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nateurs de saisir le Conseil constitutionnel des lois qui leur sembleraient contraires aux libertés garanties par la Constitution ; en décembre, le Parlement vote une loi sur l’interruption volontaire de grossesse, libéralisant les conditions d’avortement.

L’année 1976 est marquée par les

prodromes d’une tension politique : en désaccord avec les moyens qui lui sont accordés par le président de la République, Jacques Chirac abandonne ses fonctions de Premier ministre (août 1976) et se consacre à l’édification de la formation qui, en décembre, prendra la relève de l’U. D. R., le Rassemblement pour la République (R. P. R.). Il est remplacé à la tête du gouvernement par un spécialiste de l’Économie, Ray-

mond Barre, dont la mission prioritaire est de ralentir l’inflation (plan Barre).

En janvier 1977, une crise aiguë éclate au sein de la majorité avec le problème posé par l’élection du nouveau maire de Paris. Valéry Giscard d’Estaing soutient le candidat de la majorité, Michel d’Ornano, tandis que le R. P. R. appuie celle de son leader Jacques Chirac. À

la suite des élections municipales de mars 1977, ce dernier sera élu maire de Paris, mais l’opposition sortira victorieuse de la confrontation, en emportant notamment les municipalités de Nantes, Brest, Rennes, Angers et Saint-Étienne.

La politique économique

et sociale de

la Ve République

La remise en ordre des finances

et de l’économie

Désireux de mettre un terme à la dégradation de la monnaie et à l’inflation, le ministre des Finances Antoine Pinay prend, entre 1958 et 1960, une série de mesures capitales : emprunt à 3,5 p. 100

indexé sur l’or le 17 juin 1958 ; dévaluation du franc de 17,55 p. 100 le 28 décembre, ce qui lui confère une valeur marchande de 1,80 mg d’or

fin ; rétablissement de la convertibilité externe en faveur des seuls non-résidents ; création du franc lourd, valant 100 francs anciens à partir du 1er janvier 1960 ; libération des échanges portée à 90 p. 100 en conformité avec le régime accepté par les autres membres de l’Organisation européenne de coopération économique (O. E. C. E.).

L’économie française, qui, grâce à la dévaluation, bénéficie d’une prime aux exportations, peut supporter l’abaissement des droits de douane de 10 p. 100

à la date du 1er janvier 1959, conformé-

ment aux accords conclus par les six membres de la C. E. E.

Un moment ralentie en 1959, l’ac-

tivité économique reprend son essor.

L’excédent de la balance commerciale et surtout le solde très positif de la balance des paiements permettent de reconstituer les réserves en or et en devises de la France.

Difficultés et réformes

(1958-1967)

Cette reprise de l’activité économique, consécutive à deux ans de ralentissement, est trop tardive pour permettre la réalisation des objectifs du troisième plan, qui doit être remanié dans un plan intérimaire de dix-huit mois (1960-1961) visant à assurer une croissance d’environ 5,5 p. 100 par an et à permettre le démarrage du quatrième plan.

Ce dernier plan doit maintenir de 1962

à 1965 le taux d’accroissement de la production intérieure brut, assurer le plein-emploi et l’aménagement du territoire en tenant compte de l’arrivée sur le marché du travail des classes nombreuses nées après la Seconde Guerre mondiale ainsi que de la décolonisation et du passage de la C. E. E. à la deuxième étape de sa réalisation en 1962.

D’autre part, la hausse des prix industriels étant plus rapide que celle des produits agricoles, le malaise paysan s’aggrave et se traduit du 11 janvier au 7 avril 1960 par de nombreuses manifestations. Pour résoudre ce problème et faciliter l’insertion de l’agriculture française dans la C. E. E., le Premier ministre, Michel Debré, fait adopter la loi d’orientation agricole du 5 août 1960, qui crée les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (S. A. F. E. R.) et le Fonds d’orientation et de régularisation des marchés agricoles (F. O. R. M. A.). Précisée par la loi complémentaire du 8 août 1962, qui crée le Fonds d’action sociale pour l’aménagement des structures agricoles (F. A. S. A. S. A.), et par le décret du 3 décembre 1964, qui reconnaît le groupement agricole d’exploitation en commun, cette nouvelle politique agricole est mise en place avec énergie par Edgard Pisani, ministre de l’Agriculture de 1961 à 1966.

