et du M. R. P., en particulier en matière d’enseignement. Aussi retire-t-il sa candidature dès le 25 juin, laissant la place à François Mitterrand, qui pose la sienne dès le 9 septembre et fonde le 10
la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (F. G. D. S.), unissant la S. F. I. O., le parti radical-socialiste, la Convention des institutions républicaines et l’U. D. S. R. Appuyé par la F. G. D. S. et le parti communiste, François Mitterrand devient le « candidat unique de la gauche » à la présidence de la République face au général de Gaulle, au centriste Jean Lecanuet (président du M. R. P.), au représentant de la droite libérale (Pierre Mar-cilhacy), à celui de l’extrême droite (Jean-Louis Tixier-Vignancour) et à un adversaire de l’Administration toute-puissante et méprisante à l’égard du citoyen, Marcel Barbu. Le 5 décembre, le général de Gaulle est mis en ballottage au premier tour (avec 43,47 p. 100
des voix), mais il est réélu le 19 dé-
cembre président de la République avec 55,20 p. 100 des suffrages exprimés, François Mitterrand en obtenant 44,80 p. 100.
Le second septennat
(8 janv. 1966 -
28 avr. 1969)
Georges Pompidou constitue son troisième gouvernement (8 janv. 1966 -
1er avr. 1967), au sein duquel Michel Debré remplace au ministère des Finances Valéry Giscard d’Estaing.
Enhardie par le succès que repré-
sente pour elle la mise en ballottage du général de Gaulle au premier tour de l’élection présidentielle, l’opposition se regroupe, d’une part, autour du Centre démocrate, créé le 2 février 1966 par Jean Lecanuet, qui en a publié le manifeste à caractère nettement européen dès le 7 janvier, et, d’autre part, autour de la F. G. D. S. ; celle-ci constitue le 29 avril et le 5 mai un
« contre-gouvernement » sous la pré-
sidence de François Mitterrand, qui signe le 20 décembre un accord de dé-
sistement réciproque avec le parti communiste, applicable entre le premier et le second tour des élections des 5 et 12 mars 1967. Affaiblie par l’exploitation que fait l’opposition de l’affaire Ben Barka, ébranlée par le « oui mais »
de Valéry Giscard d’Estaing, attitude que condamne le chef de l’État (« on ne gouverne pas avec des mais »), la majorité réussit, grâce à l’unité de candidature sous l’étiquette « Ve Ré-
publique », à conserver de justesse la majorité absolue avec 244 élus ; les 40 sièges perdus par elle bénéficient pour l’essentiel au P. C. F. (73 élus ;
+ 32), au P. S. U. (4 élus ; + 3) et à la F. G. D. S. (116 élus ; + 25), qui tirent également profit du recul des divers gauches (5 ; – 8), du Centre démocrate (27 ; – 15), recul, en fait, difficile à chiffrer en raison des prétentions du Centre démocrate et des gouvernementaux à s’attribuer ces derniers sièges ainsi que ceux des 15 élus modérés.
La majorité rassemble deux groupes parlementaires : celui de l’Union démocratique pour la Ve République (201 élus) et celui des républicains indépendants (43), qui peuvent compter sur le concours occasionnel des 41 députés (dont 3 apparentés) du groupe Progrès et démocratie moderne (P. D. M.) de Jacques Duhamel. Elle soutient le quatrième gouvernement de Georges Pompidou (6 avr. 1967 -
31 mai 1968) et repousse trois motions de censure qui réunissent pourtant 236 suffrages le 20 mai et le 9 juin, et 238 le 10 octobre. Ainsi le gouvernement peut-il réaliser d’importantes ré-
formes économiques et sociales avant le 31 octobre 1967 sans être obligé de solliciter trop souvent une majorité qui se doit, tant elle est restreinte, de rester cohérente sans défaillance : la cohé-
sion est difficile à maintenir, comme le montrent la démission, dès le 26 avril, du ministre de l’Équipement et du Logement, Edgard Pisani, hostile à la procédure des pouvoirs spéciaux, ainsi que le rejet, par l’Assemblée nationale, du projet d’amnistie politique le 28 novembre. La majorité reste pourtant solidaire sur l’essentiel, imposant notamment l’adoption définitive, le 15 décembre, de la loi d’orientation foncière et, le 17, de la loi sur la régulation des naissances. La dégradation de la situation économique la contraint, d’ailleurs, à maintenir cette cohésion.
