Выбрать главу

L’aristocratie revint au pouvoir avec le tyran de Gela, Gélon (540-478), qu’elle avait appelé à l’aide. Gélon gouverna bien la cité, qu’il défendit contre les Carthaginois à la bataille d’Himère (480) et dont il accrut la population

(nouvel apport, extension du droit de cité) et l’étendue : à Ortygie, reliée à la terre ferme par une digue, s’ajouta le quartier bas, qui la séparait du vaste sommet de l’Achradine et où s’établit l’agora. L’extension de la cité devait englober aussi plusieurs vastes quartiers : Tyche, les Épipoles, Nepolis.

Hiéron Ier (478-466), frère de Gélon, assura la domination de Syracuse dans presque toute la Sicile. Il protégea les poètes, qu’il avait attirés à sa cour (Eschyle, Pindare, Simonide), mais gouverna de façon tyrannique. Peu

après lui, la démocratie fut restaurée et se consolida par l’institution du pétalisme, sorte d’ostracisme visant les citoyens dont l’influence pouvait devenir excessive. Les mercenaires qui avaient été utilisés par les tyrans se révoltèrent, mais en vain (450).

En 415, l’attaque athénienne contre Syracuse aurait pu être fatale, car les habitants n’étaient guère préparés.

Mais le siège ne fut effectif qu’en 414, downloadModeText.vue.download 7 sur 631

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

10588

et les Syracusains eurent le temps de s’organiser et de faire si bien face à la situation que les Athéniens, d’assié-

geants, se retrouvèrent plutôt dans la situation d’assiégés et, malades, démoralisés, se retirèrent (413). Les prisonniers que ces derniers laissèrent furent vendus ou enfermés dans les célèbres latomies, vastes carrières à ciel ouvert profondément creusées en bordure des remparts méridionaux. Au lendemain de cet épisode, la constitution se démocratisa davantage sous l’influence de Dioclès, auteur d’un code de lois (411).

Mais Syracuse semblait destinée à demeurer un lieu d’élection de la tyrannie, qui lui procura quelques maîtres notables.

Ainsi Denys Ier l’Ancien, tyran de 405 à 367, qui avait glissé du parti aristocratique à celui du peuple, s’était fait élire stratège, avait favorisé ses soldats, s’était fait attribuer une garde personnelle et s’était établi en maître dans Ortygie transformée en forteresse.

Il renforça les moyens de défense (rem-

parts, vaisseaux) d’une ville qui s’ac-croissait encore par l’afflux de Grecs de Sicile fuyant les Carthaginois ; face à ceux-ci, il n’eut pas que des succès.

Il laissa la cité plus forte que jamais et la dota de nouveaux temples et de gymnases. Les historiens anciens ont transmis bien des anecdotes relatives à sa cruauté et à son caractère soupçon-neux (l’épée de Damoclès). Son fils, Denys II le Jeune (367-344), plutôt indolent et dépourvu de sens pratique, se laissa ballotter entre des conseillers d’opinions opposées et ne sut pas résister à la turbulence de la population, qui le chassa à deux reprises, sous l’impulsion de Dion en 357, puis de Timoléon de Corinthe, restaurateur des institutions démocratiques, en 344. Après une période de troubles, la tyrannie réapparut avec Agathocle (317-289), qui rétablit la primauté de Syracuse sur les cités grecques de Sicile, se proclama roi, mais qui se signala par sa cruauté. Hiéron II (265-215), proclamé roi après une guerre victorieuse contre les Mamertins, ne tarda pas à s’allier à Rome. Sa législation financière judicieuse, en partie conservée au temps de la Sicile romaine, contribua à assurer la prospérité économique. Son successeur, Hiéronymos (215-214), s’allia aux Carthaginois, et, après sa mort, le parti punique l’emporta dans la cité. La guerre avec Rome s’ensuivit. Le consul M. Claudius Marcellus entreprit un siège laborieux (214-212), qui l’opposa à l’ingéniosité du savant syracusain Archimède* (287-212), inventeur de machines de guerre. Archimède périt dans l’assaut final, qui réussit grâce à une trahison. Le butin fut considé-

rable. Syracuse devint la résidence des gouverneurs romains de Sicile. Une colonie fut fondée sous Auguste, et un amphithéâtre fut construit. Plus tard, des catacombes furent creusées. Le sac de 878 par les Arabes amoindrit définitivement l’agglomération. La ville mé-

diévale et moderne s’est surtout tassée dans Ortygie. Il demeure d’importantes ruines antiques (théâtre grec du Ve s.).

