Выбрать главу

doise dans le roman la Rose de l’île aux chardons (1842). Il faut enfin citer le poète finlandais d’expression suédoise Johan Ludvig Runeberg* (1804-1877), qui écrit des poèmes de tendance nettement réaliste, tels les Chasseurs d’élans et la Veillée de Noël.

En Islande, le romantisme apporte un renouveau de la littérature : les poètes romantiques jouent un rôle dans la lutte pour l’indépendance ; ils admirent l’époque des sagas, louent la beauté de l’Islande et gardent pré-

cieusement l’usage de leur langue maternelle. Le plus grand d’entre eux est sans conteste Jónas Hallgrímsson (1807-1845), principal éditeur de la revue Fjölnir et dont la poésie lyrique est d’une beauté rarement égalée. Ses petits récits en prose ouvrent la voie aux romanciers, dont le premier est Jón Þorðarson (Jón Thoroddsen, 1818-1868), auteur de Garçon et fille (1850) et de Homme et femme (éd. posthume, 1876). De son côté, Jón Árnason

(1819-1888) se charge de recueillir la vieille littérature populaire conservée dans la tradition orale.

Naturalisme et

symbolisme

À la fin du XIXe s., le renforcement des tendances réalistes sert de point de dé-

part à un naturalisme qui se manifeste sous diverses formes.

C’est ce que le critique danois Georg Brandes* (1842-1927) désigne sous le nom de percée moderne. Dans ses conférences et ses écrits, il rassemble les convictions et les aspirations de son temps — notamment dans son oeuvre maîtresse, les Grands Courants dans la littérature du XIXe s. (1872-1890) — et en dégage sa conception littéraire, liée à la réalité et à la discussion. Il s’éloi-gnera du naturalisme par la suite, pour écrire sous l’influence de Nietzsche des monographies qui reflètent son culte des grands hommes : Shakespeare,

Goethe, Voltaire. Il a, en quelque sorte, guidé l’évolution de toute la littérature scandinave de son temps.

Au Danemark même, le premier

à subir son influence se nomme Jens Peter Jacobsen (1847-1885). Ses deux grands romans, Marie Grubbe (1876) downloadModeText.vue.download 569 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

9904

et Niels Lyhne (1880), sont le fruit du naturalisme et de l’athéisme. Autre disciple de Brandes, mais pour un temps seulement, Holger Drachmann (1846-1908) publie de nombreux recueils de poésies — tel celui des Chants de la mer (1877) —, des romans et des pièces

de théâtre. Karl Gjellerup (1857-1919 ; prix Nobel en 1917) s’éloigne vite du brandésianisme ; son meilleur roman, le Moulin (1896), a pour scène l’île de Falster. Adversaire de Brandes, Herman Bang (1857-1912) repousse plus loin encore les frontières du naturalisme. Ses nouvelles et ses romans, comme En marche (1886) et Tine

(1889), traitent des gens sans importance, aux destinées banales ou insignifiantes. Mais le plus grand romancier de cette époque est Henrik Pontoppi-dan* (1857-1943 ; prix Nobel en 1917).

Il met surtout l’accent sur l’influence du milieu : lui-même est issu d’une famille marquée par le grundtvigia-nisme. À côté de nouvelles et de petits romans, il publie trois grandes oeuvres : la Terre promise (1891-1895), Pierre-le-Chanceux (1898-1904) et l’Empire des morts (1912-1916), où il expose respectivement l’illusion du retour à la nature, du bonheur et de l’amour.

En Norvège, deux grands écri-

vains illustrent cette période : Henrik Ibsen* (1828-1906) et Bjørnstjerne Bjørnson* (1832-1910 ; prix Nobel en 1903). Bjørnson s’impose le premier au public en publiant plusieurs contes, dont Synnøve Solbakken (1857). Après un drame historique, Sigurd Slembe (1862), et un récit de ton plus moderne, la Fille du pêcheur (1868), prend fin sa production romantique : Une faillite (1875) est son premier drame réaliste, dont le sujet est la corruption dans le domaine financier. Dans un autre drame non moins célèbre, Au-delà des forces humaines (1883), deux mondes s’affrontent : celui de la libre pensée et celui de la foi. La suite de cette pièce (1895) a pour thème des problèmes d’ordre social. Le troisième grand drame, Paul Lange et Tora Parsberg (1898), évoque un conflit politique doublé d’un conflit amoureux. Bjørnson s’essaie dans tous les genres : romans (Magnhild, 1879 ; les Voies de Dieu, 1889), mais aussi nouvelles, poèmes souvent lyriques, articles polé-

miques et conférences.

