La croissance a lieu pendant la saison chaude : elle commence en mars, est maximale en mai, puis diminue.
Parallèlement, les réserves lipidiques s’accumulent dans les tissus de mai à octobre. L’adulte de grande taille est le pilchard. En Méditerranée, la Sardine est mature plus tôt (2 ans ; taille : 12 cm) et meurt plus jeune, dépassant rarement 5 ans et 16 cm.
Dans chacune de ses aires de dis-
persion, on observe chez la Sardine, comme chez le Hareng, une augmentation du nombre de vertèbres quand la latitude croît. Ainsi, les Sardines des côtes africaines de la Méditerranée ont en moyenne 51,3 vertèbres, et celles de la Manche 52,3.
La Sardine est relativement sténotherme, et sa distribution se limite aux isothermes de surface 12° et 20°.
Toutefois, les individus plus âgés ont tendance à remonter plus loin vers le nord, et c’est ainsi que les individus de grande taille, ou pilchards, se rencontrent près des côtes anglaises. La Sardine est également sténohaline et recherche les eaux salées.
Importance économique
des Clupéiformes
Les Clupéidés représentent, avec les Engraulidés (Anchois) voisins, près de la moitié du tonnage annuel des pêches marines. On pêche sur les côtes de l’Atlantique, outre la Sardine et le Hareng (Clupea harengus), le Sprat (C. sprattus), l’Allache (Sardinella aurita), l’Alose (Alosa alosa) et la Finte (A. ficta). Le Pacifique Nord héberge une sous-espèce de notre Hareng (Clupea harengus Pallasi), une Sardine (Sardinops caerulea) et la grande Alose (A. sapidissima). Les eaux tropicales africaines sont peuplées de Sardinelles (S. eba et S. aurita) et l’hémisphère Sud de Sardines (Sardinops sagax
en Afrique et S. neopilchardus en Australie).
En 1969 (statistiques de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture), on a pêché 8 200 000 t de Clupes, dont 4 p. 100 dans l’océan Indien, 41 p. 100 dans l’Atlantique et 55 p. 100
dans le Pacifique. Ces Poissons sont pêchés soit au filet maillant, soit au filet tournant, éventuellement au chalut. Les statistiques pour la France, en 1971, sont les suivantes (revue France-Pêche), en tonnes :
downloadModeText.vue.download 522 sur 621
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17
9857
11 100 t de Harengs sont utili-
sées fraîches, 20 000 t sont salées et 3 000 mises en boîtes de conserve.
Pour la Sardine, 27 700 t sont utilisées à l’état frais, 11 000 t sont mises en conserve et 11 900 t sont congelées.
Le Poisson frais, salé ou congelé n’est pas forcément consommé tel
quel, et la transformation ne se limite pas à la boîte de conserve — inventée en 1824 par le Nantais Joseph Colin.
Les modes de conservation de Clupes ont été — et sont encore parfois —
très variés : séchage (après salage) ; saumure (à 16-25 p. 100) — il faut 4 mois pour la Sardine ; fumage (suivi actuellement de surgélation ou de mise en boîte hermétique) ; marinage (dans le vinaigre salé) ; autolysat (par exemple, le nuoc mam vietnamien).
La mise en boîte hermétique se faisait à l’origine à partir de Sardines frites à l’huile ; actuellement, on les cuit à la vapeur. En 1960, les conserves en boîte hermétique comprenaient
20 p. 100 de Sardines, 10 p. 100 de Harengs, 5 p. 100 d’Anchois, 20 p. 100
de Thons, 5 p. 100 de Maquereaux, 14 p. 100 de Saumons, le reste étant représenté par les autres Poissons et par les coquillages.
Depuis quelques années se déve-
loppent les procédés de congélation (conservation courte) et de surgé-
lation (conservation, longue). Il faut savoir également qu’ont droit à l’appellation de Sardines en boîte hermétique, outre la Sardine proprement dite, le petit Hareng, le Sprat, la Sardinelle ou Allache et les Sardines du Pacifique. Enfin, parmi les productions annexes auxquelles donnent lieu les Clupes, citons l’huile (siccatifs, graisses lubrifiantes), les farines de Poisson (nourriture du bétail et de la volaille), les engrais liquides, la colle forte, la gélatine (industries alimentaire et photographique), les extraits protidiques ou « blanc d’oeuf » (pâtisseries, fromages, potages en poudre, mayonnaise), etc.
