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Guerre mondiale, la Turquie subit, entre 1940 et 1945, d’importantes

transformations sur le plan social et culturel. Elle se trouve à un carrefour d’influences opposées, tant dans le domaine des choix politiques que dans celui de l’expression des idées et des sentiments. Orhan Veli Kanik (1914-1950), Melih Cevdet Anday (né en 1915) et Oktay Rifat (né en 1914) suppriment dans leurs poèmes toute rime et toute règle métrique afin de se consacrer à l’expression de la vie quotidienne et des sentiments éprou-

vés par tous. Au cours des mêmes années se sont fait connaître Behçet Kemal Çağlar (1908-1969), Cahit

Sıtkı Tarancı (1910-1956), Asaf Halet Çelebi (1907-1958), Bedri Rahmi

Eyüboğlu (né en 1913), Cahit Külebi (né en 1917), Behçet Necatigil (né en 1916), Nahit Ulvî Akgün (né en 1918), Ömer Faruk Toprak (né en 1920), Fazıl Hüsnü Dağlarca (né en 1914), Necali Cumalı (né en 1921), Ceyhun Atuf

Kansu (né en 1919), Attilâ Ilhan (né en 1925), Rifat Ilgâz (né en 1911) et Ahmed Akif (né en 1925). La « gé-

nération » suivante, qui se révèle au cours des années 50, a de la poésie une conception quelque peu différente de celle de ses aînés ; composée de Turgut Uyar (né en 1927), d’Edip Cansever (né en 1928), de Cemal Süreya (né en 1931), de Metin Eloğlu (né en 1927), d’Ümit Yaşar (né en 1926) et de Hasan Hüseyin (né en 1927), elle est rejointe par une « nouvelle vague » avec Ahmed Oktay (né en 1933), Gülten Akin (née en 1933), Bekir Sıtkı Erdoğan (né en 1926), venu tardivement à la poésie, et Ülkü Tamer (né en 1937).

Le grand représentant de la poésie populaire, toujours accompagnée du saz, reste Âşik Veysel (1894-1973).

Une grande partie des prosateurs qui succèdent à Sait Faik Abasıyanık et à Sabahattin Ali traitent de la misère matérielle et dénoncent les injustices sociales qui touchent paysans et travailleurs des villes. On qualifie habituellement le genre qu’ils pratiquent de « réalisme social ». Au cours des années 40 et 50, les lecteurs turcs éprouvent un regain d’intérêt pour les

« anciens » qui continuent à écrire : Samet Ağaoğlu (né en 1909), Kemal

Bilbaşar (né en 1910), Samim Kocagöz (né en 1916) et Halikarnas Balikçisi (de son nom Cevat Şakir Kabaağaçli

[1887-1973]). Le grand nom de la nouvelle réaliste est sans conteste Orhan Kemal (1914-1970). À ces noms,

il faut encore ajouter ceux d’Oktay Akbal (né en 1923), de Haldun Taner (né en 1916) et ceux, déjà connus

dans la poésie, de Necati Cumali et de Rifat Ilgâz. Ce dernier écrit sur un ton humoristique et satirique, tout comme le grand maître contemporain de la nouvelle, Aziz Nesin (né en 1915).

À ces talents confirmés et à Burhan Arpad (né en 1910) succèdent Mehmet Seyda (né en 1919), Tarık Buğra (né en 1918), Vüs’at O. Bener (né en 1922), Zeyyad Selimoğlu (né en 1922), Nezihe Meriç (née en 1925), Talip

Apaydin (né en 1926), Leylâ Erbil (né en 1931), Orhan Duru (né en 1933), Ferit Edgü (né en 1936), Bekir Yıldız (né en 1933), Selim Ileri (né en 1949), Ümit Ilhan Kaftancıoğlu (né en 1934) et Osman Şahin (né en 1938). Tous ont pour thèmes privilégiés la vie et les difficultés des paysans d’Anatolie.

La personnalité marquante du roman turc des dernières années est Kemal Tahir (1910-1973), tandis que la jeune génération est représentée par Fakir Baykurt (né en 1929), Tarık Dursun (né en 1931), Oğuz Atay (né en 1934), Demirtaş Ceyhun (né en 1934), Ümit Ilhan Kaftancioğlu et Erol Toy (né en 1936). Un sujet particulier, l’émancipation de la femme, préoccupe un certain nombre d’écrivains comme Peride Celâl (née en 1916), Nezihe Meriç, Çetin Altan (né en 1926) et Cengiz Tuncer (né en 1931).

Depuis la fondation de la Répu-

blique, la plupart des romanciers turcs écrivent dans un style simple et direct.

