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En Islande, la poésie néo-romantique revit grâce à Stefán frá Hvítadal (1887-1933), dont le meilleur recueil s’intitule les Chants du voyageur (1918), et à Davíð Stefánsson (1895-1964), qui adopte la langue courante dans sa poé-

sie à la fois libre et imagée (les Plumes noires, 1919). À la scène, Jóhann Sigurjónsson (1880-1919) s’intéresse avant tout à la psychologie et prend volontiers ses sujets dans le passé islandais. Gunnar Gunnarsson (1889-1975) écrit des romans naturalistes, comme l’Église sur la montagne (1923-1928), en partie autobiographique, puis des romans historiques, comme la Terre (1933). Cependant, un courant socialiste s’accentue et prend sa véritable ampleur avec Þórbergur Þórðarson

(Thórbergur Thórdarson, né en 1889).

Ses Lettres à Laura (1924) sont des essais brillants et délibérément anticonformistes tant par le fond que par la forme. Le romancier Halldór Laxness*

(né en 1902 ; prix Nobel en 1955) bé-

néficie d’une audience internationale.

Il relate ses expériences religieuses dans le Grand Tisserand de Cachemire (1927), puis, attiré par le communisme, exalte le courage du peuple islandais avec Salka Valka (1931-32) et les Gens indépendants (1934-35). Il consacre un cycle romanesque, Lumière du monde (1937-1940), au poète Ólafur Kárason Ljósvíkingur, une trilogie, la Cloche d’Islande (1943-1946), à la domination danoise du XVIIIe s., et un roman,

Gerpla (1952), au temps des sagas.

Son oeuvre, en perpétuelle évolution, contribue à un renouveau stylistique de l’islandais.

De nos jours

De la Seconde Guerre mondiale à nos jours, les littératures scandinaves se placent sous le signe du modernisme, qui triomphe à peu près dans tous les genres.

En Suède, Gunnar Ekelöf (1907-

1968), qui a été le premier poète à adopter des positions nettement surréalistes dans son recueil Tard sur la terre (1932), revient ensuite au symbolisme.

Erik Lindegren (1910-1968) compte parmi les plus grands poètes suédois, grâce à son recueil l’Homme sans voie (1942). Stig Dagerman* (1923-1954) exprime dans son oeuvre l’angoisse de vivre et le désespoir, tant avec ses romans (l’Enfant brûlé, 1948) qu’avec ses drames (l’Ombre de Mart, 1938).

Lars Ahlin (né en 1915) renouvelle le roman prolétarien avec Tåbb et le manifeste (1943). Lars Gyllensten (né en 1921), romancier existentialiste, est l’auteur de Senilia (1956) et de la Mort de Socrate (1960). Enfin, Sara Lidman (née en 1923) revient pour un temps au récit paysan avec le Pays des ronces (1955), tandis que Per Olof Sundman (né en 1922), au plus haut point partisan de l’objectivité, est célèbre pour sa nouvelle les Chasseurs (1957).

Au Danemark, Paul La Cour (1902-

1956) reste fidèle à son humanisme, qui s’exprime notamment dans ses recueils de poèmes : La neige tombe (1938), Entre l’arbre et l’écorce (1950). Kjeld Abell (1901-1961) renouvelle la technique dramatique avec Anna Sophie Hedvig (1939) et Jours dans un nuage (1947). Hans Christian Branner (1903-1966) écrit des romans psychologiques particulièrement pénétrants, surtout downloadModeText.vue.download 572 sur 621

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17

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Nul ne connaît la nuit (1955), ainsi que des nouvelles et des pièces de théâtre. Martin A. Hansen (1909-1955)

souligne l’importance des valeurs traditionnelles, pour un monde déchiré, dans ses nouvelles et ses romans, comme Christophe l’heureux (1945) et le Menteur (1950). Le modernisme est représenté par Ole Sarvig (né en 1921), qui s’impose dès son premier recueil (Poèmes verdoyants, 1943), puis avec ses romans (la Rose de pierre, 1955) ; par Thorkild Bjørnvig (né en 1918), dont la poésie hermétique peu commune se retrouve dans ses recueils (Anubis, 1955 ; le Corbeau, 1968) ; par Klaus Rifbjerg* (né en 1931) enfin, qui, dans ses romans (Amateur d’opéra, 1966), ses recueils de poèmes (Camouflage, 1961) et ses pièces (Voks, 1968), utilise tous les moyens à sa portée pour créer l’inattendu.

