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environ, caractéristique des océans.

Une eau saumâtre peut donc être

considérée dans tous les cas comme un mélange d’eau douce (pure) et

d’eau marine en proportions variables.

Suivant ces proportions, des classes d’eaux saumâtres ont été distinguées.

Les plus couramment acceptées sont les suivantes :

— milieu hyperhalin, de salinité su-périeure à 40 p. 1 000 (on dit parfois métahalin) ;

— milieu euhalin, de salinité comprise entre 30 et 40 p. 1 000 ;

— milieu mixopolyhalin, de salinité comprise entre 18 et 30 p. 1 000 ;

— milieu mixomésohalin, de salinité comprise entre 5 et 18 p. 1 000 ;

— milieu mixo-oligohalin, de salinité comprise entre 0,5 et 5 p. 1 000 ;

— milieu limnique, de salinité infé-

rieure à 0,5 p. 1 000.

Le domaine mixomésohalin est,

d’autre part, divisé en α-mésohalin (de 10 à 18 p. 1 000 de salinité) et β-mésohalin (de 5 à 10 p. 1 000).

Il y a par ailleurs deux types de milieux saumâtres : les milieux ho-moïohalins, qui sont relativement constants et les milieux poïkilohalins, qui présentent des variations de salinité importantes dans le temps, soit par suite des apports d’eau douce ou salée, soit pour des raisons d’ordre climatique.

Dans les zones arides à climat tem-péré ou chaud, la salinité des eaux est due non pas à des apports d’eau de mer, mais à la concentration des sels contenus dans les eaux continentales affluentes. Ces milieux sont hétérohalins.

Du point de vue écologique, on

peut distinguer deux types de mi-

lieux d’eaux saumâtres : les milieux ouverts, embouchures de fleuves,

baies profondes à apports importants d’eaux continentales, certains lacs littoraux largement ouverts sur la mer (lac Maracaibo au Venezuela) et certains lacs et mers intérieurs (Caspienne, Baltique, mer Noire, etc.) ; les milieux fermés, lagunes, lacs plus ou moins temporaires, dont les variations de salinité sont le plus souvent assez rapides et en relation soit avec un phénomène climatique (assèchement, augmentation de salure), soit avec un phénomène hydrologique (apports d’eaux douces et d’eaux salées, précipitations).

Les premiers sont le plus souvent homoïohalins, tandis que les seconds sont généralement poïkilohalins.

Les organismes adaptés à la vie

en milieu saumâtre sont dits « halo-biontes ». Ils sont de plusieurs caté-

gories : ceux qui, euryhalins, proviennent soit de l’eau de mer, soit des eaux douces et ceux qui sont plus spécialement inféodés aux eaux à salinité faible (eaux homoïohalines). À

l’intérieur d’un même genre zoologique, certaines espèces préfèrent des milieux plus ou moins constamment salés. Ainsi, les petits Mollusques du genre Hydrobia se répartissent en fonction d’une salinité décroissante de la manière suivante : H. ulvae (de 33 à 10 p. 1 000), H. neglecta (de 24

à 10 p. 1 000), H. ventrosa (de 20 à 6 p. 1 000). D’autres espèces passent volontiers du milieu marin au milieu limnique en colonisant tous les milieux intermédiaires, tel le Crabe chinois (Eriocheir sinensis), qui grandit en eau douce, pond en eau saumâtre, va incuber ses oeufs en eau marine, revient vers les eaux dessalées, où les oeufs éclosent et donnent des larves, dont le dernier stade remonte vers l’eau douce.

De nombreux Vers (Polychètes,

Nématodes, Turbellariés), des Bryozoaires et des Crustacés d’origine marine colonisent le milieu saumâtre.

Parmi ces derniers, les Amphipodes (notamment Corophium), les Isopodes (Sphaeroma, Cyathura, Idothea) et certains Copépodes (Laophonte, Cletocamptus, Onychocamptus) y occupent une place particulière. Les organismes provenant des eaux douces sont repré-

sentés par des Rotifères, dont Filinia downloadModeText.vue.download 540 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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longiseta, plusieurs Keratella, des Bra-chionus, et un certain nombre d’Infusoires ciliés (Euplotes, Holophrya...).

S’y ajoutent des Phanérogames, telles les Utriculaires, des Cladocères et d’autres Branchiopodes (Artemia), des larves d’Insectes (Diptères, Chirono-mides, Odonates), etc.

