dès 1564, et surtout sous celle, de 1602
à 1622, de l’évêque d’Annecy-Genève saint François* de Sales, qui contribue, avec Jeanne de Chantal, à la fondation, à Annecy en 1610, de l’ordre de la Visitation Sainte-Marie. Poursuivie par downloadModeText.vue.download 551 sur 621
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le fils d’Emmanuel-Philibert, Charles-Emmanuel Ier (duc de 1580 à 1630), qui s’est emparé du marquisat de Saluées en 1588, cette politique provoque un nouveau conflit avec Genève (1589-1593). Après une ultime tentative pour s’emparer de cette ville par surprise lors de la fameuse nuit de l’Escalade du 11 au 12 décembre 1602, la Savoie doit reconnaître officiellement son indépendance par le traité de Saint-Julien du 21 juillet 1603.
En même temps, son ambition
d’annexer le Dauphiné et la Provence catholiques ayant échoué sous les murs de Grenoble, le duc provoque une nouvelle intervention française, qui le contraint à céder à Henri IV, par le traité de Lyon du 17 juillet 1601, la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex, contre la possession définitive du marquisat de Saluces.
Sous la tutelle française (1601-
1713)
Charles-Emmanuel Ier, tournant alors ses ambitions vers l’Italie, tente, cette fois avec l’appui de la France, de faire valoir ses droits sur le Montferrat lors de la succession compliquée des Gonzague de Mantoue (1614-1617). Le
traité de Monzón de 1626 ayant sacrifié ses intérêts au profit de l’entente franco-espagnole, le duc se rapproche de l’Espagne et entreprend d’assié-
ger la garnison française de Casale Monferrato. Vaincu par les forces de Louis XIII, qui forcent le pas de Suse en 1629, occupent Pignerol en mars 1630, puis toute la Savoie en mai et Saluces en juillet, Charles-Emmanuel meurt, laissant à son fils Victor-Amé-
dée Ier (duc de 1630 à 1637) la charge de signer avec la France le traité de Cherasco, qui lui restitue ses États
contre la cession définitive de Pignerol en 1631.
Dès lors, la Savoie est contrainte d’accepter l’influence prépondérante de la France, qui impose à ses princes de contracter des alliances matrimoniales avec des princesses françaises de sang royal appelées à exercer la régence de leur pays pendant la minorité de leurs fils : Christine de France († 1663), fille d’Henri IV et veuve, en 1637, de Victor-Amédée Ier ; Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours († 1724), veuve, en 1675, de Charles-Emmanuel II (duc de 1638 à 1675).
Le pays, qui a été éprouvé par la peste de 1629-30, mais qu’a épargné la guerre, retrouve une incontestable prospérité économique grâce à la remise en état de la route du Mont-Cenis, qui, à partir de 1660, permet de récu-pérer le trafic détourné jusque-là vers le Simplon. L’essor de l’élevage des bovins nécessite une importante importation de sel en provenance non plus, comme au XVIe s., des Baléares, mais du Languedoc. Les eaux de Salins-les-Thermes, près de Moûtiers, et le gypse de la région de Bourg-Saint-Maurice sont exploités à partir des années 1650
afin de limiter les ambitions financières des partisans français et d’animer, au profit des Suisses, et plus particulièrement des Bernois, un important trafic de sel de contrebande à partir des ports de Thonon, de Vevey et de Genève
pendant le premier tiers du XVIIIe s.
Mais, en pratiquant une délicate
politique de bascule entre la France et l’Empire, au sein duquel se place son cousin le Prince Eugène (Eugène de Savoie-Carignan, 1663-1736) lors des guerres de la ligue d’Augsbourg et de la Succession d’Espagne, Victor-Amé-
dée II (duc de 1675 à 1730) provoque par deux fois l’occupation de son pays par les forces françaises (de 1690 à 1696 et de 1703 à 1713), occupation aggravée par le terrible hiver de 1709.
