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de romances et les premières tragé-

dies historiques danoises. Le pasteur Nikolai F. S. Grundtvig* (1783-1872) downloadModeText.vue.download 568 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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marque profondément la vie intellectuelle et sociale du Danemark de cette époque. Partageant l’enthousiasme des romantiques pour l’antiquité nordique, il traduit Saxo Grammaticus et Snorri Sturluson ainsi que l’épopée anglo-saxonne Beowulf et se passionne de mythologie. Après une longue évolution spirituelle, il parvient à un christianisme communautaire inspiré de l’Église primitive. Son message s’exprime dans l’ensemble de ses Psaumes et de ses Chants spirituels. Bernhard Severin Ingemann (1789-1862) écrit des romans historiques inspirés par ceux de Walter Scott. Poul Martin Møller (1794-1838) est l’auteur des Aventures d’un étudiant danois (éd.

posthume, 1843), le premier roman à traiter d’événements contemporains.

En Suède, le romantisme est fon-

cièrement conservateur. Per Daniel Atterbom (1790-1855) est le principal représentant du mouvement « phos-phoriste » (du nom du périodique

Phosphore). Son oeuvre maîtresse, l’Île de la félicité (1824-1827), est un conte dramatisé, lyrique et philosophique.

Inconnu de son vivant, Erik Johan Stagnelius (1793-1823) est le type même du poète maudit. Ses poèmes

le montrent partagé entre l’idéa-

lisme mystique et l’érotisme. De son côté, Erik Gustaf Geijer (1783-1847) influence la « Société gothique », qui se donne pour but de ressusciter le passé scandinave. Ses poèmes sont d’une apparente simplicité, tel le Petit Charbonnier. Il publie en 1825 ses Annales du royaume de Suède. Esaias Tegnér (1782-1846), le plus brillant des romantiques suédois, écrit surtout des poèmes sur des sujets contemporains : dans Svea (1811), il exalte la liberté du Nord ; dans le Héros (1813), il fait l’éloge de Napoléon. Son chef-d’oeuvre, la Saga de Frithiof (1825), est un long poème épique d’après le vieux récit islandais.

Au milieu du XIXe s. (1830-1860), le romantisme cède la place au réalisme.

Au Danemark, Steen Steensen Bli-

cher (1782-1848) se plaît à évoquer son Jylland natal. D’abord influencée par Ossian, sa poésie prend ensuite un tour très personnel. Le Journal d’un bedeau de campagne (1824) est la première d’une longue série de nouvelles, dont une, intitulée la Chambre à tricoter (1842), est entièrement rédigée en dialecte jyllandais. Fort différent de Blicher, Johan Ludvig Heiberg (1791-1860) s’efforce de faire revivre le théâtre à Copenhague en y introduisant le vaudeville, avec notamment Poisson d’avril (1826) et la Colline des elfes (1828). Pour Henrik Hertz (1797-1870), la forme est plus importante que le fond : c’est ce qu’il expose dans ses Lettres d’un revenant (1830). Christian Winther (1796-1876) compte parmi les meilleurs poètes danois. Ses poèmes d’amour, tels Vole, oiseau, vole ou Une nuit d’été, ne renient pas tout à fait les élans romantiques ; son long poème épique, la Fuite du cerf (1855), reste son oeuvre la plus populaire. Emil Aa-restrup (1800-1856) va plus loin que lui et pénètre dans le champ inexploré de la sensualité avec un recueil de poèmes intitulé Situations érotiques.

Toutefois, la plus belle illustration du réalisme poétique est fournie par les contes de Hans Christian Andersen* (1805-1875). Entre 1835 et

1872, l’écrivain danois publie plus de 160 contes et histoires. S’il y dénonce l’égoïsme ou la vanité, il garde malgré tout confiance en une justice éternelle.

La bonhomie et la simplicité de son style le rendent accessible aux enfants, mais c’est aux adultes que s’adressent ses récits, où s’unissent le merveilleux et le quotidien. Ses contes — le Vilain Petit Canard, dont le héros n’est autre que l’auteur lui-même, la Cloche qui exprime clairement sa philosophie, et tant d’autres qui l’ont rendu célèbre

— ont repoussé dans l’ombre le reste de son oeuvre : plusieurs récits de voyages, quelques romans et des pièces de théâtre.