Les eaux saumâtres, tout particu-

lièrement les eaux poïkilohalines, se caractérisent par leur pauvreté en es-pèces (rares, en effet, sont les formes adaptées aux variations de salinité) et par le nombre souvent colossal d’in-

dividus qui les représentent (plus de 50 000 Amphipodes ou Isopodes au

mètre carré dans les milieux saumâtres littoraux français atlantiques).

Certains milieux homoïohalins sont assez constants et particuliers pour permettre la survie d’espèces endé-

miques adaptées. L’Isopode Idothea entomon vit ainsi en mer Baltique et dans quelques lacs voisins, en compagnie du Poisson Cottus quadricornis.

Le Polychète Hypania invalida peuple la mer Noire.

La salinité plus ou moins forte et variable des milieux saumâtres non seulement influence la répartition des espèces, mais aussi exerce une action sur la forme des individus. Chez le Crustacé Artemia salina par exemple, la « furca » est d’autant plus courte que la salinité du milieu est plus importante (v. Branchiopodes).

B. D.

B. Dussart, Limnologie. L’étude des eaux continentales (Gauthier-Villars, 1966). /

G. H. Lauff (sous la dir. de), Estuaries (New York, 1967).

Saumon

Poisson Téléostéen de l’ordre des Clupéiformes, qu’on peut prendre comme type du sous-ordre des Salmonoïdes.

Le Saumon est un Poisson migra-

teur amphibiotique (qui vit dans deux milieux aquatiques), potamotoque

(qui se reproduit en rivière) et thalas-sotrophe (qui effectue sa croissance en mer) ; souvent on le nomme migrateur anadrome, parce qu’il remonte les cours d’eau pour aller se reproduire.

Le Saumon commun, Salmo salar,

est un Poisson fuselé, à tête assez petite, à caudale légèrement fourchue ; une seconde dorsale, adipeuse, est située à l’aplomb de l’anale ; les pelviennes sont en position postérieure.

La coloration, aux reflets métalliques, est d’un gris bleuté dorsalement et passe à l’argent sur les flancs, constellée de ponctuations noires, et au blanc nacré sur le ventre. Les nageoires sont grises. Les adultes reproducteurs

peuvent atteindre jusqu’à 20 kg pour une taille de 1 m ; il n’y a de dimorphisme sexuel ni dans la taille, ni dans la coloration, qui passe toutefois à une livrée nuptiale éclatante au moment de l’arrivée sur les frayères. Le corps devient pourpre à or, avec des taches changeantes rouges sur les flancs, et le ventre est mordoré. Les vieux mâles acquièrent une mandibule recourbée en sabot qui leur vaut le nom de bécards.

Le Saumon peuple naturellement

en France tous les cours d’eau tributaires de la Manche et de l’Atlantique, mais il a disparu, souvent par suite de la pollution, de nombreuses rivières.

Sa répartition géographique totale s’étend de la Nouvelle-Zemble à la baie d’Hudson en longitude, du cercle polaire arctique au nord du Portugal et à la région new-yorkaise en latitude.

Les frayères où se reproduisent les Saumons se situent dans les eaux à Truites, courantes, froides et oxygé-

nées. Sur des plages de galets ou de graviers, les femelles creusent des sillons où elles déposent leurs oeufs, qui sont recouverts ensuite de gravier. La ponte a lieu en novembre-dé-

cembre, et l’incubation dure environ trois mois. Dès la résorption du sac vitellin, les alevins quittent les frayères et vivent pendant deux à trois ans comme les Truites. Puis le jeune Saumon acquiert une livrée argentée, en même temps qu’il subit des transformations d’ordre surtout endocrinien, et il entreprend son avalaison. Il reçoit alors le nom de tacon. Cette avalaison, ou descente, se fait comme à regret, car l’animal nage contre le courant ; parvenu dans les zones d’estuaire, il disparaît en mer. On le retrouve deux à cinq ans plus tard, sous forme de géniteur, prêt à remonter les cours d’eau pour rejoindre la frayère qui l’a vu naître et à affronter pour cela les obstacles les plus difficiles (cascades, chutes d’eau). On appelle madelei-naux les petits mâles qui pénètrent dans les estuaires en été et Saumons d’hiver les géniteurs des deux sexes qui remontent le cours d’eau en hiver.