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Savons médicinaux

Dès 1746, le savon était inscrit à la Pharmacopée française. Celle-ci en indiquait le mode de préparation à partir de l’huile d’amande douce ou de l’huile d’olive, qui étaient traitées par un mélange d’eau de chaux et du downloadModeText.vue.download 558 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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produit de lixiviation des cendres de

« potasse espagnole ». Ce mode opé-

ratoire éliminait probablement une partie des acides gras sous la forme de sels calciques insolubles. Peu à peu, diverses formules ont été proposées ; elles reconnaissaient empiriquement que les propriétés ne sont pas identiques à elles-mêmes suivant les matières premières utilisées : origine de la matière grasse et nature de l’alcali. Les savons eurent leur place dans la préparation de certains médicaments destinés tant à l’usage externe (liniments, emplâtres, baumes) qu’à l’usage interne (pilules diverses) ; ils n’y jouaient pas un simple rôle d’exci-pient. Les éditions modernes du codex ont continué à inscrire le savon animal et le savon médicinal ainsi qu’un savon mou potassique, à l’huile de coco, destiné à l’usage vétérinaire et à l’obtention d’un savon liquide qui, additionné de glycérine, est réservé au lavage des

mains. La valeur antiseptique est augmentée par l’addition de formol.

Préparés autrefois en officine, les savons officinaux sont aujourd’hui fabriqués à une échelle semi-industrielle par des laboratoires spécialisés dans la pré-

paration des médicaments galéniques.

y Action germicide et antiseptique des savons. Les premières expériences sur le pouvoir antiseptique du savon sont dues à Robert Koch (1843-1910), qui, en 1881, chercha à déterminer l’action d’un savon de potassium

ordinaire sur la bactérie du charbon ; il démontra la sensibilité de certains germes pour des concentrations de 1 p. 100, auxquels d’autres, tel le bacille typhique, sont réfractaires. Les recherches de Price ont été consacrées à la flore bactérienne de la peau, qui ne peut être éliminée que difficilement : six minutes de lavage énergique avec la solution savonneuse n’en détruisent que 50 p. 100. En revanche, la flore accidentelle constituée de microbes pathogènes disparaît plus facilement.

Pour expérimenter des savons de formules variées, on opère sur un même sujet, une des mains étant lavée avec le savon témoin, l’autre avec le produit à étudier. On a pu ainsi comparer entre eux des savons industriels, des savons alcalins d’acides gras purs, des savons contenant des antiseptiques ou des substances médicamenteuses.

y La nature de l’acide gras joue un rôle important ; les savons d’acides saturés sont moins actifs que les savons d’acides éthyléniques, dont le pouvoir antiseptique croît avec le nombre de doubles liaisons.

Pour augmenter le pouvoir germi-

cide des savons, on a d’abord proposé de les additionner d’antiseptiques tels que le borate de potassium, le biiodure de mercure, le polysulfure de potassium ou de sodium, le phénol ou la résorcine. Les progrès de la chimie de synthèse ont permis l’emploi d’antiseptiques modernes, tel l’hexachlorophène que les techniciens ont dénommé G 11, qui n’est irritant ni par lui-même ni dans le savon et qui est peu ou pas toxique, même par voie buccale et à dose élevée. L’emploi constant, pen-

dant une semaine, de savon contenant 2 p. 100 de G 11 provoque la disparition de 94 p. 100 des bactéries. Des expériences menées sur 400 personnes pendant deux ans n’ont provoqué ni irritation ni dermatose. Ce savon est donc recommandé à ceux que leur profession oblige à de fréquents lavages et à une antiseptie rigoureuse. Les savons d’huile de foie de morue ont une action bactéricide marquée. La lyse du pneu-mocoque est déjà évidente au bout de vingt-quatre heures pour une concentration de 5.10– 7. Elle est totale pour la solution à 1/150 000. On reconnaît encore aux savons des propriétés solu-bilisantes vis-à-vis de la lécithine, un pouvoir hémolytique plus intense pour les pH de la zone acide (de 5,8 à 6,2) et qui augmente en fonction du nombre de liaisons éthyléniques.

Les savons possèdent, comme

la bile, une action antitoxique ; ils peuvent atténuer aussi bien des bacté-

ries virulentes que des virus et neutraliser des toxines actives. De plus, ils ont manifesté une action antipoison remarquable envers certains alcaloïdes comme la strychnine et la vératrine.

L’administration de médicaments alcaloïdiques pourrait être, avec avantage, prescrite sous forme de savon de la base organique ou à l’état de sel miné-

ral, comme il est classique de le faire, mais accompagné d’un excès de savon alcalin.

Savons spécialisés

y Savons désodorants. La plupart

des odeurs corporelles sont dues à des fermentations microbiennes, ce qui conduit à introduire des bacté-

riostatiques dans les savons de toilette en recherchant des substances non irritantes et aussi peu toxiques que possible. Aux États-Unis, on a utilisé une série de diphénols chlorés, à laquelle appartient l’hexachlorophène (G 11), qui, malgré ses propriétés bactéricides, est contre-indiqué pour la toilette des jeunes enfants. De plus, l’hexachlorophène peut provoquer

une légère coloration dans les savons blancs. On a donc proposé de lui substituer son carbamate, ou G 11 C. Dans la série des dérivés de l’urée, les TTC

(trichlorocarbanilides) sont reconnus comme capables de conférer un excel-

lent pouvoir antiseptique aux savons sans présenter les inconvénients du G 11, mais il convient de les utiliser à la température ambiante, une légère dégradation pouvant se produire dès 80 °C.

y Savons amaigrissants. Ils ont béné-

ficié d’une certaine vogue aux États-Unis. Ils étaient constitués par une pâte surgraissée ou sous forme d’un onguent délivré en tube ; le mélange amaigrissant, de formules diverses, contenait notamment de l’iodure de potassium.

y Savons parasiticides et insecticides. La lutte moderne contre les ennemis des cultures a débuté par l’emploi des savons au pyrèthre, que le biologiste suisse Faës a préconisé pour combattre le mildiou de la vigne, les insectes ainsi que les parasites des plantes et des animaux.

Les savons au DDT, au soufre, au

polysulfure de sodium sont recherchés par les campeurs et les personnes exposées aux insectes, la protection étant acquise par le port de vêtements de laine imprégnés de savons spécialisés.

La protection contre les mites s’obtient par lavage de l’objet avec un savon qui nettoie et protège à la fois ; celui-ci doit contenir des composés non volatils, à base soit de produits minéraux (fluorures, sels de sélénium), soit de produits fournis par la synthèse organique de la série aromatique contenant chlore et phosphore.

M.-Th. F.

F Détergent / Glycérol ou glycérine / Oléagineux.

E. G. Thomssen et J. W. Mac Cutcheon, Modern Soap Making (New York, 1937 ; nouv.

éd. Soaps and Detergents, 1949). / A. Matagrin, Manuel du savonnier (Gauthier-Villars, 1946). /

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/ C. X. Cornu, les Savons et les détergents (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1970).

Savonarole

(Jérôme)

En ital. girolamo savonarola, moine italien (Ferrare 1452 - Florence 1498).

Jérôme Savonarole naît dans une

famille de médecins. En 1475, il entre chez les Frères prêcheurs à Bologne.

En 1482, alors qu’il est délégué au chapitre de son ordre, sa parole ardente, ses appels à la réforme de l’Église frappent l’humaniste Pic de La Miran-dole, qui intervient pour le faire venir définitivement à Florence. Sa célébrité commence vers 1489.