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influences occidentales entre Elbe et Oder et en Bohême).

Le grand siècle saxon est le XVIe s., mais cette époque est aussi marquée par de longues luttes fratricides. En effet, le partage de Leipzig en 1485, consacrant le partage de Saxe entre la ligne Albertine (du nom du duc Albert) et la ligne Ernestine (du nom de l’Électeur Ernest), crée des inégalités au profit de cette dernière, qui détient les richesses de Thuringe et la dignité électorale. La ligne Albertine doit se contenter de l’ancien noyau de l’État, le margraviat de Meissen, et du nord de la Thuringe. L’université de Leipzig lui appartient aussi, ce qui amène en 1502 la création par Frédéric III le Sage (de la ligne Ernestine, Électeur de 1486 à 1525) de l’université de Wittenberg (où enseignera Luther*, originaire du comté de Mansfeld, de mouvance Albertine). Le mouvement de Réforme s’explique en partie par cette rivalité entre les deux lignes, qui se prolongera jusqu’au XXe s.

Dès le début du XVIe s., le rayonnement intellectuel de la Saxe est tel que, pendant longtemps, la tendance luthé-

rienne de la Réforme portera le nom de « Réforme saxonne », et, vers la fin du siècle, la Saxe (ligne Albertine) impose par le Livre de concorde (1580), qui reprend la Formula concordiae de 1577, une véritable doctrine confessionnelle, à laquelle se rallient de nombreux États.

À la bataille de Mühlberg, le duc Maurice (de la ligne Albertine, duc de 1541 à 1553) aide de manière décisive l’Empereur à battre ses ennemis de la ligue de Smalkalde (1547) ; ralliée tardivement à la Réforme, la ligne Albertine réussit ainsi à ravir à la ligne Ernestine Wittenberg, le Kurkreis et la dignité électorale. Bien entendu, la ligne Ernestine refuse de s’incliner, mais l’émiettement des territoires thu-ringiens ne lui permet pas de s’opposer au rayonnement de ce qui est devenu la Saxe électorale (Kursachsen) et qui sera, au moins jusqu’à la fin du XVIIe s., l’un des principaux États d’Europe.

Mais le pouvoir du souverain n’est pas absolu : il doit compter avec les États, notamment pour ce qui est des

finances et de la politique scolaire.

L’influence des États sur la politique étrangère reste, toutefois, bien limitée, ce qui permet au souverain de jouer à son gré des alliances. Le développement des structures modernes de l’État se poursuit sur le plan des institutions, de l’organisation de la justice et de l’administration financière ; l’intégration des biens d’Église, peu étendus il est vrai, se fait aisément ; quelques abbayes confisquées permettent de créer des écoles d’État (Meissen et Pforta en 1543, Grimma en 1550). C’est surtout sur le plan économique que le développement de la Saxe, au XVIe s., est remarquable, grâce notamment à l’action de l’Électeur Auguste (de 1553 à 1586).

Leipzig s’affirme comme une place commerciale de premier plan, et l’exploitation minière constitue toujours l’ossature de la vie économique.

Au cours du XVIIe s., la situation économique privilégiée se confirme. L’alliance avec l’Empereur vaut à la Saxe de pouvoir annexer en 1635 les margraviats de Haute- et Basse-Lusace* ; les quelques apanages ne menacent pas l’unité de l’État, et l’extinction des lignées cadettes permet de les réinté-

grer dès le début du XVIIIe s. Mais la place prédominante de la Saxe à l’est de l’Elbe est de plus en plus menacée par le Brandebourg* ; se précise alors le conflit qui marquera pendant trois siècles l’histoire de l’espace transel-bien. En annexant Magdeburg en 1680, malgré les tentatives saxonnes de s’y installer, le Brandebourg pénètre profondément dans la Saxe historique (Halle est brandebourgeoise depuis 1680, et son université doit concurrencer celle de Wittenberg) ; mais, grâce aux Lusaces, la Saxe touche presque à Berlin.

