avant d’en devenir le leader. Et c’est l’un d’eux, d’ailleurs un radical, René Mayer, qui, le 5 février, prononce le réquisitoire décisif entraî-

nant le 6 la mise en minorité du chef du gouvernement, auquel les parlementaires reprochent en outre son style : nomination de ministres sans consultation des partis, contacts directs par la radio avec l’opinion publique, etc.

La fin d’une époque :

le ministère Edgar Faure

(23 févr. 1955 -

24 janv. 1956)

Reconstituant au terme d’une longue crise un gouvernement de centre droit, Edgar Faure, sous le couvert de son ministre des Finances, Pierre Pflimlin, continue de pratiquer une politique économique de prospérité. Le 28 mars 1955, il fait ratifier les accords de Paris, qui autorisent l’accès de la R. F. A. à l’O. T. A. N., et profite de la politique de détente inaugurée par les dirigeants soviétiques depuis la mort de Staline, en 1953, pour signer le traité d’État de Vienne, qui met fin à l’état de guerre avec l’Autriche le 15 mai. Il charge son ministre des Affaires étrangères, Antoine Pinay, de participer les 1er et 2 juin à la conférence de Messine, qui doit relancer l’idée européenne.

Mais, par contre, il ne peut empêcher la situation de se dégrader en Afrique du Nord. Aussi autorise-t-il Ḥabīb Bourguiba à regagner la Tunisie le 1er juin et contraint-il MuḤammad ibn

‘Arafa à restituer de facto, le 30 sep-

tembre, le trône du Maroc à son neveu MuḤammad V, restauré en vertu des accords de La Celle-Saint-Cloud du 6 novembre, qui jettent les bases de l’indépendance du Maroc « dans l’interdépendance ». Mais, contrairement à sa politique marocaine, sa politique algérienne est vivement combattue par downloadModeText.vue.download 50 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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la gauche, qui refuse d’approuver le vote par les Assemblées de la loi d’urgence suspendant les libertés publiques en Algérie les 31 mars et 1er avril 1955. Edgar Faure, combattu par Pierre Mendès France, qui devient le maître réel du parti radical le 3 novembre, tente, en vain, d’obtenir de l’Assemblée nationale qu’elle abrège son mandat le 21 octobre et qu’elle accepte le rétablissement du scrutin d’arrondissement. Renversé le 29 novembre par la majorité absolue des députés, moins de dix-huit mois après la chute de René Mayer dans les mêmes conditions, il dissout l’Assemblée nationale le 30.

Mais il est exclu du parti radical le 2 décembre pour avoir pris, le premier depuis les 16 mai et 25 juin 1877, cette décision que certains assimilent à un coup d’État. De ce fait, il se heurte aussitôt à la constitution, sous l’égide de Pierre Mendès France, d’un Front républicain qui regroupe les socialistes, les radicaux, la fraction de l’U. D. S. R.

animée par François Mitterrand et celle des républicains sociaux dirigés par Jacques Chaban-Delmas. Finalement, Edgar Faure perd les élections du 2 janvier 1956 en raison du succès des listes présentées par l’U. D. C. A.

(Union de défense des commerçants et artisans), constituée par le mouvement antifiscal, antieuropéen et anti-parlementaire de Pierre Poujade, qui rassemble 2 451 555 suffrages, c’est-à-

dire 11,4 p. 100 des voix.

Le Front républicain et

son échec (29 janv. 1956 -

15 avr. 1958)

Le ministère Guy Mollet (29 janv.

1956 - 21 mai 1957)

En fait, les deux véritables vainqueurs de la consultation sont le parti communiste et les poujadistes (150 et 52 élus au lieu de 98 et 0). Le succès de ces deux forces antagonistes rend naturellement impossible le maintien au pouvoir de la coalition de centre droit, dont les trois éléments moteurs, les modérés, le M. R. P. et les républicains sociaux, se réduisent respectivement dans le même temps, de 135 à 95, de 87 à 73 et de 68 à 21 députés. Mais il ne permet pas non plus au Front républicain de disposer d’une majorité à l’Assemblée, puisque ses deux forces composantes principales perdent aussi des élus : la S. F. I. O. en a 95 au lieu de 103, et les radicaux (y compris R. G. R. et U. D. S. R.) en ont 91 au lieu de 99. En fait, même en tenant compte des 21 députés républicains sociaux, le Front républicain ne peut compter que sur 207 élus au maximum, alors que la majorité absolue est de 297 (593 dépu-tés au total). Mais le centre de gravité de l’Assemblée s’étant déplacé vers la gauche, le président de la République décide de confier le pouvoir à l’un des ses leaders : il fait appel au secrétaire général de la S. F. I. O., Guy Mollet.