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à menacer sérieusement les confins septentrionaux du pays. Pérôz (459-484) meurt en les combattant. À cette époque, les Juifs subissent une forte persécution, surtout à Ispahan, où ils sont nombreux. Les chrétiens nestoriens sont favorisés, car ils s’opposent aux monophysites d’Édesse, en territoire romain.

Kavadh (488-531) accorde son appui au programme d’un réformateur religieux, Mazdak, qui entend établir la communauté des biens et des femmes,

et qui préconise l’abolition des privilèges. Sans doute voit-il dans cette doctrine nouvelle une arme qui lui permettrait de briser la puissance des nobles. Mais ce sont ces derniers qui l’emportent en l’emprisonnant (496) et en l’obligeant à fuir chez les Huns.

Kavadh ne revient en Iran qu’avec l’aide de l’armée hunnique. Mais le mazdakisme progresse et devient de plus en plus violent. L’historien Tansar (contemporain de Khosrô Ier) a décrit les révoltes et les pillages des maisons nobles. Kavadh réunit un colloque religieux de chrétiens, de mazdéens et de mazdakites : ces derniers sont confondus, et leurs leaders sont massacrés par les soldats (528-29).

Khosrô Ier (le Chosroês des Grecs)

[531-579], surnommé Anôcharvân

(« À l’âme immortelle »), balaie les traces du mazdakisme en restituant les biens et les femmes à leurs seigneurs et maîtres. Il établit une discipline rigoureuse dans son armée, avec laquelle il se lance contre l’empire de Justinien*, pillant et saccageant Antioche (540), dont il déporte les habitants. Il anéantit le royaume des Huns Hephthalites, ce qui lui permet de porter la frontière à l’Oxus. Se méfiant des Turcs, il fait construire de nombreuses fortifications défensives. Enfin, il conquiert le Yémen (v. 570), qui est colonisé par ses soldats, dont les descendants gardent dans le pays le nom d’Abnā’

(les « Fils »). La dernière année de son règne, il est battu par les Byzantins à Mélitène (Malatya).

Khosrô II (590-628), dit Abharvêz Parviz (le « Victorieux »), est aidé à conquérir son trône contre un rival par l’empereur de Byzance Maurice, en échange d’une partie de l’Arménie.

De son séjour en pays byzantin, il ra-mène des habitudes peu conformes au mazdéisme et une favorite chrétienne, downloadModeText.vue.download 532 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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Chirin. Il profite de l’assassinat de Maurice en 602 pour attaquer l’Empire byzantin : raid jusqu’au Bosphore, prise de Damas et d’Antioche, pillage

de Jérusalem (en 614 avec massacre de chrétiens et rafle de reliques), incursion en Égypte en 619 (Alexandrie, Le Caire, les confins de l’Éthiopie). L’empereur Héraclius Ier contre-attaque, reprend l’Asie Mineure et l’Arménie, investit Ganzak et Dastgard, récupère les aigles romaines enlevées comme trophées et menace Ctésiphon en 627

(v. Héraclides). Khosrô est emprisonné et assassiné. Il avait amassé des trésors considérables et construit d’importants monuments. Après lui, les souverains se succèdent rapidement, tandis que l’anarchie règne à la Cour.

Yazdgard III (632-651), dernier roi sassanide, assiste à la conquête de ses États par les Arabes musulmans, vainqueurs à Qādisiyya (637), maîtres de Ctésiphon désertée, où ils raflent tous les trésors, victorieux encore à Neha-vend (642) et à Rey (643). En fuite, il se réfugie à Merv, où il est assassiné. La Perse perd son autonomie et en même temps sa religion nationale, qui, peu à peu, s’évanouit presque complètement.

Société et civilisation

sous les Sassanides

Le roi sassanide s’entourait d’un faste qui rehaussait sa majesté. On l’a décrit assis sur un trône somptueux, sous une couronne attachée au plafond tant elle était lourde d’or et de pierreries (91 kg), vêtu de tissus chamarrés d’or.

