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« fluides » variées, choisies en fonction de la valeur marchande et des conditions d’approvisionnement ; mais, de plus en plus, on tient compte de la nature et des propriétés des acides gras qui constituent leurs glycérides.

Les graisses de coprah et d’amande de palme (palmistes), dénommées beurres en raison de leur consistance, sont riches en acide laurique, dont le sel de

sodium présente des propriétés moussantes exceptionnelles, ce qui rend leur présence indispensable dans les mélanges destinés à la fabrication du savon. Les suifs de boeuf et de mouton sont constitués par des glycérides dont les chaînes droites sont en majorité downloadModeText.vue.download 556 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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saturées et comptent seize (acide pal-mitique) ou dix-huit (acide stéarique) atomes de carbone : ils contribuent à la dureté et à la bonne tenue du produit fini. Les huiles fluides se caractérisent par des chaînes acides comptant géné-

ralement dix-huit atomes de carbone, comme l’acide stéarique, mais portant une ou plusieurs liaisons éthyléniques.

Leur mélange confère de l’onctuosité au savon. Toutefois, parmi les matières premières disponibles, l’industrie de la savonnerie a avantage à choisir celles qui sont impropres à l’alimentation.

y Huiles brutes d’acidité élevée.

Les graines oléagineuses et les tissus adipeux animaux récoltés pour les unes, collectés pour les autres dans de mauvaises conditions ou stockés trop longtemps, fournissent des huiles et des graisses altérées dont l’acidité est trop élevée pour qu’une neutralisation et un raffinage (décoloration, désodo-risation) puissent conduire à une huile alimentaire. En principe, de telles matières premières, dont une partie des acides gras est déjà libérée du glycérol, devraient être très recherchées pour leur emploi en savonnerie. En fait, à côté de l’acidification, d’autres altérations les ont le plus souvent atteintes, en particulier l’oxydation des acides éthyléniques qu’elles

contiennent, ce qui pèse lourdement sur les qualités techniques du savon obtenu, qui sera seulement apte à des usages industriels, sauf si une purification rentable est appliquée avant toute opération de saponification.

y Huiles dites « acides ». Une des plus importantes opérations du raffinage des huiles et des graisses est la neutralisation, qui élimine les acides gras libres, toujours présents

en quantités variables dans l’huile brute. Théoriquement, il suffit de traiter l’huile par une solution sodique diluée, de provoquer l’émulsion du mélange, puis de soumettre celui-ci à la centrifugation ou, comme autrefois, à la décantation spontanée de la phase aqueuse pour séparer une

« pâte de neutralisation » constituée par un excès d’alcali, du savon formé et une certaine quantité d’huile neutre retenue par la solution savonneuse alcaline. La pâte de neutralisation, autrefois utilisée telle quelle en savonnerie, s’altère rapidement, car elle est très sensible aux attaques microbiennes. On préfère donc l’acidifier par un acide minéral dès sa séparation de l’huile neutre, puis la laver avec de l’eau jusqu’à élimination complète des composés minéraux qu’elle peut contenir. L’« huile acide » ainsi obtenue est livrée à la savonnerie.

y Acides gras naturels et acides de synthèse. Afin de mieux adapter le savon aux usages divers auxquels on le destine, on tend à utiliser en lieu et place des huiles et des graisses les acides gras eux-mêmes plus ou moins soigneusement purifiés et sélectionnés, en tenant compte de la longueur de la chaîne qui les constitue (nécessité d’une certaine quantité d’acide laurique, si l’on doit fournir un produit moussant) et d’une proportion convenable de composés saturés et éthyléniques. Il suffit alors de traiter le mélange par un léger excès de lessive de soude et de procéder aux opérations de finition. Les premiers essais de fabrication d’acides de synthèse ont été menés par les Allemands en Silésie au cours de la Première, puis de la Seconde Guerre mondiale pour remédier à la pénurie de ma-tières premières. Des produits résultant du cracking de la houille ou de schistes bitumineux étaient soumis à l’oxydation. Les acides ainsi produits étaient surtout destinés à permettre la synthèse de glycérides devant

participer à la production de margarines, mais celles-ci présentaient des caractères organoleptiques tels que les recherches conduites pour lutter contre la disette ont été de très courte durée. Quant aux savons fabriqués à partir des mêmes acides gras, ils

possédaient une odeur prononcée et désagréable qui se fixait sur le linge lessivé, de sorte que ces matières premières ne furent pas acceptées en savonnerie dès que le commerce international fut rétabli.

Cependant, des recherches récentes, menées en U. R. S. S., ont montré que l’oxydation des n paraffines, déjà fractionnées en coupes par distillation et soumises à l’action de l’oxygène atmosphérique en présence de bioxyde de manganèse ou de permanganate de potassium à une température comprise entre 104 et 116 °C, les transforme en acides gras utilisables en savonnerie.

D’autre part, le Commissariat à l’énergie atomique a décrit le phénomène d’oxydation par radio-induction des paraffines normales conduisant à l’obtention de cétones, d’alcools, d’acides gras ou d’esters susceptibles d’être transformés ultérieurement en savons et en détergents biodégradables.

La fabrication

Procédé marseillais

L’industrie marseillaise s’est, depuis longtemps, spécialisée dans la fabrication du savon, la situation de la ville sur la Méditerranée lui permettant de recevoir directement les matières premières des pays tropicaux, notamment le groupe « coprah-palmiste », dont une certaine teneur dans le mélange lipidique utilisé est indispensable pour obtenir un produit moussant.

Le savon de ménage, dit savon de

Marseille, doit contenir 62 p. 100 de son poids en acides gras. Il est débité au sortir de l’usine en pains de 500 g, ce qui correspond à 315 g d’acides gras.

Il est admis que son poids diminue au cours du stockage (perte d’humidité par dessiccation), mais le « morceau »

commercialisé doit manifester à l’analyse la présence de 315 g d’acides gras.

Le procédé traditionnel comprend

plusieurs stades.

1. La saponification proprement dite nécessite un contact intime entre la ma-tière première oléagineuse et la solution alcaline ; ce contact est impossible à réaliser spontanément, car les deux

phases ne sont pas miscibles. Il faut donc utiliser un agent émulsionnant, le nègre, solution savonneuse séparée dans une opération antérieure. La réaction étant exothermique, on est conduit à charger progressivement le chaudron par des apports partiels successifs de lipides et de solution alcaline. Cette première phase dure de dix à douze heures.

2. Afin de récupérer la majorité de la glycérine libérée, on ajoute alors du sel marin, qui provoque un « relargage »

du savon et la séparation de la masse en deux parties : une couche savonneuse, qui surnage, et une solution glycérineuse, qui se rassemble au fond de la cuve. Cette solution est évacuée vers l’atelier dans lequel elle sera purifiée par lavages successifs avec de l’eau salée, puis concentrée et enfin distillée.

3. Pour parfaire la saponification et la pousser à son terme, une nouvelle addition de lessive alcaline est introduite dans la cuve, dont le contenu est porté à l’ébullition pendant quelques heures grâce à une circulation de vapeur dans des serpentins plongés dans la masse.