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Bonne de Berry († 1435), se disputent la direction, Amédée VIII le Pacifique (comte, puis duc, de 1391 à 1440) profite de l’extinction des deux maisons comtales du Genevois et du Piémont pour racheter le 5 août 1401 les droits de la première à un héritier discutable, et par réincorporer définitivement à ses États le comté de Piémont après la mort de son cousin Louis d’Achaïe en 1418.

Peu avant l’érection du comté de

Savoie en duché par l’empereur Sigismond de Luxembourg, Amédée VIII

est tiré de sa retraite de Ripaille par le concile de Bâle, qui l’élit pape en 1439

sous le nom de Félix V dans l’espoir de mettre un terme au Grand Schisme.

En vain : il doit abdiquer en 1449, non sans s’être fait nommer cardinal légat.

Le temps des difficultés

(1440-1553)

Les crises intérieures

Duc de Savoie de 1440 à 1465 du fait de l’abdication prématurée de son père, Amédée VIII, Louis Ier, trop soumis à son épouse, la belle et impé-

rieuse Anne de Lusignan († 1462), est le premier d’une série de ducs incapables, par leur jeunesse ou par leur immaturité, de prévenir le déclin de leur maison. Tolérant l’insubordination de la noblesse, les révoltes de son fils Philippe Ier (II) sans Terre, duc de Bresse, et l’exécution successive des chanceliers Guillaume Bolomier en 1446 et Giacomo Valperga di Masimo e di Caluso en 1452, il allie deux de ses enfants à ceux de Charles VII, le futur Amédée IX (duc de 1465 à 1472) et Charlotte avec Yolande de France et le dauphin Louis, qui transgresse ainsi l’opposition paternelle.

Louis Ier, brouillé avec Charles VII, qui lui impose l’humiliant traité de Cleppé, ne tire aucun avantage de son alliance avec Louis de France, conclue secrètement en 1446. Établi en Dauphiné de 1447 à 1456, allié aux Sforza de Milan, le futur Louis XI prend ainsi à revers l’État savoyard. Yolande de France († 1478), régente au nom de son fils Philibert Ier (duc de 1472 à 1482), décide alors d’accélérer ellemême le déplacement du centre de

gravité de l’État savoyard de l’ouest à l’est des Alpes pour mieux échapper à cette dépendance trop étroite à l’égard des Valois.

Accentuée par son second fils,

Charles Ier (duc de 1482 à 1490), qui épouse en 1485 Blanche de Montferrat († 1509), cette politique mécontente les barons savoyards et les bourgeois de Chambéry, dont le rôle de capitale est progressivement abandonné au

profit de Turin.

Ce conflit, qui favorise la constitution d’un parti savoyard hostile au parti piémontais, amène les états de Rumilly à faire appel à Louis XI, qui désigne en 1478, pour gouverner le duché, un lieutenant général, le comte Louis de La Chambre († 1517).

Sous le règne du trop jeune Charles Jean Amédée, ou Charles II (duc de 1490 à 1496), au nom de qui gouverne sa mère, la régente Blanche de Montferrat, les états de Pignerol décident la création de deux administrations différentes, l’une pour la Savoie proprement dite, l’autre pour le Piémont et le comté de Nice.

Les difficultés extérieures

En fait, à cette date, le recul territorial est déjà entamé. Yolande de France joue une partie difficile entre Louis XI et Charles le Téméraire ; elle est sauvée par le premier des ambitions de downloadModeText.vue.download 550 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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son beau-frère Philippe de Bresse, et s’allie ensuite au second, en lutte contre les Suisses, qui ont occupé quelques places fortes en Savoie.

La mort sans héritiers de Charles II en 1496 double la crise politique d’une crise dynastique, car elle provoque l’avènement de son grand-

oncle, l’inquiétant Philippe de Bresse (Philippe I ou II sans Terre, duc de Savoie en 1496-97).

