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breux emprunts au F. M. I. (131 millions de dollars), à l’Union européenne des paiements, (250 millions de dollars) et aux États-Unis (274 millions de dollars en janvier 1958), ces mesures doivent faciliter le démarrage du troisième plan, dont le texte est remis au gouvernement en janvier 1958. Mais la hausse des prix qui en résulte doit être compensée le 1er janvier 1958 par un relèvement du S. M. I. G.

Félix Gaillard réussit, par ailleurs, à faire voter le 29 novembre 1957

une loi-cadre et une loi électorale sur l’Algérie (adoptées définitivement le 31 janvier 1958). Ces lois atténuent les effets de l’institution du Collège unique par la création d’assemblées consultatives représentatives des différentes communautés. Mais le bombardement, le 8 février 1958, par l’aviation fran-

çaise, du village de Sakiet-Sidi-Yous-sef pour mettre un terme aux tirs et aux raids des fellaga algériens à partir du territoire tunisien, puis l’acceptation, le 17 février, par la France, de la mission anglo-américaine des « bons offices »

de Robert Daniel Murphy et Harold Beely, à la suite de la plainte du pré-

sident Ḥabīb Bourguiba, provoquent la chute du gouvernement (15 avr.).

La crise du 13 mai et

la fin de la IVe République

Marquée par les succès relatifs des modérés et du M. R. P. aux élections cantonales des 20 et 27 avril 1958, la crise ministérielle contribue par sa longueur à accroître le mécontentement des Français d’Algérie, où se nouent les complots animés par des activistes souvent rivaux entre eux (Pierre La-gaillarde, Robert Martel, etc.). Tous comptent plus ou moins sur une intervention de l’armée. Celle-ci se produit lorsque, après les échecs de Georges Bidault et de René Pleven, le président de la République, René Coty, fait appel le 8 mai au président du M. R. P., Pierre Pflimlin, libéral, réputé partisan d’une solution négociée avec le F. L. N. en Algérie. Par télégramme retransmis aussitôt au chef de l’État dans la nuit du 8 au 9, le général Raoul Salan, commandant en chef en Algérie, fait, en effet, savoir au général Ély, chef d’état-major général, qu’« on ne saurait préjuger la réaction de désespoir

de l’armée » dans le cas où prévaudrait une solution d’abandon.

Léon Delbecque, détaché à Alger

par le ministre de la Défense nationale, Jacques Chaban-Delmas, depuis la fin de 1957, avait déjà réussi à regrouper activistes, poujadistes et gaullistes dans un Comité de vigilance autour du nom de Jacques Soustelle ; ce dernier devait prendre la tête en cas de crise, afin de faire plébisciter par le peuple algérois le nom du général de Gaulle.

Déjà réclamé le 23 mars par le Conseil national des républicains sociaux, le retour au pouvoir du général est aussi préparé en métropole par ses plus fi-dèles partisans (Michel Debré, Jacques Soustelle, Olivier Guichard).

La constitution définitive, le 12 mai, du cabinet de Pierre Pflimlin précipite les événements. Privé de la participation des socialistes, qui peuvent ainsi écarter du ministère de l’Algérie Robert Lacoste, mais désireux d’apaiser les partisans de l’Algérie française, P. Pflimlin confie le ministère de la Dé-

fense nationale à un M. R. P. modéré, Pierre de Chevigné, et celui de l’Algé-

rie à un indépendant, André Mutter, qui n’ont pas la réputation de « bradeurs ».

Rien n’y fait. Voulant en finir avec le régime, mais non pas faire la révolution pour le compte des gaullistes, les activistes, en marge du Comité de vigilance, profitent d’une manifestation d’hommage à trois soldats français fusillés par le F. L. N. pour s’emparer à 19 heures du Gouvernement général (le G. G.), à Alger, avec la complicité passive des parachutistes. À 20 h 40, ils constituent un Comité de salut public civil et militaire, dont le général Massu accepte de prendre la présidence pour le placer sous le contrôle de l’armée, tandis que le président démissionnaire, Félix Gaillard, confie au général Salan tous les pouvoirs civils et militaires en Algérie quelques heures avant l’investiture, le 14 mai, du nouveau gouvernement par 274 voix contre 129 et 137 abstentions.