Le temple de Minerve a été réutilisé en partie dans la cathédrale.

R. H.

F Grèce d’Occident / Puniques (guerres) / Sicile.

Syrie

Région géographique et zone culturelle de l’Orient ancien, qui tire son importance de sa situation entre les foyers de civilisation de l’Anatolie*, de la Mésopotamie*, de l’Égypte* et des autres pays méditerranéens.

L’unité géographique et

culturelle

Le terme de Syrie, seul, peut prêter à équivoque, l’actuelle république de Syrie* n’occupant qu’une partie du couloir syrien et débordant largement sur la Mésopotamie. Mais, aux yeux des Grecs et des Romains, la Syrie comprenait à peu près tous les petits pays situés entre l’Amanus et les montagnes de la région de Gaziantep (en Turquie) au nord, la presqu’île du Sinaï au sud-ouest, la Méditerranée à l’ouest, le désert syro-arabe et la grande boucle de l’Euphrate à l’est.

Cet ensemble de 100 000 km 2 est,

de nos jours, partagé entre la Turquie, la Syrie, le Liban, la Jordanie et Israël, mais il constitue géographiquement, sur 700 km du nord au sud, une seule et mince bande habitée de 80 à 200 km de largeur entre la mer et la steppe désertique. Ce territoire est occupé en majeure partie par un relief qui s’allonge, lui aussi, suivant les méridiens et dont les cassures délimitent des ré-

gions naturelles de même orientation : l’étroite plaine littorale ; les chaînes côtières (Liban, djebel Ansarieh), qui culminent à 3 000 m ; un fossé central occupé par la mer Morte et par les vallées profondes du Jourdain et de l’Oronte ; un second ensemble montagneux (Hermon, Anti-Liban), presque aussi élevé, mais qui se prolonge

vers le désert par des plateaux et des épanchements volcaniques (Hauran).

Ces reliefs parallèles à la côte et ces fossés profonds donnent au climat de l’intérieur un caractère continental et presque aride, et les précipitations ne sont importantes que sur la côte et les chaînes littorales, qui étaient autrefois entièrement boisées. La zone favorable aux activités humaines est fort étroite, et son étendue a varié considérablement au moindre changement

de climat.

À toutes les époques, le morcellement dû au relief a favorisé l’émiettement politique, et la faiblesse des États locaux qui en résultait suscitait les interventions des populations des ré-

gions voisines. Ce phénomène presque constant a, de façon paradoxale, contribué à l’enrichissement du couloir

syrien et, par la pratique millénaire des emprunts aux peuples étrangers, a donné à cette région géographique une certaine uniformité de civilisation, voire de culture.

Les origines humaines

Le couloir syrien est très tôt une zone essentielle pour l’évolution de l’humanité. Si les traces les plus anciennes de l’homme y remontent à un million d’an-nées avec la pebble culture, c’est beaucoup plus tard que s’y rencontrent les éléments d’un des grands problèmes de la science préhistorique. Entre 50000

et 35000 avant notre ère, la région connaît des formes de transition entre les Néandertaliens, à outillage mousté-

rien (pointes triangulaires et racloirs), et les hommes actuels, à outillage du Paléolithique supérieur (lames), qui, en Occident, au contraire, sont sépa-rés par un véritable fossé. En Syrie, au mélange des types d’outillage et à la précocité de certains traits de culture correspondent des formes humaines

où l’on voit, suivant les différents spé-

cialistes, des Néandertaliens d’un type local (plus grands que ceux de l’Occident), dès mutants ou des hybrides d’hommes actuels (variété qui pourrait être originaire du Proche-Orient) et de Néandertaliens.