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Toute leucoplasie qui s’épaissit ou devient proliférante doit être rapidement détruite.

Le diagnostic des accidents cutanés muqueux tertiaires est cliniquement difficile. Les syphilides doivent être différenciées de la sporotrichose, de l’ac-tinomycose et des sarcoïdes (v. lymphogranulomatose). Les gommes

doivent l’être de la tuberculose, de la sporotrichose, de l’actynomycose, de la furonculose, de l’ecthyma, du cancer. La leucoplasie pose le diagnostic des leucokératoses non syphilitiques, du lichen et du muguet (moniliase). Le diagnostic de ces divers accidents tertiaires peut être aidé par la coexistence d’autres manifestations du tertiarisme : aréflexie, signe d’Argyll Robertson, réflexes pupillaires anormaux, aortite.

Sa confirmation ne peut être fondée sur la sérologie classique (négative dans 50 p. 100 des cas), mais sur le test de Nelson, toujours positif, ainsi que sur l’immunofluorescence.

Syphilis de l’appareil locomoteur

Dès la période secondaire, des pé-

riostites sont observables, avec douleurs nocturnes, mais l’atteinte osseuse est avant tout l’apanage du tertiarisme.

Elle consiste soit en ostéites diffuses ou circonscrites, soit en ostéites hy-perestosantes : ostéites des vertèbres (mal de Pott syphilitique), ostéites des doigts (spina-bifida syphilitique), ostéites faciales mutilant le nez, os-téites crâniennes pouvant simuler une tumeur, se compliquer de méningite ou de nécrose de la base du crâne, ostéites des membres, tantôt gommeuses, tantôt raréfiantes, cause de fractures spontanées et de pseudarthroses. Les atteintes articulaires prédominent au genou

(tumeur blanche syphilitique) ; celles des muscles sont diverses (gommes, myosites scléro-gommeuses, myosites interstitielles, amyotrophie).

Toutes ces lésions évoluent insidieusement, cachées sous un tégument sain, et sont le plus souvent cause d’erreur

ou de retard de diagnostic.

Syphilis viscérales et

neurologiques

De toutes les atteintes profondes

du tertiarisme sont seules à retenir actuellement la syphilis de l’aorte et la syphilis nerveuse. La syphilis aortique frappe soit la région juxtasigmoï-

dienne (près de la valvule sigmoïde de l’aorte), provoquant une insuffisance aortique, soit la crosse de l’aorte, entraînant un anévrisme. Mais l’origine syphilitique d’une aortite est assez rare. Elle ne peut être admise faute d’antécédents connus et de la positivité du test de Nelson. Le syndrome de Babinski-Vaquez concerne

l’association de tabès et d’aortite. Le tabès lui-même, conséquence de la

sclérose des cordons postérieurs de la moelle épinière, est devenu très rare.

Il est exceptionnel d’observer le grand ataxique de la Belle Époque, souffrant de toute la série des accidents tabé-

tiques : douleurs fulgurantes, arthropa-thies, crises viscérales... Les rares cas encore rencontrés sont frustes, fixes ou monosymptomatiques, réduits à une

aréflexie, à un signe d’Argyll Robertson, à un test de Nelson positif.

Quant à la paralysie générale (P. G.

ou maladie de Bayle), elle a presque disparu des hôpitaux psychiatriques.

Les rares cas encore rencontrés

concernent des sujets n’ayant pas été traités par la pénicilline au cours des deux premières périodes de la syphilis. Cette méningo-encéphalite diffuse comporte une dysarthrie (trouble de l’articulation des mots), un tremblement, des perturbations des réflexes, un affaiblissement psychique global (démence), des troubles du caractère et des réactions sérologiques positives dans le sang et le liquide céphalo-rachidien. Autrefois, la mort survenait en 2 à 4 ans. La malariathérapie (traitement par fièvre artificielle obtenue en inoculant la malaria [le paludisme]) de Wagner-Jauregg est capable de

produire de longues rémissions. Cette pyrétothérapie a cédé le pas à la pénicilline, capable, elle aussi, de stabiliser l’affection.