Dans sa salle d’audience, il était séparé de ses visiteurs par un rideau dont un dignitaire avait la garde. Le solliciteur se prosternait, et l’assistance était rangée selon la préséance. Les divers palais dont les ruines subsistent donnent une idée de ce faste par leurs proportions impressionnantes. Ardachêr Ier construisit la ville de Firuzābād, dominée par son temple du feu et à côté de laquelle s’élevait le palais royal, de plan rectangulaire, aux murs épais (jusqu’à 4 m) et pourvu d’un vaste iwān, pièce voûtée ouverte vers l’ex-térieur et qui dérive de l’apadana des Achéménides. Cet iwān se trouvait dans les autres palais, dont le plus connu est celui de Ctésiphon, le Tāq-e Kesrā, oeuvre de Khosrô Ier ou de Châhpuhr Ier : sa façade est en partie conservée. L’iwān était immense (50 m), ainsi que le palais, et les mosaïques devaient être abondantes. À Bichāpur,

Châpuhr Ier construisit une ville, avec un temple du feu et un palais dont le décor est fortement inspiré par le style gréco-romain. Les mosaïques, en particulier, sont manifestement inspirées de celles de Syrie, si même elles ne sont pas l’oeuvre de Syriens. Khosrô II bâtit, outre le palais de Dastgard, celui d’Imaret-e Khosrô (à Qasr-e Chirin), gigantesque (190 m × 250 m), construit sur une terrasse artificielle de 8 m de haut. D’autres palais majestueux furent encore édifiés à Eywān-e Karkhe, à Sarvestān, à Kish, à Dāmrhān.

Le roi manifestait aussi sa gloire éternelle dans les bas-reliefs rupestres du Fārs (à Firuzābād, à Naqsh-i Rous-tem et à Bichāpur) et du Tāq-e Bostān, près de Kermānchāh. Ce sont des sculptures de grande dimension, taillées au flanc des falaises, qui représentent soit l’investiture royale, soit la victoire du roi sur ses ennemis, et en particulier la capture de l’empereur Valérien, soit enfin des chasses. La chasse était, avec le polo, un des divertissements des rois et de la Cour. La musique était l’un des plaisirs les plus recherchés.

Les musiciens accompagnaient le roi à la chasse. Les instruments étaient variés : luth, harpe, cithare, mandoline, sans compter ceux de la musique militaire, trompette et tambour. Il n’est pas resté de notations, mais la musique en usage chez les califes de Bagdad devait dériver directement de celle des Sassanides.

Le roi disposait d’un conseil de

gouvernement qui semble avoir eu

pour rôle d’approuver sans discussion.

Les titres honorifiques, les dignités ne manquaient pas à la Cour. Le pillage de Ctésiphon par les Arabes leur fit découvrir, entre autres richesses, une garde-robe incroyable, dont toutes les pièces étaient brodées d’or. Il faut dire que les soieries de luxe furent une spécialité sassanide. Le pays était un jalon sur la route de la soie : il fut initié aux secrets des soieries plus tôt que Rome, vers 350-400. Châhpuhr II n’en installa pas moins des tisserands d’origine syrienne dans les villes perses. La Perse devint une grande exportatrice de tissus, au point de provoquer une véritable guerre de la soie avec Rome à partir de la fin du IVe s. Les tisserands

affectionnaient les décors animaliers disposés dans des médaillons.

La société se divisait à la fois en quatre états — les mages, les guerriers, les bureaucrates, les cultivateurs et artisans — et en des castes qui séparaient les nobles des non-nobles. Les mages avaient une grande importance en raison du caractère officiel de la religion. Au sommet de la noblesse militaire se trouvaient des roitelets et des gouverneurs (marzbans). Les bureaucrates avaient aussi leurs hauts dignitaires, dont le grand vizir (vouzourg framadar), sorte de Premier ministre, sur lequel le roi se déchargeait volontiers du souci du gouvernement. La paysannerie était attachée à la terre et n’avait pas la condition relativement bonne des artisans et des commerçants des villes, qui s’adonnaient au négoce des textiles. En échange de la soie de Chine, l’Iran exportait tapis et fards. Le travail des métaux s’appliquait à l’or, à l’argent, au cuivre. Le commerce de transit, entre l’Orient romain et l’Orient plus lointain, était important.