Le XVIIIe s. est marqué par une percée saxonne en direction de l’est : en 1697, l’Électeur Auguste le Fort (de 1694 à 1733) est devenu roi de Pologne. La création d’un axe Dresde-Varsovie a sans doute renforcé la position de la Saxe, mais elle a, en même temps, entraîné celle-ci dans de longues et coû-

teuses guerres contre la Suède. Mais l’Électeur-roi, tout en courant d’un champ de bataille à l’autre, ne néglige pas de développer les structures mo-

narchiques de la Saxe, d’intervenir très activement dans la vie économique par la création de manufactures (porcelaine de Meissen, 1710) et dans la vie culturelle par une politique très réfléchie de protection des arts et des lettres ainsi que de grandes constructions, notamment à Dresde*, qui est la capitale et qui devient l’une des plus belles villes d’Europe. Comme la Bavière, mais

avec plus de ressources économiques, la Saxe est un des États qui ressemblent le plus à la France de Louis XIV, dont elle est l’alliée.

Son déclin est presque parallèle à celui de la France. Comme au temps de la guerre de Trente* Ans, quand les Suédois parcouraient le pays, la guerre de Silésie et la guerre de Sept* Ans touchent directement le pays. Au cours de la seconde moitié du XVIIIe s., les ambitions du prince se réduisent à bien administrer, à restaurer les finances publiques, à maintenir la balance égale entre la Prusse et les Habsbourg. La liaison dynastique avec la Pologne prend fin, mais la Saxe sait rester à l’écart des partages. C’est une période assez « bourgeoise » de l’histoire de Saxe, mais la paix sociale permet de traverser sans dommage la période révolutionnaire, malgré quelques mouvements paysans en 1790.

Au cours du XIXe s., la Saxe subit des revers dans son conflit avec la Prusse.

En 1806, elle devient royaume et passe dans le camp français en renouant avec la Pologne (grand-duché de Varsovie). Restée fidèle à la France, elle est vaincue avec elle à Leipzig*. En 1815, elle doit céder la Lusace à la Prusse, qui crée une Provinz Sachsen allant de l’Elbe à l’Oder.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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Bien que politiquement affaiblie, elle reste une grande puissance économique. Le développement de la navigation à vapeur, la construction des voies ferrées, les nouvelles techniques industrielles sont en grande partie une oeuvre saxonne. Ce développement est favorisé bien sûr par l’accession à l’union

douanière (Zollverein) en 1834, mais aussi par des mesures visant à maintenir la paix sociale (Constitution modé-

rée de 1831). La vie intellectuelle est très active, mais elle est caractérisée essentiellement par l’aspect technique, la littérature et les arts restant en seconde position, bien que leur importance ne soit pas négligeable. La Saxe est un État monarchique sans doute, mais dont le caractère bourgeois est à rapprocher de la France de Louis-Philippe. Les mouvements de 1848 restent limités. C’est en mai 1849 que date le très violent soulèvement de Dresde.

Les troupes prussiennes rétablissent l’ordre, et il semble que la Saxe soit désormais destinée à n’être qu’un protectorat prussien (en 1867, elle fait partie de la Confédération de l’Allemagne du Nord [Norddeutscher Bund]).

Toutefois, même après 1871, le souverain parvient à garder une certaine autonomie grâce à la paix sociale qui accompagne une industrialisation et une urbanisation très poussées. Le mouvement socialiste se développe sans s’opposer au roi, et la population s’intéresse de près aux entreprises lointaines (une partie notable des équipages de la marine, en plein développement, vient de Saxe). Effacé sur le plan politique, le rôle de la Saxe reste très important sur le plan social et culturel ; une partie importante des mouvements qui, vers la fin du XIXe s. et au début du XXe, se développent en Allemagne est saxonne ; il faut signaler le développement de l’édition à Leipzig, qui est parallèle au développement dans cette ville des industries lourdes et du noeud ferroviaire.