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rédige Sur le royaume de Norvège (1567) et évoque les heures de gloire du passé norvégien, tandis que Peder Claussøn Friis (1545-1614) entreprend de traduire la Heimskringla de Snorri Sturluson.

Non moins sombres sont les temps

que traverse l’Islande, atteinte par la Réforme vers 1550 : la première Bible islandaise est imprimée à Hólar en 1584 d’après la traduction de l’évêque Guðbrandur Þórlaksson (Gudbrandur Thórlaksson, 1571-1627).

Le baroque

Au XVIIe s., on s’efforce d’élever la poé-

sie à la hauteur des modèles classiques tout en cultivant le mode d’expression en vers des langues maternelles respectives ; mais c’est avant tout la prose qui gagne ses lettres de noblesse.

Au Danemark, Anders Arrebo (1587-

1637) traduit les psaumes de David et rédige les six chants de l’Hexaméron (éd. posthume 1661), épopée dans

laquelle il décrit les jours de la Création. Autre grand poète, Thomas Kingo (1634-1703), tantôt profane, tantôt religieux, est célèbre par ses Chorals spirituels (1674 et 1681) et ses psaumes de l’Hiver (1689). Des oeuvres en prose, il faut retenir la poignante autobiographie de la princesse Leonora Christine Ulfeldt (1621-1698) : ses Souvenirs de ma détresse (1673-74, publiés en 1869) rapportent son emprisonnement dans la tour Bleue de Copenhague, où elle resta vingt-deux ans, accusée à tort de haute trahison.

La Norvège, à cette époque, ne

connaît guère que les psaumes de

Dorthe Engelbretsdatter (1634-1716) et l’ouvrage au titre baroque du pasteur Petter Dass (1647-1708), la Trompette du Nordland (éd. posthume 1739), dans lequel l’auteur présente sa province natale, ses habitants et leurs coutumes.

En Suède, le baroque est aussi au goût du jour. Vers 1650, Stockholm devient la véritable capitale du pays grâce à l’influence de la reine Christine*. Le premier auteur dramatique, Johannes Messenius (v. 1579-1636), tire ses sujets de l’histoire de Suède

ou de ses légendes (Disa, 1611). Lars Wivallius (1605-1669), dont la vie est fort aventureuse, compose des poèmes sur la nature empreints de sentiments religieux. Le philologue Georg Stiern-hielm (1598-1672) est aussi un poète : son Hercule (1658) est une sorte d’épo-pée composée en hexamètres. À la

même époque paraît un long poème à la gloire de la langue suédoise, d’un auteur non identifié qui utilise le pseudonyme de Skogekär Bergbo. Samuel Columbus (1642-1679) écrit en latin des Odes suédoises (1674) et compile le premier dictionnaire préconisant l’orthographe correspondant à la pro-nonciation. Quant à Lars Johansson (1638-1674), connu sous le nom de Lucidor, il compose des chansons à boire et d’amour.

En Islande, la religion a une très forte emprise : ainsi, Hallgrímur Pé-

tursson (1614-1674) écrit ses Hymnes de la Passion (1666). Par contre, Stefán Ólafsson (1620-1688) est l’auteur de poèmes profanes d’un grand lyrisme.

Classicisme et

rationalisme

Au tournant du siècle, le classicisme à la française l’emporte sur le baroque.

Holberg et Dalin fondent une nouvelle littérature danoise et suédoise, établissant des traditions littéraires durables, parallèles dans les deux pays.

Né en Norvège, Ludvig Holberg*

(1684-1754) est de culture essentiellement danoise ; il est à la fois auteur dramatique et philosophe. Dans son poème héroï-comique Peder Paars

(1719), il fait la satire de la société danoise ; il écrit de nombreuses co-médies, dont Jeppe sur la montagne (1722) et Erasmus Montanus (1731), et doit beaucoup à la comédie italienne et à Molière. Il est aussi l’auteur d’ouvrages historiques (Histoire du royaume de Danemark, en trois volumes, 1732-1735) et d’essais (Pensées morales, 1744 ; Épîtres, 1748-1754). Il exerce une influence telle sur ses compatriotes qu’à la fin du XVIIe s. la littérature norvégienne gagne son autonomie.

