ne libèrent le régime du poids de la guerre d’Algérie* (v. Empire colonial français).
La France et
le monde occidental
Dès lors, le général de Gaulle a les mains libres pour promouvoir une politique qui rende à la France son rang international en mettant un terme à la double hégémonie américano-sovié-
tique instaurée à Yalta. Dans ce dessein, il propose, dès le 24 septembre 1958, de doter l’alliance occidentale d’un directoire franco-américano-britannique, à la constitution duquel s’oppose le président Eisenhower*. Ce refus, auquel s’associe le Premier ministre britannique Harold Macmillan, amène le chef de l’État à resserrer les liens de la France avec l’Allemagne
(signature du traité de coopération franco-allemand le 22 janvier 1963).
L’alliance de ces deux pays doit, en effet, être la pierre angulaire autour de laquelle le président de la République veut construire l’Europe des réalités, c’est-à-dire l’« Europe des États » ; celle-ci doit affirmer sa personnalité, face à l’U. R. S. S. et face aux États-Unis, par la mise en oeuvre d’un projet de coopération politique, le plan Fouchet, qui est rejeté par le ministre belge des Affaires étrangères Paul Henri Spaak le 17 avril 1962. N’en condamnant pas moins une nouvelle fois l’Europe « intégrée », dite « supranationale », lors de sa conférence de presse du 15 mai, au prix de la démission des ministres M. R. P., le général de Gaulle rompt avec les cinq partenaires de la France en refusant, le 1er juillet 1965, d’attribuer des pouvoirs financiers à la commission exécutive unique du downloadModeText.vue.download 59 sur 621
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17
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Marché commun, qui doit être mise en place le 1er juillet 1967, ces pouvoirs portant, selon lui, atteinte à la souveraineté des États.
Déçu, par ailleurs, par le contenu des accords de Nassau de décembre 1962, qui resserrent l’entente militaire amé-
ricano-britannique — contrairement aux engagements pris envers lui par Harold Macmillan à Rambouillet les 15 et 16 décembre précédents —, il est convaincu, en outre, que les liens pré-
férentiels unissant le Royaume-Uni au Commonwealth ainsi que l’existence des « balance sterling » et du système des « deficiency payments » dont béné-
ficie l’agriculture d’outre-Manche sont incompatibles avec l’adhésion de la Grande-Bretagne à l’Europe des Six : cette adhésion risquerait d’entraîner la dilatation de la Communauté européenne dans une sorte de vaste zone de libre échange atlantique. C’est pourquoi le chef de l’État oppose son veto aux deux premières candidatures du Royaume-Uni dans ses conférences de presse du 14 janvier 1963 et du 16 mai 1967.
Acceptant d’abréger les étapes du désarmement douanier (10 p. 100 de baisse le 1er janvier 1959, le 1er février 1960, le 1er juillet 1960 et le 1er janvier 1962), il accélère la mise en place du Marché commun agricole, en utilisant, si nécessaire, l’arme du veto contre les cinq partenaires de la France, contraints ainsi à souscrire aux accords de Bruxelles du 14 janvier 1962 (institution du prélèvement). Après la crise du 30 juin 1965 et l’accord de Luxembourg du 30 janvier 1966, il conduit les États de la Communauté européenne à accepter d’assumer le financement de la politique agricole commune
(11 mai) et à mener à son terme le dé-
sarmement douanier avec deux ans et demi d’avance (1er juill. 1968).
La diversification des alliances
Adversaire de la politique des blocs, refusant, de ce fait, de souscrire aux accords américano-soviéto-britanniques de Moscou du 5 août 1963 sur l’arrêt des expériences nucléaires dans l’atmosphère, qui aurait, selon lui, figé au profit des trois pays signataires le rapport des forces existant dans le monde, le général de Gaulle entend nouer des liens nouveaux et solides avec les puissances communistes et avec les jeunes États du tiers monde. Il reçoit N. Khrouchtchev* en France en 1960
et A. Kossyguine en 1966, et il se rend lui-même en U. R. S. S. du 20 juin au 1er juillet 1966. Il ébauche ainsi avec l’Union soviétique une politique de coopération économique, technique et culturelle (accords du 30 juin 1966).
D’autre part, il noue des contacts directs avec la République populaire de Chine, qu’il reconnaît le 27 janvier 1964, la Pologne et la Roumanie, où il se rend respectivement le 6 septembre 1967 et du 14 au 18 mai 1968.
Enfin et surtout, débarrassé de l’hypothèque algérienne depuis la signature des accords d’Évian, il entreprend de resserrer les liens de la France avec les pays du tiers monde : d’abord avec ceux de l’Afrique noire francophone, auxquels il offre une aide financière, technique, militaire et culturelle, et dont il facilite l’association à l’Europe des Six par la convention de Yaoundé du 20 juillet 1963 ; ensuite avec ceux
du monde musulman, auprès desquels il bénéficie d’un prestige renforcé au lendemain de la condamnation qu’il porte contre l’action militaire menée par Israël pendant la guerre des six jours ; enfin, dans certains pays de l’Asie du Sud-Est, après qu’il a
condamné l’intervention américaine au Viêt-nam par le discours de Phnom Penh du 1er septembre 1966. Ainsi le prestige personnel du général de Gaulle contribue-t-il à rehausser celui de la France sur le plan international comme en témoignent les voyages triomphaux du chef de l’État en Amérique latine (sept.-oct. 1964) et au Québec (juill.
1967).
L’Europe, la Méditerranée et
le Proche-Orient
Contrainte de limiter sa contribution à la paix du Viêt-nam, écartée par l’U. R. S. S. et surtout par les États-Unis des négociations qui tentent de mettre fin en 1973 et en 1974 à la quatrième guerre israélo-arabe, la France doit renoncer à jouer un rôle déterminant dans la politique mondiale : G. Pompidou ne dispose pas, en effet, de l’immense autorité de son prédécesseur. Le président de la République, secondé par son ministre des Affaires étrangères Maurice Schumann (22 juin 1969 - 28 mars 1973), prend cependant l’initiative de réunir les 1er et 2 décembre 1969, à La Haye, une conférence au sommet des Six, qui s’assigne pour buts essentiels et immédiats l’approfondissement et l’élargissement du Marché commun.
L’accord du 7 février 1970 sur le financement de la politique agricole commune, l’entrée de la Grande-Bretagne, du Danemark et de l’Irlande dans la C. E. E. le 1er janvier 1973 marquent la réalisation partielle de ces buts.
En fait, cette réussite apparente ne peut empêcher les conflits de renaître entre les Six, auxquels la France réussit à imposer la constitution d’une union économique et monétaire commune,
décidée en 1973 à son initiative, mais dont la Grande-Bretagne, puis l’Italie empêchent la réalisation effective en prenant la décision de faire flotter respectivement la livre sterling le 23 juin 1972 et la lire en mars 1973. Mettant ainsi en danger le Marché commun