de l’information et de la protection des services spéciaux dont le chef a rejoint Alger. Enfin, de nombreux gendarmes rendront d’importants services à la Ré-
sistance (renseignements, encadrement des unités...).
L’Armée secrète (A. S.)
L’O. R. A. n’est pas la seule formation armée de la Résistance. L’Armée secrète est constituée par la fusion des éléments armés des Mouvements unis de la Résistance (M. U. R.) en zone sud ; de Gaulle lui donne pour chef le général Delestraint. Ce dernier prend son commandement le 11 novembre
1942.
Les Francs-Tireurs et Partisans
français (F. T. P. ou F. T. P. F.) Ils constituent la troisième grande formation militaire de la Résistance française. Issus de l’organisation de défense du parti communiste, commandés par Marcel Prenant (né en 1893), puis par Charles Tillon, beaucoup de chefs F. T. P. ont combattu en Espagne dans les Brigades internationales. Malgré leur intégration de principe aux F. F. I. en 1944, ils conserveront en fait une large autonomie.
Quelle action entreprendre ?
Dans la situation nouvelle créée par l’occupation totale de la France, comment la Résistance va-t-elle orienter son action militaire ? Faut-il seulement se préparer en vue du débarquement allié ou se lancer dans une action immédiate de sabotage et d’attentats ?
F. T. P. et parti communiste préconisent ce dernier choix. L’O. R. A.
est plus nuancée, le général Frère s’y oppose, la croissance rapide de l’O. R. A. (50 000 hommes au premier semestre 1943) exigeant le silence. En août 1943, Verneau donne son accord à l’action immédiate que la « base »
vient de commencer spontanément. Le général Revers, remplaçant Verneau en octobre, poursuit la même politique : interventions limitées aux individus dangereux pour la Résistance et aux objectifs intéressant les alliés, mais opposition aux attentats en ville contre
les occupants (280 soldats allemands tués de janv. à oct. 1942) en raison des terribles représailles qu’ils engendrent.
L’A. S. suit une politique analogue : pour ses créateurs, elle est un instrument de guerre mis à la disposition des Alliés pour la libération du territoire ; la préparation de l’insurrection est l’affaire du N. A. P. (Noyautage des administrations publiques), créé dans ce but. Après l’arrestation de Delestraint, l’A. S., commandée par un chef d’état-major, Pierre Dejussieu-Pontcarral, se rapprochera partiellement du point de vue F. T. P. Mais les attitudes ainsi définies ne sont pas seulement dictées par un souci de politique intérieure, elles traduisent une philosophie... Les Anglo-Saxons, préparant un débarquement en France, ne tiennent pas à y attirer les meilleures divisions allemandes, d’où les ordres transmis par le B. C. R. A. (Bureau central de renseignements et d’action dirigé à Londres par le colonel Passy) tendant à limiter l’action immédiate comme le font l’A. S. et l’O. R. A. Les Soviétiques au contraire, désirant voir diminuer la pression de la Wehrmacht sur leur front, souhaitent une résistance agressive en Europe occidentale...
Autre problème : à l’heure du débarquement, faut-il déclencher aussitôt l’insurrection générale visant la prise du pouvoir plus que la destruction de l’ennemi ? C’est ce que veulent les F. T. P. par une action à priorité urbaine. Faut-il au contraire, comme le désire l’O. R. A., mener une action liée aux progrès des Alliés : guérillas dans les campagnes paralysant les garnisons allemandes, regroupement progressif des unités jusqu’à leur jonction avec les forces régulières et participation avec elles à la poursuite de l’ennemi ?
Cette position recoupe les directives du général de Gaulle du 16 mai 1944 sur l’emploi de la Résistance.