La Suède a en Olof von Dalin (1708-1763) son premier véritable homme

de lettres. Celui-ci publie un hebdomadaire, l’Argus suédois, dans lequel il satirise les différents aspects de la vie de son temps ; son célèbre Conte du cheval (1740) est une allégorie du peuple suédois. Dalin écrit aussi une tragédie en vers, Brynhilda (1738), ainsi qu’une Histoire du royaume de Suède en quatre volumes (1747-1762).

C’est une place à part qu’occupe Emanuel Swedenborg (1688-1772), dont la plupart des ouvrages sont en latin ; il abandonne la science à soixante ans pour une philosophie religieuse qui le rendra célèbre dans toute l’Europe.

Piétisme et

préromantisme

Aux tendances critiques et rationalistes s’oppose bientôt une poussée de lyrisme, avant-garde du préromantisme.

Au Danemark, Hans Adolf Brorson

(1694-1764) se place sous le signe du piétisme : il écrit deux recueils de psaumes, le Bijou inestimable de la foi (1739) et le Chant du cygne (éd. posthume, 1765). Ambrosius Stub (1705-1758) compose des chansons à boire et des arias souvent moralisantes. Norvé-

gien d’origine, Christian Tullin (1728-1765) s’inspire de Pope et chante la nature dans son poème Jour de mai.

En Suède, Hedvig Charlotta Norden-flycht (1718-1763) exprime en vers ses émotions personnelles ; son poème la Tourterelle éplorée (1743) est d’un lyrisme très pur. Gustaf Philip Creutz (1731-1785) compose des poèmes

idylliques assez précieux, et Gustaf Frederic Gyllenborg (1731-1808) des poèmes d’inspiration stoïcienne plus réalistes. Mais le plus grand poète de cette époque est incontestablement Carl Michaël Bellman (1740-1795), qui met en musique ses propres compositions, où coïncident légèreté et tragique. Ses Épîtres de Fredman (1790) et ses Chansons (1791) sont une suite de tableaux, d’incidents dont le réalisme est très discret.

À la fin du XVIIIe s., les pays scandinaves montrent un intérêt croissant pour la littérature et le théâtre. C’est l’époque où fleurissent les sociétés littéraires, notamment la « Société norvégienne » à Copenhague. L’Islande

elle-même s’apprête à sortir de son engourdissement et à s’éveiller à l’influence des courants européens.

Au Danemark, Johannes Ewald

(1743-1781) porte le préromantisme à son apogée. Ses poèmes expriment avec un lyrisme inégalé les passions qui le hantent. Il puise le sujet de ses drames tantôt dans l’oeuvre de Saxo Grammaticus (Rolf Krage, 1770 ; la Mort de Balder, 1775), tantôt dans la vie de tous les jours (les Pêcheurs, 1779).

Le Norvégien Johan Herman Wessel

(1742-1785) écrit une amusante parodie de la tragédie française (l’Amour sans chaussettes, 1772) et d’excellentes fables. Jens Baggesen (1764-1826), poète trop versatile, est l’auteur de Récits comiques (1785) et de Lettres rimées et fantaisistes (1806).

En Suède, Johan Henrik Kellgren

(1751-1795) est la figure de proue du classicisme de l’époque gustavienne.

Il manie aussi bien la prose que les vers et pratique les attaques à la Voltaire. Son célèbre poème la Vie d’un niais (1791) satirise l’existence humaine. Anna Maria Lenngren (1754-

1815) écrit poèmes et satires. Portant la marque des influences anglaise et allemande, le préromantisme est repré-

senté par Thomas Thorild (1759-1808), théoricien avant tout, par Bengt Lidner (1757-1793), personnage exalté, dont le poème le plus fameux est une ode intitulée la Mort de la comtesse Spastara (1783), et par Frans Michael Franzén (1772-1847), auteur d’odes philosophiques et d’idylles sentimentales.

Romantisme et

réalisme

Le romantisme triomphe dans les premières décennies du XIXe s. au Danemark, puis en Suède et, par contrecoup, en Norvège.

Adam Oehlenschläger (1779-1850)

est le chef de file du romantisme danois : son poème les Cornes d’or (1802) en est en quelque sorte l’article de foi. Oehlenschläger redécouvre l’amour et la nature, et il s’inspire des vieux thèmes scandinaves. Il écrit de très beaux poèmes, plusieurs cycles