Après quelques heures, on procède à un nouveau relargage au moyen de
sel marin, et la solution glycérineuse rejoindra celle qui a été obtenue dans la première phase pour subir la même purification.
4. Il est alors nécessaire de « laver » le savon avec des solutions de chlorure de sodium pour éliminer l’excès d’alcali.
En fait, une très légère alcalinité doit subsister pour éviter une dégradation du savon lors de sa conservation. C’est cette solution de lavage plus ou moins savonneuse que l’on appelle le nègre et qui est utilisée pour amorcer la saponification des matières premières en les émulsionnant.
5. Il faut ensuite liquider le savon, c’est-à-dire l’appauvrir en électrolytes, en excès d’alcali et en impuretés diverses. L’opération est délicate, bien que fort simple, puisqu’il s’agit d’une addition d’eau qui provoque la séparation du « savon lisse » en limitant au maximum une solubilisation qui pèserait sur le rendement du produit final.
6. Le savon lisse est évacué dans des
« mises » et abandonné au refroidisse-
ment, puis découpé en barres et enfin moulé, ce qui exige que sa surface ait acquis une certaine dureté par passage dans une étuve tubulaire, dans laquelle la barre de savon avance plus ou moins rapidement.
L’art du maître savonnier jouait
un grand rôle dans cette suite d’opé-
rations, demeurées longtemps empiriques, mais suivies aujourd’hui dans les grandes entreprises au moyen
d’examens de laboratoire sur des prélè-
vements régulièrement pratiqués.
Fabrication en continu
Le procédé marseillais exige beaucoup de temps et une main-d’oeuvre abondante. On a donc cherché à travailler en continu. La première solution proposée a été de permettre la séparation des phases en accélérant la décantation au moyen d’une centrifugation.
y Le procédé Scharples utilise des mélangeurs continus qui provoquent une division poussée de la matière première, ce qui permet une action rapide de la soude et la séparation des lessives glycérineuses très peu alcalines, le passage en centrifugeuse accélérant la séparation du mélange.
La saponification est achevée par un nouvel apport de lessive et de sel. Une seconde centrifugation suivie de nombreux lavages conduit au savon lisse.
y Le procédé Alfa-Laval opère à
contre-courant, en faisant circuler en sens inverse les matières premières et la solution sodique, l’opération étant répétée à deux reprises successives, au cours desquelles la saponification est acquise. Après lavages, une centrifugation finale réalise la liquidation.
y Le procédé Monsavon, dû à Félix Lachampt (né en 1902), est très largement utilisé en France et à l’étranger.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17
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ou « petites eaux », sont évacuées pour être concentrées et purifiées. Finalement, la glycérine brute est distillée. Le
savon parvenu à l’étage supérieur de la tour est « liquidé » grâce à l’action de pompes automatiquement réglées, qui l’approvisionnent en eau, en eau salée et en solution sodique, le tout étant soumis à une intense agitation.
On dirige enfin le mélange vers un chaudron, analogue au matériel utilisé en savonnerie classique, et on l’abandonne à la décantation, qui sépare le savon lisse du « nègre ». Il est, en effet, plus économique de disposer de deux ou de plusieurs cuves de décantation que de provoquer celle-ci mécaniquement en continu. La quantité de savon entraînée dans les eaux de lavage ne dépasse pas 0,2 p. 100. La durée de la décantation est de huit à douze heures une fois le chaudron rempli.
Il représente un progrès considérable en raison, d’une part, de la rapidité de l’opération, et, d’autre part, du gain de place, auxquels s’ajoutent une importante économie de vapeur et de main-d’oeuvre ainsi que la récupération de 96 p. 100 et parfois plus de la glycérine contenue dans la matière première.
La saponification proprement dite est accélérée par l’utilisation d’un homogénéiseur qui est chargé au moyen de pompes volumétriques. Puis la très fine émulsion obtenue est dirigée au sommet d’une tour à réaction, qu’elle traverse lentement. Au bas de l’appareil, l’opération est pratiquement terminée. Le savon est alors transféré dans la cuve à savon brut. L’analyse révèle qu’il contient 63 p. 100 d’acides gras, 0,2 p. 100 d’alcali libre — quantité voisine de celle qui est nécessaire à la bonne conservation du produit —, de 0,2 à 0,8 p. 100 de chlorure de sodium et pratiquement toute la glycérine contenue dans la matière première. On estime que seulement 0,2 p. 100 des quantités primitives de glycérides ont échappé à la saponification. Le savon brut est alors conduit dans une tour de lavage, qu’il traverse de bas en haut, tandis qu’une lessive alcaline descend par gravité. Chaque étage de cette tour comprend une zone d’agitation et une zone de décantation. Arrivées au plateau inférieur, les eaux glycérineuses, Les différents savons
Savons de toilette La nécessité d’utiliser, pour leur fabrication, des matières premières qui fournissent des savons aussi peu colorés que possible impose l’emploi d’acides gras purifiés et fractionnés par distillation. On élimine ainsi les composés à « chaînes courtes », ce qui évite les odeurs désagréables rappelant celles du bouc et de la chèvre dans le produit fini. D’autre part, il est obligatoire d’utiliser un matériel de scission et de distillation ainsi que des pompes en acier inoxydable, alors que les conduites de circulation, les citernes destinées au transport et les tanks de stockage des acides gras peuvent être en aluminium. De plus, la masse doit être conservée à l’état fluide à une température de 40 à 50 °C, ce qui suppose une limitation de la durée des opé-
rations à une ou deux semaines pour éviter la formation d’hydroperoxydes et l’apparition d’une coloration brun-rouge. En revanche, la transformation des acides gras en savons pourrait se pratiquer dans des cuves de fer, l’alcali en excès et le savon formé, déposés sur les parois du récipient, leur évitant tout contact avec la masse.
La coloration des savons de toilette est une mode relativement récente, uniquement destinée à orienter le choix de la clientèle. Les quantités de matières colorantes utilisées sont faibles, et, comme on élimine de leur choix les composés nettement toxiques, leur emploi est sans risque, sauf dans le cas particulier de certaines allergies. En France, il n’existe pas de réglementation à leur propos, bien que les États-Unis et l’Allemagne fédérale en aient établi une. On utilise soit des matières colorantes solubles dans l’eau, que l’on mélange à la masse fluide, soit des « colorants pigmentaires », qu’il faut disperser par un broyage au sein de la masse, ou bien encore des produits solubles dans les huiles ou dans les parfums.
L’introduction d’un parfum dans un savon est une opération délicate qui en modifie la structure et, par là même, peut exercer une influence considé-
rable sur sa stabilité. De plus, le par-
fum au contact du savon peut se trouver profondément modifié en raison des réactions chimiques capables de se produire entre les deux séries de constituants antagonistes. La note olfactive se trouve parfois profondément affectée soit immédiatement, soit, ce qui est plus grave, plus ou moins rapidement.
De plus, l’odeur agréable du savon doit se transférer à la peau sans être trop envahissante. Seules des constatations empiriques ont servi de guide jusqu’ici.
Enfin, l’emballage peut aussi être le siège d’interactions, jouer le rôle de condensateur du parfum, s’enrichir en certains composants et altérer grandement l’odeur recherchée.