Syphilis congénitale

La notion de syphilis héréditaire, tant redoutée il y a encore 40 ans, a disparu pour faire place à celle de syphilis congénitale. Seule une mère syphilitique peut mettre au monde un enfant malade. La contamination du foetus s’opère vers le 5e mois de la grossesse et souvent très près du terme.

La grande syphilis néo-natale floride est rare, mais elle est riche en symptômes cutanéo-muqueux, viscéraux et généraux : lésions bulleuses palmo-plantaires (pemphigus syphilitique), syphilides cutanées du type secondaire, syphilides muqueuses fissuraires,

périorificielles, hépatomégalie (gros foie), splénomégalie (grosse rate), érythroblastose, thrombopénie. L’état général est profondément touché, et le pronostic très grave. Plus souvent, la syphilis précoce est cliniquement discrète (rhagades des commissures labiales, ostéochondrite) avec sérologie positive.

La syphilis héréditaire tardive de la seconde enfance est due à la méconnaissance de la syphilis maternelle latente ou à une insuffisance du traitement préventif pendant la grossesse.

Elle est plus sérologique que cli-

nique. Des nombreuses manifestations, ou dystrophies, jadis rapportées à tort à la syphilis, il convient de retenir toutefois la kératite interstitielle, les ostéo-périostites, la surdité, certaines altérations des incisives et plus rarement le tabès infantile.

Examens de laboratoire

La recherche du Tréponème s’impose en cas de lésions chancriformes suspectes. Elle est indispensable pour confirmer le diagnostic clinique de l’accident primaire. Elle permet de commencer le traitement sans attendre les données de la sérologie quand il existe des lésions muqueuses secondaires. Elle se fait avec l’ultramicroscope, qui permet de voir le Tréponème vivant se déplaçant dans le champ du microscope. Le Tréponème pâle a la forme d’un filament fin, effilé aux deux extrémités, long de 10 à 15 μ ; il est spirale, comportant une dizaine de tours de spire. Il sera différencié de certains

Spirochètes et d’autres Tréponèmes : Spirochète refringens, Spirochète de Vincent, Treponema dentium.

Les réactions sérologiques sont

celles de Bordet-Wassermann, de

Kline, de Ruben Leon Kahn ou de

V. D. R. L. Les unes sont des réactions d’hémolyse et les autres de floculation.

Elles sont tantôt négatives et cotées (–), tantôt douteuses et cotées (±), tantôt positives et, suivant leur intensité, cotées de 1 à 3 croix (+, ++, +++).

La positivité s’opère entre le 10e et le 15e jour de l’accident primaire ; elle est constante et totale en cas de syphilis secondaire. Il existe des fausses réactions, soit par erreur du laboratoire, soit au cours ou au décours de l’hépatite virale, de la maladie de Hogdkin, du lupus érythémateux, de l’herpès, du chancre mou. Ces fausses réactions peuvent être éliminées par le test de Nelson et l’immunofluorescence. Le test de Nelson est de technique délicate, nécessitant d’être pratiqué dans des laboratoires hautement qualifiés.

Sa positivité est sensiblement en retard sur les réactions sérologiques conventionnelles. La réaction d’immunofluorescence a le gros avantage d’être de technique facile et d’être précoce (dès le 7e jour du chancre). Le test de Nelson est d’intérêt majeur au cours de la syphilis primaire, lorsque l’examen à l’ultramicroscope n’a pas été pratiqué ou est resté négatif du fait d’un traitement local intempestif. Lui-même et l’immunofluorescence sont toujours positifs en cas de lésions tertiaires, downloadModeText.vue.download 6 sur 631

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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pour lesquelles les réactions conventionnelles sont restées douteuses, voire négatives.

Pronostic

Si la syphilis reste actuellement d’une très grande fréquence, son pronostic est totalement différent de ce qu’il était avant la pénicillinothérapie.

Traité dans les tout premiers jours du chancre, alors que la sérologie est