Dans les années 50, les courants existentialiste et surréaliste influencent certains écrits, mais on ne peut pas dire que ces courants aient de grands représentants dans la littérature turque.

Contrairement à la volonté de simplicité, voire de simplification du style manifestée par les romanciers, les poètes font usage depuis les années 60

d’une langue difficile, complexe tout autant dans la forme que dans le fond.

Par ailleurs, le XXe s. voit le développement du théâtre en Turquie. Dans ce domaine, la grande innovation est l’apparition, au début du siècle, d’actrices pour tenir les rôles féminins, jusque-là tenus par des hommes —

ou par des Arméniennes — pour des

raisons religieuses. Ibnürrefik Ahmed Nuri se fait un nom avec ses vaudevilles, Halit Fahri Ozansoy (1891-

1971), Yusuf Ziya Ortaç (1895-1967) et Mehmed Rauf écrivent des pièces en prose. Ahmed Bari, Halil Ibrahim, Aka Gündüz (de son nom Enis Avni

[1886-1958]), Reşat Nuri Güntekin (1889-1956) donnent au théâtre des pièces politiques et documentaires ; Celâl Esat Arseven, Refik Halid Karay (1888-1965) et Ibnürrefik Ahmed Nuri composent des drames historiques,

tandis que Aka Gündüz et Zeliha

Osman prennent la guerre pour sujet ; Nigâr Hanim (1862-1918), Halid

Ziya Uşaklıgil, Reşat Nuri Güntekin, Hüseyin Suat Yalçin (1867-1942),

Yakup Kadri Karaosmanoğlu (né en

1889), Yusuf Ziya Ortaç et Mussa-

hipzade Celâl traitent des problèmes de la famille et de la société modernes.

Mehmed Rauf, Cenap Sahabeddin,

Todori Akillioğlu et Ali Ekrem Bolayir (1867-1937) se penchent sur les difficultés de la vie affective. Un théâtre national est créé en 1923. Les acteurs de la troupe Darülbedayi, fondée en 1913-14, se dispersent pour animer de nouvelles troupes. Ceux qui restent dans la troupe initiale sont dirigés de 1926 à 1966 par Celâl Esat Arseven et forment en 1934 le Théâtre de la Ville d’Istanbul. Dans les grandes villes se constituent d’autres troupes privées qui ne bénéficient pas du soutien de l’État.

Enfin, en 1949, est fondé à Ankara un théâtre d’État qui effectue des tournées à l’intérieur de la Turquie et à l’étranger. Toutes les troupes présentent aussi bien des oeuvres classiques étrangères que des créations nationales, comme celles de Reşat Nuri Güntekin, d’Ah-downloadModeText.vue.download 630 sur 631

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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met Kutsi Tecer (1901-1967), de Cevat Fehmi Başkut (né en 1905), de Nahit Sırrı Örik (1895-1960), d’Ahmet

Muhip Dranas (né en 1909), de Haldun Taner (né en 1916), d’Oktay Rifat, de Güngör Dilmen Kalyoncu (né en 1930), d’Hidayet Sayin (1929), d’A. Turhan Oflazoğlu (né en 1932), de Çetin Altan (né en 1926), de Başar Sabuncu (né en 1943), de Recep Bilginer (né en 1922), de Necati Cumali (né en 1921), de Güngör Dilmen Kalyoncu, de Cevat Fehmi Başkut et de Yılmaz Güney (né en 1931), qui est aussi cinéaste.

M.-C. S.

E. J. W. Gibb, A History of Ottoman Poetry (Londres, 1900-1905 ; 6 vol.). / L. Bazin, « Litté-

rature turque » in Histoire des littératures sous la dir. de R. Queneau, t. I (Gallimard, « Encycl.

de la Pléiade », 1956). / A. Bombaci, Storia della letteratura turca (Milan, 1956 ; 2e éd., 1963 ; trad. fr. Histoire de la littérature turque, Klincksieck, 1968). / A. Kabaklı, la Littérature turque (en turc, Istanbul, 1965-66 ; 3 vol.). / N. Arzik, Anthologie de la poésie turque, XIIIe-XXe s. (Gallimard, 1968).

L’art turc

De plus en plus, les spécialistes tendent à considérer l’art turc comme une entité et à le détacher des arts de l’islām*. Sans tomber dans ces excès, il convient en effet de reconnaître sa personnalité au sein d’un ensemble culturel auquel il appartient malgré tout. Bien que l’aire d’expansion des Turcs Seldjoukides et Ottomans ait dépassé très largement les limites de ce qui constitue aujourd’hui la Turquie (par exemple : art seldjoukide d’Iran*, expressions de l’art ottoman à Damas*, au Caire