Par le traité séparé de Turin de 1696, la Savoie obtient pourtant la restitution de Turin ; par celui d’Utrecht de 1713, elle reçoit l’île de Sicile avec la couronne royale, mais doit l’échanger en 1718 contre la Sardaigne, dont elle
prend possession en 1720 en vertu du traité de Londres de 1718, qui fait de son prince l’égal des plus grands souverains européens, dont les possessions sont désormais dénommés « États
sardes ».
Les États sardes
(1718/1720-1861)
Les réformes du temps du
despotisme éclairé
Les traités de 1713 et de 1718, qui transforment définitivement les domaines de la maison de Savoie en un État essentiellement italien, contraignent Victor-Amédée II à en remodeler les institutions de façon à en faire un tout cohérent.
Le premier roi de Sardaigne divise ses États en provinces, dirigées chacune par un intendant, et codifie le droit civil et le droit criminel dans les Royales Constitutions de 1723. Par les lettres patentes du 9 avril 1728, il décide de faire élaborer un cadastre gé-
néral de toutes les terres de Savoie, cadastre qui deviendra la base du système fiscal en vertu de l’édit de péréquation du 15 septembre 1738. Il fonde ainsi une monarchie absolue et centralisée qui prend en charge la politique de restauration seigneuriale — qui s’était affirmée à partir de 1680 —, en en limitant les effets sociaux qui se faisaient sentir non pas dans les terres hautes, où subsistait la propriété paysanne, mais dans les terres basses, où de nombreux ruraux avaient brûlé les terriers, tuant même un commissaire au Pontet en
septembre 1719.
Précisant en effet les privilèges attachés aux terres détenues par la noblesse et le clergé, le cadastre définit en plus les charges seigneuriales pesant sur le sol. Par là même, il en interdit la révision et donc en limite le montant.
Cette tentative de moderniser l’État sarde poursuivie par Charles-Emmanuel III de 1730 à 1773 aboutit aux édits du 20 janvier 1762 et du 19 décembre 1771 : le premier libère gratuitement les taillables du domaine royal ; le second affranchit tous les fiefs, malgré l’opposition de la noblesse, qui en ralentit
l’application sous le règne de Victor-Amédée III (de 1773 à 1796), plus conservateur que ses prédécesseurs.
Malgré tout, en 1792, les deux tiers des communautés ont déjà passé des actes de rachat avec leurs seigneurs. Réduite depuis 1713 à l’état de simple province administrée par intendant général résidant à Chambéry, privée depuis 1720
de la Chambre des comptes, siégeant dans cette ville et faisant obstacle à la politique centralisatrice du monarque, la Savoie est contrainte d’aligner son régime socio-économique sur celui du Piémont, où la grande propriété aristocratique, qui est depuis longtemps dépouillée de ses attributs féodaux, est insérée dans un système de type capitaliste. Celui-ci favorise la bourgeoisie marchande, au profit de laquelle se réalise un important transfert de propriétés. Cet effort de modernisation, ralenti par de très nombreuses crises (1725-1727, 1730-1736, 1746-1750, 1765-1772), est même arrêté pendant la guerre de la Succession* d’Autriche.
Le royaume sarde, allié de l’Autriche pour mettre en échec les visées fran-
çaises sur le Milanais, est attaqué par les forces espagnoles de l’infant don Philippe. Basées en Dauphiné, ces dernières occupent presque sans interruption ses territoires occidentaux de septembre 1742 à février 1749. Ce conflit est bénéfique sur le plan territorial, puisqu’il permet l’annexion de l’Os-sola et, par contrecoup, la fermeture de la route commerciale du Simplon, qui enrichissait le Valais en temps de guerre (traités de Worms et d’Aix-la-Chapelle, 1748) ; mais il ne fait que retarder l’essor démographique du pays — qui s’esquisse à partir de 1756
— et la diffusion de trois cultures nou-downloadModeText.vue.download 552 sur 621
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velles — maïs, pommes de terre, prairies artificielles —, qui apparaissent respectivement pour la première fois vers 1730, 1742 et 1756-1760.