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L’architecture militaire tient une grande place dans ces contrées de passage. Les châteaux du haut Moyen Âge ont disparu. Le type actuellement connu fut élaboré aux XIVe et XVe s.

Certains, comme Miolans, font preuve d’un grand affinement de la technique militaire ; le donjon en est souvent, à lui seul, un petit château fort. Le romantique château de Menthon-Saint-Bernard et celui d’Annecy dominent le lac de leur masse complexe ; ceux de Chambéry et de Montrottier sont d’un type analogue. Beaucoup d’édifices élevés du XIVe au XVIe s. tiennent le milieu entre le château et la maison fortifiée : Sallenôves, Bonneville, Avully.

La Renaissance n’est pas une époque féconde, du fait des troubles politiques.

En revanche, l’essor démographique du milieu du XVIIe s., le contexte religieux, les dons de familles d’émigrés enrichis font s’élever d’innombrables églises : en Maurienne, qui reçoit l’influence du Briançonnais et du val de Suse, en Tarentaise et en Faucigny, où viennent travailler des maîtres d’oeuvre italiens de la Valsesia et de Novare.

Ces églises se font surtout remarquer par leur décoration intérieure, leurs retables sculptés d’un baroque exubérant et naïf. De simples bourgades comme Bourg-Saint-Maurice, Moûtiers ou

Bessans envoient sculpteurs et peintres de retables dans les moindres villages des alentours. Les manifestations du baroque urbain — Notre-Dame de

Chambéry, la Visitation d’Annecy, l’église de Thonon-les-Bains — sont d’une veine beaucoup plus retenue.

Le XVIIIe s. a laissé quelques beaux hôtels particuliers à Chambéry et de nombreuses maisons de campagne,

dont un bel exemple est celle de Mme de Warens aux Charmettes. Il faut signaler l’activité des métiers d’art à cette époque, dans une région où le cloisonnement obligeait encore à une relative autarcie.

C’est surtout par les reconstructions (abbaye d’Hautecombe, certaines parties du château de Chambéry), par l’urbanisme (percement de la rue centrale de Chambéry) que se signale le XIXe s.

On ne peut passer sous silence les profondes transformations qui ont

affecté la Savoie depuis une trentaine d’années, la mode des sports d’hiver ayant provoqué une activité architecturale sans précédent, aux résultats regrettables dans la plupart des cas : on s’est souvent contenté de transplanter à la montagne les modèles urbains les plus médiocres. Ce mouvement a, cependant, suscité quelques réussites : des stations comme Méribel-les-Allues ou Bonneval-sur-Arc ont renoncé au gigantisme pour s’adapter au style et à la taille du village ancien ; Flaine a fait appel en 1967 à Marcel Breuer*. L’art religieux est assez bien représenté par les oeuvres de Maurice Novarina (né en 1907) à Vongy, au col de l’Iseran et au plateau d’Assy, dont l’église, bâtie en 1938, est une sorte de manifeste de l’art sacré du milieu du XXe s. : Rouault, Matisse, Lurçat, Léger, Braque, Chagall, Germaine Richier, Bonnard, Bazaine, Lipchitz ont participé à sa décoration.

E. P.

J.-P. Laurent, Sculptures religieuses en Savoie (Gardet, Annecy, 1954). / R. Oursel, l’Art populaire baroque en Savoie (Gardet, Annecy, 1956) ; l’Art religieux du Moyen Âge en Savoie (Gardet, Annecy, 1956) ; Art en Savoie (Arthaud, 1975). / C. Gardet, De la peinture du Moyen Âge en Savoie (Gardet, Annecy, 1965-66 ; 2 vol.). / Merveilles des châteaux de Savoie et du Dauphiné (Hachette, 1972). / J. Lovie, Savoie (Arthaud, 1973).

Savoie. 73

Départ. de la Région Rhône-Alpes* ; 6 036 km 2 ; 305 118 hab. Ch.-l.

Chambéry*. S.-pr. Albertville et

Saint-Jean-de-Maurienne.