La stagnation de la production industrielle et de la construction, la hausse des prix (3,1 p. 100), l’accroissement du chômage et la dégradation du commerce extérieur favorisent en effet l’action critique de l’opposition, dont les deux composantes essentielles, P. C. F. et F. G. D. S., réussissent à s’accorder sur une plate-forme commune le 24 février 1968.
Rien, pourtant, ne laisse prévoir l’explosion révolutionnaire qui, au printemps 1968, secoue le régime et dont celui-ci sort finalement victorieux et renforcé à la suite de l’intervention décisive du chef de l’État, qui annonce dans son intervention radiodiffusée du downloadModeText.vue.download 55 sur 621
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17
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30 mai sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale.
La gauche perd les élections des 23 et 30 juin ; la seule U. D. R. détient, alors, à l’Assemblée nationale la majorité absolue avec 294 élus, auxquels il faut joindre 64 républicains indépendants, tandis que les groupes de l’opposition
ne réunissent plus que 129 députés au maximum (34 P. C. F., 57 F. G. D. S., 3 divers gauches, 30 P. D. M. et 5 divers droites).
Mais, convaincu que la révolte étudiante et la grève ouvrière du printemps 1968 sont les marques visibles d’une crise plus profonde de la civilisation, due à l’inadaptation des hommes à l’évolution des moeurs et des techniques, qui les écarte des organes de décision, le général de Gaulle fonde, dès lors, sa politique sur l’idée de la participation. Il remplace, au poste de Premier ministre, Georges Pompidou par Maurice Couve de Murville (10 juill. 1968 - 20 juin 1969) et confie au nouveau ministre de l’Éducation nationale, Edgar Faure, le soin d’élaborer un projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur (adopté le 11 octobre). Cette loi est fondée sur la participation des étudiants et des enseignants à la gestion des universités, qui obtiennent une large autonomie. Les universités se trouvent confrontées à de redoutables problèmes au cours de l’année universitaire 1968-69 (à Paris, occupation du rectorat par des étudiants le 23 janvier 1969), tandis que l’agitation se développe dans les lycées à l’instigation des Comités d’action lycéens.
Responsable, en fait, de la promulgation des trois ordonnances sur l’in-téressement du 17 août 1967, le chef de l’État étend le champ d’application de la participation au domaine économique et social par la loi du 27 dé-
cembre 1968 sur l’exercice de droit syndical dans l’entreprise. Enfin, dans le même esprit, il décide de réformer les structures politiques du pays : le 2 février 1969, il annonce qu’il sou-mettra à référendum la création de 22 régions dotées chacune d’un conseil comprenant des membres de droit (les députés), des élus territoriaux et des représentants des catégories socio-
économiques. Composé de la même
manière et devenu de ce fait le conseil des régions, le Sénat se verrait réduit à un rôle consultatif, son président perdant, par contrecoup, l’intérim de la présidence de la République, confié au Premier ministre. Enfin, le Conseil économique et social, devenu inutile,
serait supprimé.
En fait, la situation économique et sociale pèse lourdement sur la campagne référendaire. La fuite des capitaux et la hausse des prix, consécutives aux événements de 1968, ont mis le franc dans une situation difficile ; les mesures économiques et financières décidées en novembre pour en pallier les conséquences rejettent les classes moyennes (commerçants, etc.) dans l’opposition.
Après avoir été déclaré inconstitutionnel par le Conseil d’État le 18 mars 1969 pour des raisons de procédure, le projet de loi référendaire, élaboré et présenté par le ministre d’État Jean-Marcel Jeanneney, est rejeté par l’ensemble des partis de gauche et du centre, par les républicains indépendants regroupés autour de Valéry Giscard d’Estaing et même par quelques parlementaires U. D. R. Quant aux sé-