Sous le règne de ses fils Phili-

bert II le Beau (duc de 1497 à 1504) et Charles III (duc de 1504 à 1553), la maison de Savoie s’italianise tout en se rapprochant de la maison des Habsbourg ; Philibert II épouse en 1501 Marguerite d’Autriche († 1530), l’énergique tante de Charles Quint.

Les maladresses de Charles III

achèvent d’exaspérer les habitants de Genève. Victimes de trop lourdes taxes, privés de leurs foires, qui avaient contribué à la prospérité de la Savoie, ainsi qu’en a témoigné la stabilité de la valeur de l’écu d’or de ce pays, les Genevois signent avec les Fribourgeois (1519) et les Bernois (1526) des traités de combourgeoi-sie qui les séparent politiquement du duché voisin. Leur adhésion à la Ré-

forme les rejette définitivement dans l’alliance des républiques helvétiques, tandis que leur évêque se replie en 1533 à Annecy, qui devient la capitale religieuse de la Savoie et le centre de la Contre-Réforme*.

La reprise du conflit entre les Valois et les Habsbourg consacre alors la ruine de la Savoie, dont les territoires du nord du Léman ainsi que le Chablais et le pays d’Évian sont occupés par les Bernois et les Valaisans en 1536, tandis que le reste du duché passe presque entièrement

sous le contrôle des forces françaises (1536-1559), qui s’assurent la maî-

trise des cols alpestres lors des guerres d’Italie*.

François Ier substitue un parlement au Conseil résident de Chambéry

(1536), étend à la Savoie le champ d’application de l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 et introduit les usages de la procédure française dans le duché (1553). Sa politique prépare ainsi l’annexion définitive de la principauté à la France, lorsque meurt en 1553 le duc Charles III, qui a pu sauver de son héritage Nice, Verceil et la vallée d’Aoste.

Le temps de la

dépendance

(1553-1713)

À l’ombre de la Maison

d’Autriche (1553-1601)

À l’exemple de son père, Charles III,

mais avec plus d’habileté que lui, Emmanuel-Philibert Tête de Fer (duc de 1553 à 1580) lie son sort à celui de la maison d’Autriche. Lieutenant géné-

ral de l’armée impériale, il remporte le 10 août 1557 à Saint-Quentin une victoire décisive sur les forces d’Henri II ; le roi de France lui restitue l’essentiel de ses territoires cisalpins par le traité du Cateau-Cambrésis du 3 avril 1559. Consentant seulement à la perte du pays de Vaud et à celle du Vieux Chablais, cédés respectivement aux Bernois et aux Valaisans par les traités de Lausanne en 1564 et d’Évian en 1569, Emmanuel-Philibert se consacre dès lors totalement à la restauration de son État.

Dès 1560, il substitue au parlement français de Chambéry un Sénat de Savoie, dont le Premier président exerce souvent les fonctions de commandant général, c’est-à-dire de gouverneur du duché français ; il réinstalle la même année dans cette ville la Chambre des comptes, dont le siège avait été transféré à Nice, puis à Verceil. Il décide, en outre, de doter ses domaines cisalpins de ressources propres, en faisant voter par les états généraux de Savoie, réunis pour la dernière fois en juillet 1560, un don gratuit et un nouvel impôt indirect, la gabelle de sel, dont les modalités de perception sont fixées par l’édit de 1561, préparé par un dénombrement général de la population. La Savoie cisalpine capte par la route du Mont-Cenis qui aboutit à Lyon le trafic de la soie, des velours et des épices ; elle exploite les mines de fer, de cuivre et de plomb, dont la mise en valeur est assurée par des Allemands d’Augsbourg.

Elle ne peut, pourtant, tirer tout le profit escompté de tant de facteurs favorables, faute d’une industrie capable d’en valoriser les produits.

Emmanuel-Philibert, qui transfère définitivement sa capitale à Turin en 1562, s’intéresse en fait surtout à l’essor du Piémont, où il accueille les Jésuites en 1561 et où il fonde le séminaire de Mondovi. Se développant ensuite à l’ouest des Alpes, la Contre-Réforme reconquiert le Chablais à la foi catholique sous l’impulsion des Jésuites, qui fondent un établissement à Chambéry