R. B.
L. Bertin et C. Arambourg, « Systématique des Poissons » in Traité de zoologie, sous la dir.
de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1958).
/ J. Besançon, Géographie de la pêche (Gallimard, 1965).
Sargasses
Algues brunes Phéophycées, de l’ordre des Fucales, au thalle particulièrement compliqué.
Elles sont en effet constituées de sortes de « tiges », épaisses et ramifiées, portant des expansions planes imitant presque parfaitement des
feuilles de plantes supérieures, et des petits arbuscules portant eux-mêmes des flotteurs et les organes reproducteurs. La présence de flotteurs maintient la plante dressée dans l’eau et, si un fragment est rompu, lui permet de flotter. Normalement, les pieds sont fixés au fond ; les formes flottantes ne représentent qu’un cas particulier.
Les Sargasses sont des Algues benthiques très répandues dans les eaux chaudes ou tempérées. Comme les
autres Fucales, elles constituent géné-
ralement des populations étalées horizontalement, des ceintures, en fonction du niveau de la mer. Ce sont elles qui forment, en milieux tropicaux, les vé-
gétations de couleur jaune du niveau supérieur, avec un autre genre voisin, Turbinaria. Algues coriaces, elles résistent assez bien aux mouvements de ressac. Elles sont connues depuis toujours en Méditerranée, mais il est remarquable qu’elles ont envahi le sud de l’Angleterre récemment, ce qui inquiète fortement les populations riveraines, qui craignent, avec raison, que leur implantation et leur expansion ne modifie fâcheusement l’équilibre biologique côtier local.
Les Sargasses font immédiatement
penser à la mer des Sargasses ; comme on vient de le voir, ce sont des Algues bien plus largement répandues à la surface du globe et, de plus, la mer des Sargasses, située au voisinage des Bermudes, n’est pas le seul exemple connu, bien que ce soit le plus beau. Il s’agit en réalité d’une accumulation de Sargasses flottantes, au moins en partie arrachées des côtes voisines et regroupées par l’action des courants en un point central. Une certaine dispersion, provoquée notamment par le vent, fait que l’ensemble se montre sous forme de masses plus ou moins étendues de Sargasses emmêlées entre elles, sépa-rées par des espaces de mer libre.
Ces Sargasses proviennent donc des côtes voisines, mais elles peuvent également pousser et bouturer en pleine eau. On a admis que certaines appar-
tiendraient à des espèces particulières, non retrouvées sur les côtes, mais en réalité le genre Sargassum est très nombreux et complexe et il est très difficile d’y délimiter les espèces.
Ces accumulations de Sargasses
créent en haute mer un milieu très spécial ; ce n’est pas un faciès planctonique, et, bien qu’il s’agisse du domaine hauturier, l’ensemble est très voisin de ce qui se manifeste à proximité des côtes (populations benthiques). On a comparé ces masses à des îles flottantes, et cette expression est très bonne pour marquer les conditions du milieu. On trouve évidemment une flore associée d’Algues épiphytes ou emmêlées, toutes des espèces cô-
tières ; les animaux fixés sur les Algues ne sont pas non plus planctoniques ou pélagiques. Outre le célèbre Hémip-tère Halobates, qui est le seul Insecte marin, on y rencontre en abondance des Crabes, des Mollusques, des Amphipodes, des Hydraires, des Actinies, des Annélides, des Planaires ; on trouve également, ce qui signe la nature « cô-
tière » des conditions, des Procordés du genre Amphioxus. Parmi les Poissons, on peut signaler des Syngnathes (voisins des Hippocampes), des Diodons (Poissons-Ballons) et surtout le genre Antennarius, qui nidifie dans ce milieu en accrochant ses oeufs aux Algues par du mucilage. Bien entendu, un tel milieu favorise une pullulation bacté-