Parallèlement, l’effort fait pour rentabiliser la production énergétique, la production sidérurgique et celle de la construction aboutit à la fermeture de certaines mines de charbon, à l’essor d’une sidérurgie sur l’eau (Dunkerque, fév. 1963 ; etc.) aux dépens de la sidé-

rurgie lorraine, au développement de la construction industrielle, à la multiplication des fusions d’entreprises complémentaires. Il en résulte une augmentation de la productivité bénéfique

sur le plan économique, parfois dangereuse sur le plan social, ce qui explique la multiplication des grèves, dont l’une des plus significatives est celle des mines de Decazeville, qui dure du 19 décembre 1961 au 23 février 1962.

Pour pallier les conséquences so-

ciales de la mutation de l’économie française, le gouvernement prend

d’importantes mesures : création de l’assurance chômage complémentaire dès le 31 décembre 1958 ; généralisation des retraites complémentaires par l’accord du 8 décembre 1961 ; octroi de la quatrième semaine de congés payés aux ouvriers de chez Renault le 29 décembre 1962, mesure qui

fait rapidement tache d’huile. Mais il se heurte à la méfiance des trois grandes centrales syndicales (C. G. T., C. F. D. T. et F. O.) lorsqu’il veut instaurer l’« association capital-travail »

promise par le chef de l’État. Le mé-

contentement des syndicats se traduit par des grèves, dont la plus importante est celle des Charbonnages de France, où le conflit dure du 1er mars au 5 avril 1963. De nouvelles hausses accroissent l’inflation, qui se révèle très dangereuse pour les exportations. Le gouvernement constitue alors, le 13 mars, une « commission des sages » chargée d’élaborer une politique de revenus, dont les principes sont exposés dans le

« rapport Massé », publié sous le nom de son président le 6 février 1964 ; puis il institue le 27 juillet 1963 un préavis de grève de cinq jours qui doit protéger les usagers contre les consé-

quences d’arrêts de travail inattendus ; enfin, il impose l’adoption, le 12 septembre, d’un « plan de stabilisation »

(blocage des prix, limitation du cré-

dit, abaissement des tarifs douaniers, remboursement anticipé des dettes extérieures, création du Fonds national de l’emploi ; etc.) visant à relancer les exportations. Celui-ci n’empêche pas d’entreprendre une fructueuse politique d’investissements à l’étranger, politique qui renforce la position internationale du franc, monnaie solide face à un dollar en difficulté, auquel il se substitue comme base de référence dans les accords commerciaux internationaux, au début de 1968.

Mais, freinant trop longtemps la

hausse des salaires et donc la consommation, le plan de stabilisation rend difficile l’application du cinquième plan. Adopté par le Parlement le

19 novembre 1965, celui-ci se propose d’augmenter la productivité et de développer l’économie française dans un cadre non plus quadriennal et national, mais quinquennal et régional (1966-1970). Aussi le nouveau ministre des Finances, Michel Debré, doit-il promouvoir le 16 février 1966 un plan de relance dans la stabilité (création des

« contrats de programme », mesures fiscales favorisant les investissements, etc.). En fait, la production et la consommation privée ne croissent respectivement que de 4,2 et de 3,8 p. 100

en 1967, au lieu des 5 p. 100 prévus, tandis que le nombre des chômeurs et des demandeurs d’emploi approche

500 000 au début de 1968. Et, paradoxalement, c’est la crise de mai-juin 1968 qui assure la reprise de l’expansion après un arrêt total de la production pendant plus d’un mois.