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La science-fiction, qui s’est toujours située parallèlement au fantastique*, dont elle est la transposition moderne ou technologique, n’a jamais renoncé à la terreur comme ressort dramatique.

D’où la difficulté à déterminer ce qu’elle a de spécifique. Frankenstein (James Whale, 1931) souligne cette

ambiguïté. La créature de chair morte à laquelle l’électricité donne vie n’est qu’une version scientifique de l’homme d’argile, le Golem, qu’animait la magie dans l’obscurité du ghetto de Prague. Il est vrai que la science, en introduisant dans la foulée du Dr. Frankenstein le thème du savant fou, qui se perpétue jusqu’au Docteur Folamour (Stanley Kubrick, 1964), et celui de la créature se révoltant contre son propre créateur, comme les robots de Mondwest (Michael Crichton, 1973), est elle-même source d’épouvanté, au même titre, sinon davantage, que les loups-garous, les vampires et tous les lycanthropes du cinéma fantastique. Planète interdite (Fred McLeod Wilcox, 1956), film considéré en son temps comme l’un des meilleurs films de science-fiction, n’échappe pas, dans le cadre d’un authentique space-opera, à un tel propos.

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les laboratoires de l’Île du docteur Moreau, redevient réalité (possible) quand il s’agit de la terreur atomique (la Bombe [Peter Watkins, 1966]).

2001, l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1968), qui domine, à ce jour, tous les films de science-fiction, reprend à son tour le thème de la créature qui se révolte contre son maître : l’ordinateur de 2001 est, au bout du compte, une version très sophistiquée de tous les monstres qui, précédemment, ont affirmé leur autonomie face à une technologie encore balbutiante.

Trop proche du fantastique et soumise, comme lui, aux paniques de l’inconscient collectif, la science-fiction n’est guère messagère d’optimisme.

Les civilisations futures qu’elle décrit sont celles de l’oppression et de la crainte : Metropolis (Fritz Lang, 1925) en est l’exemple le plus éclatant. 1984

(Michael Anderson, 1956) n’est guère plus réjouissant. Orange mécanique (Stanley Kubrick, 1971) décrit, avec inspiration, toutes les violences contenues dans notre époque, explosant dans un avenir proche. François Truffaut, avec Fahrenheit 451 (1966), adapté de

Ray Bradbury, montre une civilisation réduite au silence intellectuel par la destruction des livres, tandis que Chris Marker, dans la Jetée (1962), soulève le voile d’angoisse qui pèse sur notre futur. Si le courant pessimiste de la science-fiction reste prédominant, il n’est pas unique. La tradition héritée de H. G. Wells et de Jules Verne y a la part fort belle : l’aventure utopique, la lutte pour la survie de notre planète, l’exploration d’autres mondes se retrouvent dans de nombreux films. Citons, entre autres, la Guerre des mondes (Byron Haskin, 1953), la Conquête de l’espace (Id. 1955), la Machine à explorer le temps (George Pal, 1960), Voyage au centre de la terre (H. Levin, 1959), la Planète des singes (Franklin J. Schaffner, 1967), les Monstres de l’espace (Roy Ward Baker, 1967), l’Homme

tatoué (Jack Smight, 1969), le Mystère Andromède (Robert Wise, 1971), le très ambitieux Solaris (Andreï A. Tar-kovski, 1971) et la grande réussite plastique des décors du Voyage fantastique (Richard Fleischer, 1966). Sur le thème des envahisseurs, quelques films se détachent du lot commun : le Jour où la terre s’arrêta (Robert Wise, 1951) — où les extraterrestres viennent donner une leçon de morale aux humains —, le superbe et cruel Invasion des profanateurs de sépulture (Don Siegel, 1956), le Village des damnés (Wolf Rilla, 1960) et la terreur sourde qu’inspiraient des enfants trop blonds, trop semblables pour être nés naturellement.

Le dépaysement temporel, le voyage dans les univers parallèles ont donné quelques réussites convaincantes : Je t’aime, je t’aime (Alain Resnais, 1968) en est la preuve indiscutable, tout comme Zardoz (John Boorman, 1973).

L’animation* pourrait être le domaine privilégié de la science-fiction : le Sous-marin jaune (Georges Dunning, 1968), la Brûlure de mille soleils (Pierre Kast, 1964), la Planète sauvage (Laloux et Topor, 1973) ; toutes les voies restent ouvertes à ce genre cinématographique, encore mal défriché et incertain. Si la science-fiction au cinéma reste, dans son ensemble, peu convaincante, c’est que les vrais talents ont paru s’en désintéresser. La

porte ouverte avec puissance par Stanley Kubrick peut déboucher, du moins espérons-le, sur des horizons neufs et de véritables styles.

T. R. et J.-L. P.

F Fantastique (le) / Roman / Utopie.

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scintigraphie

Méthode de visualisation des formes et des structures des organes utilisant des indicateurs radioactifs.

La technique

Une molécule est marquée par l’introduction d’un atome radioactif : injectée dans un organisme vivant, elle peut être suivie à la trace et plus particulièrement au niveau de l’organe où elle se fixe ; d’où l’expression de traceur radioactif. Cette méthode découle de l’utilisation des isotopes*. C’est ainsi que l’iode, dont le poids atomique est de 126,92, possède un isotope, l’iode 131, dont le noyau, formé de 53 protons et de 78 neutrons, est instable et émet un rayonnement bêta ainsi qu’un rayonnement gamma : c’est ce dernier qu’on utilise en diagnostic, car, du fait de sa forte pénétration, cette émission peut être détectée à l’extérieur de l’organisme exploré (d’où le nom de gamma-graphie donné aussi à la scintigraphie).

Les corps radioactifs employés doivent satisfaire à certaines conditions ; ils doivent posséder une affinité chimique pour l’organe à explorer, et leur élimination doit être suffisamment rapide pour éviter une irradiation excessive.