En Norvège, la langue néo-nor-

végienne est mise à l’honneur par quelques poètes, notamment par Tor Jonsson (1916-1951), mais avant

tout par Tarjei Vesaas* (1897-1970), romancier et auteur dramatique, qui dépeint de façon très impressionniste la lutte entre l’angoisse de la vie et la croyance en la vie (la Maison dans la nuit, 1945 ; les Oiseaux, 1957 ; le Bateau du soir, 1968). Aksel Sande-mose (1899-1965), d’origine danoise, expérimente également les formes du modernisme : citons parmi ses romans Nous nous mettons des cornes (1936) et le Mariage de Felicia (1961). Le romancier Arthur Omre (1887-1967) continue la tradition réaliste avec la Fuite (1936). Johan Borgen (né en 1902) touche à tous les genres sans avoir de tendance littéraire bien pré-

cise. Kåre Holt (né en 1917) représente l’existentialisme avec La vengeance m’appartient (1953) et écrit par ailleurs des romans historiques. Jens Bjørneboe (né en 1920) est l’auteur de romans que nourrissent l’indignation et la satire : Jonas (1955), le Moment de liberté (1966).

Le modernisme se fait sentir plus tard en Islande et se caractérise par une révolution des formes lyriques traditionnelles. Le père de la poésie d’avant-garde, Steinn Steinarr (1908-1958), montre dans son recueil l’Eau et le temps (1948) sa passion pour une langue et des structures nouvelles, sous l’influence de l’art abstrait. Ce bouleversement atteint aussi le plus célèbre

des contemporains, Jóhannes úr Köt-lum (né en 1899). Et parmi les « poètes de l’atome », il faut nommer Jón Óskar (né en 1921), auteur du recueil la Nuit sur nos épaules (1958).

J. R.

J. H. E. Schück, Histoire illustrée de la litté-

rature suédoise (en suédois, Stockholm, 1892-1896, 2 vol. ; 3e éd., 1926-1932, 7 vol.). / F. Bull, F. Paasche, A. H. Winsnes et P. Houm, Histoire de la littérature norvégienne (en norvégien, Oslo, 1924-1955 ; 6 vol.). / E. N. Tigerstedt, Histoire de la littérature suédoise (en suédois, Stockholm, 1948 ; 3e éd., 1967). / E. Bredsdorff et coll., An Introduction to Scandinavian Literature (Westport, Connect., 1951). / H. Beyer, Histoire de la littérature norvégienne (en norvégien, Oslo, 1952 ; nouv. éd., 1963). / H. Fonsmark, la Littérature au Danemark et dans les autres pays nordiques (en danois, Copenhague, 1954 ; 4e éd., 1967). / J. Bukdahl, la Poésie nordique de l’ancien temps à nos jours (en danois, Odense, 1956). / S. Einarsson, A History of Icelandic Literature (New York, 1957). P. H. Traudstedt, Histoire de la littérature danoise (en danois, Copenhague, 1964-1966 ; 4 vol.). / F. Durand, Littérature danoise (Aubier, 1968) ; les Littératures scandinaves (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1974). / M. Brøndsted, Littérature du Nord (en danois, Copenhague, 1972 ; 2 vol.).

scandinaves

(musiques)

Relativement bien connue dans les pays anglo-saxons, moins déjà en Allemagne (malgré le voisinage géographique), la musique du nord de l’Europe n’a que peu pénétré en France. Certes, face aux grands foyers de culture du continent, les pays nordiques ont longtemps conservé une importance marginale ; il n’en demeure pas moins que leur musique, populaire ou savante, a enrichi le patrimoine européen d’un apport très original et qu’à l’heure actuelle ils possèdent une vie musicale prospère, voire florissante dans le cas de la Suède : partout, on rencontre une participation active et intelligente des pouvoirs publics sous forme d’édition, de diffusion, d’éducation.