Face à l’esthétisme romantique

et aux justifications de l’existence

s’installent une critique plus sévère et le doute fondamental. Søren Kierkegaard* (1813-1855) publie ses premiers ouvrages sous pseudonyme :

Ou bien... ou bien (1843) oppose la conception esthétique de la vie à celle de l’éthique, puis la troisième partie des Étapes sur le chemin de la vie (1845) apporte le complément décisif, celui du stade religieux. Kierkegaard traite aussi de la psychologie religieuse dans Crainte et tremblement et dans le Concept d’angoisse. Des trois modes de vie, l’esthétique, l’éthique et le religieux, il choisit ce dernier et montre que le christianisme est un paradoxe dont l’individu doit faire lui-même et seul l’expérience. Son véritable testament philosophique est le Post-scriptum définitif et non scientifique...

(1846), dont l’influence sur le mouvement existentialiste sera considérable.

L’oeuvre de Frederik Paludan-Müller (1809-1876) est caractérisée par ses romans en vers : la Ballerine (1833) et surtout Adam Homo (1841-1848).

L’écrivain juif Meïr Aron Goldschmidt (1819-1887) publie pendant six ans un hebdomadaire satirique, le Corsaire ; il est l’auteur de plusieurs romans, tels Un juif (1845), qui traite des préjugés raciaux, et Sans foyer (1853-1857).

C’est lui qui, pour ainsi dire, jette le pont entre le romantisme et le naturalisme au Danemark.

Pour sa part, la Norvège, qui, depuis 1814, a acquis son indépendance, se crée une vie culturelle propre. Henrik Wergeland (1808-1845), qui publie en 1830 les 20 000 vers de son épopée, la Création, l’Homme et le Messie, est à la source de l’essor littéraire norvégien.

Romantique et rationaliste à la fois, il écrit des drames, des farces et de nombreux poèmes qui portent la marque de son patriotisme. Au contraire, Johan Sebastian Welhaven (1807-1873)

continue la tradition littéraire danoise et va même jusqu’à ridiculiser les excès de nationalisme dans son célèbre poème l’Aube de la Norvège (1834).

L’intérêt croissant porté aux chansons et aux contes du Moyen Âge incite à la recherche Jørgen Moe (1813-1882) et Peter Christen Asbørnsen (1812-1885), qui, en 1841, publient en commun le premier livre des Contes populaires

norvégiens. Ils s’efforcent d’insérer des tournures dialectales dans la langue écrite à la danoise (ou riksmål). Le philologue Ivar Aasen (1813-1896), quant à lui, bâtit à partir des dialectes une langue nouvelle, le landsmål : il publie en 1848 une Grammaire de la langue populaire norvégienne et en 1850 un Dictionnaire. Simplifiée et normalisée, cette langue sera reconnue officiellement en 1885 sous le nom de néonorvégien. Le journaliste Aasmund Vinje (1818-1870) en fait usage dans son propre journal, Dølen, et dans un recueil de poèmes (1864). À la même époque, Camilla Collett (1813-1895), soeur de Wergeland et première romancière norvégienne, prend pour thème l’émancipation sociale de la femme, qu’elle traite avec beaucoup de réalisme dans son roman les Filles du pré-

fet (1855) et dans plusieurs recueils de nouvelles.

La Suède vit également sa période de transition entre le romantisme et le réalisme, dominée par Carl Jonas Love Almqvist (1793-1866). Celui-ci se pré-

occupe des problèmes sociaux, et en particulier de celui des paysans. Son oeuvre la plus célèbre, intitulée Livre de l’églantier (1832-1851), comprend des poèmes, des nouvelles, des essais, des contes et des pièces de théâtre.

Son roman historique les Bijoux de la reine (1834) fait la critique des moeurs et de la société. Almqvist excelle dans le genre de la nouvelle, qu’il introduit pratiquement dans la littérature sué-

doise. Fredrika Bremer (1801-1865) lutte pour l’émancipation de la femme ; son roman épistolaire les Voisins (1837) est le plus connu. Émilie Fly-gare-Carlén (1807-1892), elle, décrit la vie des pêcheurs de la côte ouest sué-