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L’état de siège règne dans onze départements à partir du 26 avril, et l’ordre semble se rétablir dans le courant de l’été ; les ministres du parti de la justice se retirent du gouvernement de coalition, et N. Erim offre sa démis-downloadModeText.vue.download 627 sur 631

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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sion, qui sera refusée jusqu’au 17 avril 1972.

Tandis que les attentats ont repris

(enlèvement de trois Britanniques en mars 1972) et que l’état de siège est de nouveau instauré en juillet, la Turquie se dote d’un nouveau président, l’amiral Fahri Korutürk (né en 1903), élu après d’interminables débats (en avril 1973), et elle prépare les élections générales du 14 octobre 1973. Aux

assises de 1972 du parti républicain du peuple, le vieux leader Ismet Inönü a renoncé à son poste de président et a été remplacé par un homme jeune, Bülent Ecevit (né en 1925). On attend de lui une renaissance de la formation.

C’est le parti républicain que, d’une voix unanime, la presse du monde entier déclare vainqueur des élections de 1973. Pourtant, il ne retrouve pas ses électeurs de 1950, année où il avait été chassé du pouvoir (41 p. 100 des voix), et sa représentation au Parlement n’est pas suffisante pour qu’il puisse gouverner seul. Il lui faut une alliance et, de toute évidence, celle-ci ne pourra être qu’éphémère. Par contre, le parti de la justice est bien vaincu, et son chef peut déclarer que le peuple lui a donné la mission d’être dans l’opposition. Mais sa défaite ne provient que de sa division. Le parti démocratique de Ferruh Bozbeyli a fait scission et lui a arraché 45 députés. Sur sa droite, le parti du salut national de Necmeltin Erbakan a obtenu un succès relatif, mais encore supérieur au sien : c’est une formation musulmane, réactionnaire dans le domaine social, mais qui se veut progressiste dans le domaine économique.

En janvier 1974, Bülent Ecevit

forme un gouvernement où sept por-

tefeuilles sont aux mains du parti du salut national. Mais le 15 mai, à l’occasion d’un vote d’amnistie, le parti du salut national refuse la libération d’emprisonnés pour délit d’opinion. La crise ministérielle rebondit et la gauche crée, en juin, le parti socialiste ouvrier de Turquie. En juillet, les troupes turques interviennent à Chypre et remportent d’importants succès. Mais, en septembre, Bülent Ecevit démissionne.

Après plusieurs mois de crise, S. Demirel, président du parti de la justice, redevient Premier ministre (1er avril 1975).

Malgré les apparences, la situation n’a pas fondamentalement changé et la division du pays demeure entière. Le

rétablissement de l’ordre, des progrès substantiels qui se dessinent, le temps aussi devraient, sinon rapprocher des idéologies essentiellement divergentes, du moins atténuer leur passion. En attendant, la conscience du danger que peut faire courir à la Turquie un affrontement trop violent, l’incontestable maturité politique qu’on constate jusque dans les couches les plus pauvres et les moins évoluées de la population, la froide raison des Turcs devraient permettre de traverser la crise.

J.-P. R.

F Anatolie / Grèce d’Asie / Mustafa Kemal /

Ottomans / Seldjoukides / Turcs.

J. Denys et R. Marchand, Petit Manuel de la Turquie nouvelle (Haumont et A. Maisonneuve, 1934). / Société pour l’étude de l’histoire turque, Histoire de la République turque (Istanbul, 1935). / G. Jäschke, Die Türkei in den Jahren 1935-1941 (Leipzig, 1943) ; Der Islam in der neuen Türkei (Leyde, 1951) ; Die Türkei in den Jahren 1942-1951 (Wiesbaden, 1955).

/ R. Mantran, Histoire de la Turquie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 3e éd., 1968). /

J.-P. Roux, la Turquie (Payot, 1953) ; Turquie (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1968). /

G. L. Lewis, Turkey (Londres, 1955 ; 3e éd., 1965). / Z. Gökalp, Turkish Nationalism and Western Civilization (trad. du turc, Londres, 1959). / B. Lewis, The Emergence of Modern Turkey (Londres, 1961 ; 2e éd., 1968). / N. Berkes, The Development of Secularism in Turkey (Montréal, 1964). / T. Z. Tunaya, Atatürk, the Revolutionary Movement and Ataturkism (Istanbul, 1964). / F. W. Frey, The Turkish Political Elite (Cambridge, Mass., 1965). / F. Bahram-pur, Turkey Political and Social Transformation (New York, 1967). / B. N. Esen, la Turquie (L. G. D. J., 1969). / F. A. Vali, Bridge across the Bosporus, the Foreign Policy of Turkey (Baltimore, 1971). / K. B. Hartputlu, la Turquie dans l’impasse (Anthropos, 1974).