Le commandant en chef, qui est

confirmé dans ses fonctions le 14, laisse le général Massu réclamer à 5 heures du matin la constitution d’un gouvernement de salut public présidé

par le général de Gaulle, avant d’acclamer lui-même le nom de ce dernier le 15.

Malgré la rentrée des socialistes au gouvernement, où Jules Moch devient ministre de l’Intérieur le 15 et malgré le vote de l’état d’urgence le 16, le pouvoir réel échappe à P. Pflimlin au profit du général de Gaulle, qui se dé-

clare « prêt à assumer les pouvoirs de la République » dans la légalité, comme il le précisera au cours de la conférence de presse du Palais d’Orsay le 19. Le 17, le général Ély démissionne, et Jacques Soustelle arrive à Alger ; le 24

se constituera en Corse un Comité de salut public. Plusieurs hommes politiques se rallient à la candidature du général de Gaulle : Georges Bidault le 21 ; Antoine Pinay, qui se rend à Co-lombey-les-Deux-Églises le 22 ; Pierre Pflimlin lui-même, qui rencontre le général de Gaulle dans la nuit du 26 au 27 à Saint-Cloud. Aussi celui-ci peut-il annoncer, le 27 à 12 heures, qu’il a « entamé hier le processus régulier nécessaire à l’établissement d’un gouvernement républicain capable d’assurer l’indépendance et l’unité du pays ».

Pierre Pflimlin, qui a fait alors voter une réforme constitutionnelle le 27, dé-

missionne le 28, rendant possible l’appel du président de la République René Coty au « plus illustre des Français », appel annoncé par message au Parlement le 29. Préparé par un échange de correspondance avec Guy Mollet les 25 et 26, et avec Vincent Auriol les 26

et 28 ainsi que par deux entrevues avec les présidents des Assemblées, André Le Troquer et Gaston Monnerville, dans la nuit du 28 au 29 et avec Guy Mollet et Maurice Deixonne à Colom-bey le 29, le ralliement de 42 députés socialistes sur 95 permet finalement l’investiture du général de Gaulle le 1er juin par 329 voix contre 224 et 32 abstentions, 4 députés étant excusés ou absents.

Le général de Gaulle s’entoure

des chefs de partis traditionnels, nommés ministres d’État (Guy Mollet [S. F. I. O.], Pierre Pflimlin

[M. R. P.], Félix Houphouët-Boigny

[U. D. S. R.-R. D. A.], Louis Jacqui-not [indépendant]) ou ministre des

Finances (Antoine Pinay). Il confie les Affaires étrangères, l’Intérieur et le ministère des Armées à trois techniciens (Maurice Couve de Murville, Émile Pelletier et Pierre Guillaumat), et il ne fait entrer dans son gouvernement que trois de ses partisans : André Malraux, ministre délégué à la présidence du Conseil, Edmond Michelet, ministre des Anciens Combattants, et surtout Michel Debré, qui, en tant que garde des Sceaux, a la charge de préparer, sous le contrôle d’un Comité consultatif constitutionnel, le texte de la Constitution de la Ve République dans le respect de trois principes essentiels : suffrage universel, séparation des pouvoirs, responsabilité du gouvernement devant le Parlement. Ainsi en décide la loi constitutionnelle votée le 2 juin et promulguée le 3, en même temps que les lois accordant au gouvernement les pouvoirs spéciaux en Algé-

rie et pour six mois les pleins pouvoirs politiques et économiques. Comme le Conseil de la République, l’Assemblée nationale se met alors en vacances le 3 juin, laissant au chef du nouveau gouvernement le soin de la convoquer si nécessaire avant la rentrée officielle des Chambres.

Conclusion

Si, en droit, le terme de la IVe République peut être fixé du 5 octobre 1958, date de la publication au Journal officiel de la Constitution de la Ve République, ou au 8 janvier 1959, date de l’entrée en fonction du général de Gaulle comme président de la République, en fait le régime institué en 1946 achève de mourir le soir du 3 juin 1958. Il disparaît victime à la fois de la faiblesse de ses institutions, de son incapacité à résoudre le problème algé-