Le département recoupe tous les

grands ensembles physiques du do-

maine alpin français : les Préalpes, le Sillon alpin, les massifs centraux et la zone interne. La partie préalpine se compose, au nord, du massif des Bauges, constitué lui-même de deux sous-ensembles (à l’ouest, des anticli-naux surtout calcaires [les crêtes du Revard, dominant le lac du Bourget et Aix-les-Bains] ; à l’est, toujours des calcaires, mais avec des inversions de relief [la dent d’Arclusaz, au-dessus de Saint-Pierre-d’Albigny ; la région du Châtelard]), et, au sud, du massif de la

Chartreuse, où une active érosion des séries marneuses a défoncé les anticli-naux calcaires, provoquant des inversions et, par suite, une prolifération de synclinaux calcaires perchés. Le massif du Beaufortin, cristallin, couvre les massifs centraux. La zone intra-alpine est constituée par le massif de la Vanoise, dans lequel une forte tectonique tangentielle des terrains sédimentaires et métamorphiques a engendré un

relief assez confus. Enfin, au contact des massifs centraux et des zones pré-

alpines sédimentaires, on trouve la déchirure du Sillon alpin, représentée en Savoie par la vallée inférieure de l’Arly et surtout par la vallée de l’Isère (Combe de Savoie). Le Sillon atteint une ampleur considérable, encore

renforcée par la cluse de Chambéry et par la profonde pénétration dans le domaine alpin de l’Arc (Maurienne) et de l’Isère (Tarentaise).

Historiquement, la région savoyarde a été active très tôt par toutes ses voies de passage vers l’Italie du Nord, liant les deux parties du royaume de Savoie, cette activité étant encore renforcée lors du rattachement de la Savoie à la France et de la révolution des transports.

L’agriculture a vécu longtemps en autarcie, en exploitant au mieux un milieu naturel de montagne boisée et humide. L’exploitation sylvo-pastorale la plus parfaite, et qui demeure la plus tenace, se trouve dans les Bauges et le nord de la Grande-Chartreuse : l’élevage laitier et d’embouche associant les prairies basses et les alpages s’ajoute à une exploitation de la forêt, qui est en expansion grâce à l’abandon des alpages et au reboisement. Un système analogue est en place dans le Beaufortin et la Vanoise. Malgré le repli actuel de l’agriculture dans les vallées, celles-ci voient remonter haut sur leurs pentes le maïs et les vergers de pommiers. On dénombre au total 92 000 ha d’herbages, 15 000 ha de terres labourables — dont 6 000 en céréales —, 17 000 ha de forêts ainsi qu’un troupeau de 90 000 bovins

(race tarine), de 28 000 ovins et de 35 000 porcins. Un morcellement ex-trême des exploitations (60 p. 100 ont moins de 10 ha) et une généralisation

du statut d’ouvrier-paysan conduisent à un exode rural massif, qui permet en contrepartie une intensification de l’élevage dans les vallées, plus avancée en Tarentaise qu’en Maurienne.

Ces deux axes sont des « rues

d’usines ». La Tarentaise a l’équipement le plus ancien (barrage de Tignes, alimentant les centrales des Brévières, de Malgovert et de Randens), renforcé par le rassemblement des eaux du

Beaufortin dans le barrage de Roselend (centrale de La Bâthie). L’Arc alimente, à partir des retenues de Bissorte et du Mont-Cenis, un escalier de centrales. L’électrochimie en Tarentaise, le groupe P. U. K. (Pechiney-Ugine-Kuhlmann) avec électrochimie, électrométallurgie et ferro-alliages en Maurienne (de Saint-Jean-de-Maurienne à La Chambre), les aciers spéciaux et inoxydables d’Ugine, la soufflerie de Modane créent une intense activité industrielle. Cependant, le prix du transport des matières premières devenant downloadModeText.vue.download 555 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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prohibitif, on assiste à un glissement des industries vers les cluses alpines.

Cela permet à Chambéry d’ajouter à sa fonction de centre ferroviaire, routier et commercial ainsi qu’à son industrie alimentaire (L’Allobroge) le travail de l’aluminium, les constructions électriques (que l’on trouve aussi à Aix-les-Bains avec la Compagnie générale d’électricité [C. G. E.]), la confection, le travail du cuir (Bally), le verre textile, l’industrie mécanique.