Les combats
de la Résistance
Au début de 1944, les affaires militaires de la Résistance sont confiées à un comité militaire d’action, le Comi-dac, devenu Comac le 13 mai 1944. Cet organisme du Conseil national de la résistance est reconnu par le général de Gaulle ; il est composé de trois
membres, qui seront finalement Pierre Villon, Maurice Kriegel-Valrimont et Jean de Vogüé (1898-1972). À prépondérance communiste, le Comac fera appel à des conseillers techniques militaires (Revers, Alfred Malleret-Joinville, Dejussieu-Pontcarral) et exercera downloadModeText.vue.download 74 sur 621
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une action limitée dans le domaine des opérations, tandis que son efficacité maximale sera obtenue dans l’organisation des commandements régionaux.
Malgré diversités et divergences, Comac et organisations militaires ont au moins une idée en commun : tous sont opposés à des opérations militaires défensives dans des réduits. Il est curieux de constater qu’il y eut pourtant d’importantes opérations de ce type, qui, par l’esprit de sacrifice, la combativité et le patriotisme attachés à leurs noms, demeurent dans l’histoire comme les symboles de l’action militaire de la Résistance française.
Les Glières (février-mars 1944)
Dans les Alpes, A. S. et O. R. A. ont fusionné en 1943, et la résistance militaire est conduite par les anciens des unités alpines. En Haute-Savoie, le chef départemental, Romans-Petit, veut mettre sur pied, comme il l’a fait dans l’Ain, une organisation dispersée des maquis dans les vallées avec une aire commune de parachutage sur le plateau des Glières. Le 29 janvier 1944, le lieutenant Théodore Morel (dit « Tom »), du 27e B. C. A., monte au plateau avec 120 hommes. Un mois plus tard, il en a 500. L’attaque des maquis par la police explique ce regroupement ; Morel l’accepte, mais, devant l’ampleur du dispositif d’attaque, demande s’il ne faut pas se disperser en attendant les parachutages promis. La question
est posée à Londres, qui répond :
« Considérons Glières comme tête
de pont, parachuterons un bataillon, si opération réussie parachuterons en masse... » Seulement 664 containers de matériel sont parachutés du 15 février au 10 mars. Pendant plus de quarante
jours, les escarmouches se succèdent dans des conditions difficiles. Pour rompre l’encerclement, Morel attaque : le 1er mars, il enlève le poste de Saint-Jean-de-Sixt, tenu par les policiers ; le 10 mars, il attaque celui d’Entremont, mais l’officier de police Lefèvre le tue par trahison. Les 12 et 17 mars, la Luftwaffe bombarde les Glières. Le 18, le capitaine Anjot (1904-1944) succède à Morel. La 157e division de réserve de la Wehrmacht relève la Milice de Joseph Darnand (1897-1945) et les forces de police de Vichy ; le 26, l’assaut est donné par trois bataillons allemands, et la lutte se poursuit au corps à corps : à 22 h commence le repli par petits groupes, qui continue toute la journée du 27 à travers le dispositif très dense de l’ennemi. Plus de 200 défenseurs des Glières sont capturés : la plupart sont torturés ; 83 sont fusillés !
Les Forces françaises de
l’intérieur (F. F. I.)
Pour coordonner l’action des maquis avec les opérations alliées et affirmer l’unité de la France en guerre, le Comité français de libération nationale crée en février 1944 un commandement des Forces françaises de l’inté-
rieur, confié au général Marie Pierre Koenig (1898-1970), qui, en mars, est accrédité à Londres auprès du géné-
ral Eisenhower*. En liaison avec le B. C. R. A. sont élaborés les plans d’actions confiées aux forces de la Résistance intérieure : plan vert (paralysie des voies ferrées), plan bleu (coupure des lignes électriques), plan rouge (mise en état de siège des réduits)...
Le Vercors (juin-août 1944)
À l’origine de la bataille du Vercors se trouve le plan Montagnards que le général Delestraint a fait approuver à Londres en février 1943. Dans l’hypothèse d’un débarquement en
Méditerranée, le Vercors doit être un réduit d’où seront lancées des attaques contre les communications allemandes. La mise en place initiale en est confiée au lieutenant Alain Le Ray (né en 1910), mais, au printemps 1944, sous l’influence de la mission Union envoyée de Londres (colonel Fourcaud), le but fixé s’oriente vers