Выбрать главу

Quant à l’armée de l’air, elle est équipée en 1945 de matériels alliés (« Spitfire »,

« Mustang », Marauder « B-26 », « Dakota ») ou allemands (Junker « 52 ») très hétéroclites, et c’est avec ces avions fatigués et en nombre insuffisant qu’elle doit s’engager de nouveau en Indochine, puis en Algérie.

Elle y assumera, en liaison avec l’aéronavale, des missions de transport (ravitaille-ments, parachutages, évacuations...), de bombardement et surtout d’appui au sol.

En Algérie, elle engagera à terre des unités de fusiliers et de commandos de l’air.

En France, le territoire est divisé depuis 1946 entre les quatre régions aériennes de Dijon, de Paris, de Bordeaux et d’Aixen-Provence ; depuis 1949, une partie de l’aviation tactique est intégrée dans le dispositif allié de l’O. T. A. N.

LA GUERRE FROIDE

Entraînant la conclusion des traités de Bruxelles (1948) et de l’Atlantique* Nord (1949), la guerre froide rend aux armées la conscience de leur utilité. La nomination, en 1948, du général de Lattre comme commandant en chef des forces terrestres de l’Europe occidentale, puis celle des géné-

raux Juin* (1951-1956) et Valluy (1956-1960) à la tête du secteur Centre-Europe de l’O. T. A. N. témoignent de la place reprise par la France dans l’organisation militaire alliée. L’aide américaine reçue au titre du programme d’assistance militaire (1949), relayée désormais par les fabrications d’armement nationales, autorise un renouvellement partiel des matériels, tandis que la réouverture des écoles de guerre (1948) et la création d’un Institut des hautes études de défense nationale (1948) marquent la reconstitution de l’enseignement militaire supérieur. Des recherches sur l’adaptation des unités à la guerre nucléaire aboutissent à la mise sur pied de divisions expérimentales, et, en 1954, le gouvernement décide d’entreprendre les recherches fondamentales qui doivent conduire à la fabrication de l’arme nucléaire par la France. En 1955

sont regroupés à Colomb-Béchar tous les organismes d’études et d’expérimentation des missiles.

À cette époque, la reconstitution de l’industrie aéronautique, détruite à 95 p. 100

en 1945, permet de remplacer dans l’ar-mée de l’air les appareils étrangers par des avions de construction française, tels l’« Ouragan », premier appareil français à réaction, le « Nord 2501 » (1953), le « Mystère » (1954), le « Vautour » (1955) et le

« Mirage III » (1958). Les effectifs de l’armée de l’air passent de 91 000 hommes en 1951

à 137 000 en 1955, et son budget passe de 23 à 31 p. 100 du budget militaire.

LA GUERRE D’ALGÉRIE

Quelques mois après Diên Biên Phu, la Toussaint de 1954 marque en Algérie* le début d’une nouvelle épreuve, où l’armée sera engagée plus totalement encore qu’en Indochine. Le développement de l’insurrection conduit le gouvernement, au printemps de 1955, à envoyer en Algérie des divisions constituées avec tout leur personnel, y compris les jeunes appelés accomplissant leur service militaire. L’année suivante, cette forme de guerre exigeant des effectifs toujours plus nombreux, il est décidé de mobiliser 2 500 officiers de réserve et de rappeler ou de maintenir sous les drapeaux pour une durée de six à neuf mois les hommes ayant accompli leurs obligations légales (18 mois). Ces mesures portent l’armée de terre de 670 000

hommes en 1956 à 740 000 en 1957 (dont 400 000 en Algérie). Le budget militaire atteint 26,8 p. 100 du budget global (soit 7 p. 100 du P. N. B.).

En novembre 1956, l’expédition de Suez (v. Israël) se solde, pour les forces fran-

çaises qui y sont engagées, par une déception d’autant plus vive qu’elles s’étaient senties militairement maîtresses de la situation.