Ibsen tire le sujet de ses premières pièces de l’histoire du Moyen Âge ou des sagas : les Guerriers à Helgeland (1858), les Prétendants (1864). Avec la Comédie de l’amour (1862), sa première satire de la société moderne, et un

poème intitulé Sur les hauteurs (1860), il traite des problèmes de l’éthique et de l’esthétique dans la vie. Il s’exile alors volontairement pendant près de trente ans, incompris du public norvé-

gien, pour lequel il écrit deux pièces vengeresses : Brand (1866), le drame de l’échec, et Peer Gynt (1867), où il fouette le caractère national. Il écrit une longue série de pièces sociales et crée le théâtre réaliste, qui connaît un succès européen et mondial : les Piliers de la société (1877), où il s’attaque aux liens qui entravent les individus ; Maison de poupée (1879), sur le thème de la libération de la femme ; les Revenants (1881), qui porte sur le tragique des destinées ; Un ennemi du peuple (1882), nouvelle attaque contre la so-ciété ; le Canard sauvage (1884), où l’on découvre le mensonge qui aide à vivre. À partir de cette date, Ibsen donne plus de liberté à sa fantaisie et, dans un cadre réaliste, introduit un symbolisme riche et provoquant : Rosmersholm (1886), la Dame de la mer (1888), Hedda Gabler (1890) ; ses drames se succèdent au même rythme étonnant, et le dernier, Quand nous nous réveillerons d’entre les morts (1899), fait figure d’apologie de toute son oeuvre.

Tandis qu’Ibsen et Bjørnson éla-

borent le drame moderne, Jonas Lie (1833-1908) consolide le roman et brosse des tableaux de famille ou de la vie des marins : le Pilote et sa femme (1874), les Filles du commandant

(1886). Alexander Kielland (1849-

1906) montre son aversion pour les préjugés et l’égoïsme de la bourgeoisie dont il est issu dans ses romans et ses nouvelles, parfois très mordantes.

Fidèle au naturalisme, Amalie Skram (1846-1905) dépeint les fruits amers du mariage malheureux : son chef-d’oeuvre, les quatre volumes des Gens de Hellemyr (1887-1898), analyse l’influence du milieu et de l’hérédité. Cependant, la littérature néo-norvégienne prend son essor avec Arne Garborg*

(1851-1924), dont le roman le plus connu, Étudiants paysans (1883), oppose les milieux citadin et campagnard.

D’abord réaliste, l’oeuvre de Garborg devient par la suite impressionniste : l’écrivain défend la réalité subjective.

Un cycle de poèmes intitulé Haugtussa

(1895) montre le charme des traditions, mais aussi la valeur évocatrice du landsmål.

En Suède, c’est Viktor Rydberg

(1828-1895) qui marque la transition vers le naturalisme. Journaliste radical passionné par l’histoire de l’Antiquité, il est l’auteur du Dernier Athé-

nien (1859) et de la Doctrine de la Bible concernant le Christ (1862), où il critique l’intolérance religieuse. Il est convaincu que l’humanité marche vers le progrès et il l’exprime dans ses poèmes. Carl Snoilsky (1841-1903), qui se place sous la bannière de Georg Brandes, est resté célèbre pour ses Images suédoises (1886), suite de portraits et de scènes de l’histoire de Suède. Mais c’est August Strindberg*

(1849-1912) qui domine les lettres sué-

doises de cette époque ; il remporte un succès sans pareil à l’étranger, dû surtout à sa production théâtrale. Après Maître Olof (1872), sa première contribution au drame réaliste, il ridiculise dans son roman la Chambre rouge

(1879) divers aspects de la société, de la religion et des institutions, contre lesquels il renouvelle ses attaques avec le Nouveau Royaume (1882). Deux