Quelques repères

chronologiques pour

l’histoire de la Turquie

VIIIe-VIIe millénaire Çatal höyük.

IIe millénaire Civilisation hittite. Guerre de Troie.

VIe s. av. J.-C. Fin du Royaume lydien et début de l’Empire perse.

Ve s. av. J.-C. Révolte de l’Ionie.

IVe s. av. J.-C. Alexandre III* le Grand en Asie Mineure.

IIe s. av. J.-C. Conquête romaine.

88-66 av. J.-C. Mithridate VI* Eupator, roi du Pont, menace l’ordre romain en Asie Mineure.

330-395 Fondation de Constantinople*, partage de l’Empire romain et naissance de l’Empire byzantin*.

VIIe s. Les Arabes prennent Antioche (636) et assiègent Constantinople (669-678).

1071 Bataille de Mantzikert : les Turcs*

s’installent en Asie Mineure.

1219-1237 Règne de ‘Ālā al-Dīn Kay Qubād Ier : apogée de l’empire des Seldjoukides* de Rūm.

1243 Victoire des Mongols en Anatolie.

1299 Début officiel de la dynastie ottomane.

1308 Fin de la dynastie seldjoukide.

1326 Les Ottomans* prennent Brousse (Bursa) et en font leur capitale.

1361 ou 1362 Installation des Ottomans en Thrace.

1402 Invasion de Tīmūr Lang (Tamerlan).

1453 Prise de Constantinople.

1515-1517 Annexion par les Ottomans de l’Est anatolien, de la Syrie et de l’Égypte.

1520-1566 Règne de Soliman* le Magnifique : prise de Tunis, d’Alger, de Bagdad, de Belgrade, de Rhodes, de Buda. Capitulations avec la France. Apogée de l’Empire ottoman.

1571 Bataille navale de Lépante : première défaite turque.

1699 Premier recul de l’Empire ottoman : traité de Karlowitz.

1808-1839 Réformes de Mahmud et massacre des janissaires (1826).

1830 Indépendance de la Grèce.

1839-1861 Tanzimat : période des

réformes.

1876 Première constitution turque.

1908 Révolution des Jeunes-Turcs.

1918 Armistice de Moudros.

1922 Fin de l’Empire ottoman.

1923 Proclamation de la république. Signature du traité de Lausanne.

1924 Abolition du califat.

1938 Mort de Mustafa* Kemal.

1950-1960 Gouvernement démocrate.

1960 (27 mai) Coup d’État militaire. L’ar-mée quitte le pouvoir, mais se réserve le droit d’intervenir.

1961 Promulgation d’une nouvelle

constitution.

1961-1965 Gouvernement de coalition d’Ismet Inönü (parti républicain du peuple)

— la majorité parlementaire appartient au parti de la justice.

1965-1971 Gouvernements de Süleyman Demirel (parti de la justice).

12 mars 1971 Ultimatum de l’armée demandant la constitution d’un gouvernement fort.

1971-72 Gouvernement de coalition de Nihat Erim (parti républicain du peuple).

1972-73 Gouvernement de coalition de Ferit Melen (d’un petit parti centriste).

janv.-sept. 1974 Gouvernement de

Bülent Ecevit (nouveau leader du parti républicain du peuple).

avr. 1975 Gouvernement de Süleyman Demirel (parti de la justice).

LES LITTÉRATURES

TURQUES

Les littératures turques anciennes

On considère actuellement que les

« inscriptions » de l’Orkhon et de Ienisseï, écrites en dialectes göktürk et ouïgour (732 et 735 apr. J.-C.), sont les premiers textes de la littérature turque, avec les écritures trouvées lors des fouilles de Tourfan. Certains de ces écrits relatent l’acceptation de la religion manichéenne par Bügü khaghān, chef des Ouïgours, et appartiennent à la période préislamique.