Impliquées chaque jour davantage dans l’imbroglio algérien, les armées, profondé-

ment déçues de l’inutilité de leurs sacrifices en Indochine, en Tunisie et au Maroc, découragées par les hésitations des gouvernements entre la fermeté et la faiblesse, sont préparées à soutenir l’avènement d’un pouvoir fort, qui s’engagerait à « définir une Algérie nouvelle indissolublement liée à la France ». Cet état d’esprit explique leur adhésion enthousiaste au retour du général de Gaulle lors de la crise de mai-juin en 1958. Il marque une évolution profonde dans la tradition militaire française

et sera l’origine de graves malentendus entre l’armée et les premiers gouvernements de la Ve république.

B. de B.

La marine nationale

(1945-1958)

Très durement éprouvée par la Seconde Guerre mondiale, la flotte française, reconstituée en 1943-44, se renforce en 1945

de bâtiments livrés par les Allemands et les Italiens ou prêtés par les Alliés. À partir de 1950, les tranches annuelles de construction navale atteignent environ 30 000 t et permettent une certaine rénovation de la marine, marquée par la mise en chantier, de 1951 à 1955, d’une trentaine d’escorteurs (type Surcouf et le Corse), de quelques sous-marins et, en 1955 et en 1957, de deux porte-avions de 22 000 t (le Clemenceau et le Foch). De 1945 à 1954, la marine apporte une lourde contribution à la guerre d’Indochine, qu’il s’agisse des transports ou de la participation au combat de l’aéronavale et des divisions navales d’assaut. Dès 1954, elle est engagée de nouveau dans le conflit algérien ; outre la surveillance des côtes et sa participation à l’expédition de Suez (1956), elle entretient en Algérie une demi-brigade de fusiliers marins qui tient le secteur de Nemours.

Son effectif, voisin de 65 000 hommes, monte à 82 000 hommes en 1957. Indé-

pendamment des hypothèques indochinoises ou algériennes, une partie notable de la flotte a été incluse dans le dispositif naval du pacte atlantique. En 1958 est créée à Cherbourg une École d’application maritime de l’énergie atomique, où seront effectuées les premières études d’un sous-marin à propulsion nucléaire.

P. D.

République (Ve)

Régime de la France depuis 1958.

La réforme de l’État

Deux jours après le « coup de force »

du 13 mai 1958 à Alger, le général de Gaulle* se déclare « prêt à assumer les pouvoirs de la République ». Élu pré-

sident du Conseil le 1er juin, il forme, à l’appel du président René Coty, le dernier gouvernement de la IVe Répu-

downloadModeText.vue.download 53 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

9388

blique*, et demande les moyens nécessaires pour apporter les « changements indispensables » à la Constitution. La réforme de l’État est en effet, pour le général de Gaulle, la condition pré-

alable au règlement des deux grands problèmes hérités de la IVe République : la guerre d’Algérie* et l’équilibre économique et financier.

Les 2 et 3 juin, avant de se séparer, l’Assemblée nationale et le Conseil de la République accordent au gouvernement par 350 voix contre 161

et 70 abstentions, les pleins pouvoirs constituants, qui seront exercés avec l’avis d’un « Comité consultatif constitutionnel » (composé, pour les deux tiers, de membres du Parlement). Ne différant pas sensiblement du projet dont le général de Gaulle a défini les grandes lignes dans son fameux discours de Bayeux le 16 juin 1946, la nouvelle Constitution instaure un régime reposant sur l’équilibre des pouvoirs (v. France, les institutions françaises).

Le 28 septembre, la Constitution est approuvée par la grande majorité des électeurs (79,25 p. 100 des suffrages exprimés). Élue les 23 et 30 novembre au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, l’Assemblée compte

189 députés gaullistes ou apparentés, réunis sous l’étiquette de l’Union pour la nouvelle République (U. N. R.), mouvement politique fondé le 1er octobre précédent. L’un de ses membres, Jacques Chaban-Delmas, devient