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Les royaumes de Phrygie et

de Lydie (VIIIe-VIe s.)

Les Phrygiens, qui seraient un peuple de langue indo-européenne venu

de Thrace à la fin du XIIIe s., se sont concentrés dans le bassin du Sakarya ; dans le reste de l’Anatolie, ils ne constituent qu’une aristocratie guerrière, et c’est ainsi qu’un de leurs rameaux, les Moushki, s’est installé au milieu des Néo-Hittites du Taurus. Après 800, la vie urbaine reprend de l’importance en Anatolie, et les Phrygiens sont réunis en un grand royaume, dont les souverains se seraient appelés en alternance Gordias et Midas. Leur capitale a été retrouvée à Gordion, dont les tombes princières, faites d’une chambre de bois sous tumulus et remplies de riches offrandes, ont révélé l’habileté des bronziers et des ivoiriers locaux.

Le style de leurs oeuvres et l’emploi à Gordion, dès la fin du VIIIe s., d’un alphabet assez proche du type grec et vraisemblablement, comme lui, tiré du modèle phénicien indiquent que la civilisation phrygienne doit beaucoup à ce carrefour de la Syrie du Nord, où se rencontrent Ourarthéens, Assyriens, Chypriotes, Phéniciens et Néo-Hittites.

Mais le royaume phrygien est de

courte durée : si ses maîtres tiennent tête aux Assyriens dans le Taurus, ils sont submergés par les Cimmériens,

qui détruisent Gordion vers 690. La prédominance politique en Anatolie passe alors à la Lydie, sous la domination de laquelle des dynasties phrygiennes locales survivent.

Les Lydiens, qui seraient, comme les Hittites, un amalgame des vieilles populations anatoliennes et des envahisseurs à parler indo-européen du IIe millénaire, occupent essentiellement la région à l’ouest de l’Anatolie, entre le Méandre et le Caicos. Au début du VIIe s., ils connaissent un brusque essor ; c’est le moment où Gygès (v.

687-652), fondateur d’une nouvelle dynastie, impose sa domination sur la moitié occidentale de l’Anatolie, avant d’être vaincu et tué par les Cimmériens.

Ses successeurs, qui finiront par débarrasser la péninsule de ces Barbares, arrêtent la progression des Mèdes sur le fleuve Halys et réussissent à imposer leur protectorat aux villes grecques de l’Asie. Mais le dernier roi lydien, Cré-

sus, est pris et mis à mort par le Perse Cyrus (547). La réputation de richesse de l’infortuné et de son État a été confirmée par les fouilles de Sardes, la capitale ; à proximité, des tumulus géants, comme celui d’Alyattês, père de Crésus, qui mesure 355 m de diamètre, montrent les moyens puissants dont cette monarchie dispose. Mais si la Lydie, riche de ses gisements d’électrum, a peut-être initié les cités hellé-

niques à la frappe de la monnaie, elle est, dans les autres domaines, tributaire de la civilisation grecque, à qui elle doit en particulier son alphabet.

L’hellénisation

de l’Anatolie

(VIIe s. av. - IIe s. apr. J.-C.) L’apparition, à partir du VIIe s., d’écritures inspirées du modèle hellénique, de monuments funéraires originaux ou de petits États révèle à l’historien les autres communautés culturelles de l’Anatolie du Ier millénaire av. J.-C. : sur la côte de la mer Noire, les Bithyniens, les Paphlagoniens ; dans la partie sud de l’Anatolie, les Cariens, les Lyciens, les Pisidiens, les Pamphyliens, les peuples de Cilicie. La domination perse fondée par Cyrus ne s’impose en Anatolie que dans les régions d’accès commode et laisse persister

la marqueterie politique et culturelle de la péninsule ; si la colonie perse en Cappadoce et au Pont s’impose comme une aristocratie locale, les Achémé-

nides n’entravent pas la formation de nouvelles principautés en Bithynie et en Paphlagonie. Après les Perses, la dynastie gréco-macédonienne des Sé-

leucides (IIIe-Ier s. av. J.-C.) doit, plus rapidement et de façon plus étendue, abandonner l’Anatolie aux rois locaux.

Pendant ce temps, l’hellénisation, commencée dès le VIIe s., triomphe peu à peu des cultures indigènes ; mais la persistance des dynasties sacerdotales, des noms propres à racine louwite en Lycie et en Cilicie montagneuse, de l’emploi du phrygien dans les inscriptions funéraires (jusqu’au IIe s. apr. J.-

C.) montre la résistance du vieux fonds culturel anatolien. Ainsi se constitue une Grèce d’Asie, appelée à constituer la base de la puissance byzantine, avant d’être annihilée par l’expansion des Turcs (XIe-XXe s.), qui, à partir d’Atatürk, remettront en honneur le souvenir des peuples anatoliens antérieurs aux Grecs.

Textes historiques

À Kanesh (Cappadoce, XVIIIe s.), inscription sur un poignard : « Palais d’Anitta Roi. »

À Van (Ourarthou, IXe s.), inscription sur un mur : « Inscription de Sardouri, fils de Loutipri, roi superbe, roi puissant, roi de l’univers, roi du pays de Naïri, roi qui n’a pas d’égal, pasteur admirable, qui ne craint aucun combat, roi qui a abaissé ceux qui ne voulaient pas se soumettre à son autorité. À moi Sardouri, fils de Loutipri, roi des rois, tous les rois me font porter le tribut.

Sardouri, fils de Loutipri, dit : ce calcaire, je me le suis procuré dans la ville d’Alniou-nou ; j’ai élevé ce mur. »

La tradition grecque concernant la fin de Midas : « Les Cimmériens ont à plusieurs reprises envahi les provinces qui s’étendent à la droite du Pont, soit la Paphlagonie, soit même la Phrygie, l’une de ces incursions en ce dernier pays coïncidant précisément avec l’époque où le roi Midas mit fin, dit-on, à ses jours en buvant du sang de taureau. » (Strabon, Géographie, I, III, 21.) Les sujets de Crésus, d’après un auteur grec : « Presque tous les peuples habitant en deçà du fleuve Halys avaient été sou-

mis ; excepté les Ciliciens et les Lyciens, Crésus avait soumis et tenait en sa sujétion tous les autres : Lydiens, Paphlagoniens, Mysiens, Mariandyniens, Chalybes, Thraces Thyniens et Thraces Bithyniens, Cariens, Ioniens, Doriens, Éoliens, Pamphyliens. »

(Hérodote, I, 28.)

G. L.

▶ Arménie / Assyrie / Cappadoce / Hittites / Iran

/ Mésopotamie / Phrygie / Syrie / Turquie.

B C. W. Blegen, Troy (Cambridge Ancient History, no 1, 1961). / J. Mellaart, Anatolia c.

4000-2300 B.C. (Cambridge Ancient History, no 8, 1962) ; Anatolia before c. 4000 B.C. and c. 2300-1750 B.C. (Cambridge Ancient History, no 20, 1964) ; Earliest Civilizations of the Near East (Londres, 1965 ; trad. fr. Villes primitives d’Asie Mineure. Les premières civilisations, Sequoia-Elsevier, Bruxelles, 1969). / P. Garelli, les Assyriens en Cappadoce (A. Maisonneuve, 1963) ; le Proche-Orient asiatique des origines aux invasions des Peuples de la mer (P. U. F., coll. « Nouvelle Clio », 1969). / E. Akurgal, Orient und Okzident, die Geburt der griechischen Kunst (Baden-Baden, 1966 ; trad. fr. Orient et Occident, A. Michel, 1969). / R. D. Barnett, Phrygia and the Peoples of Anatolia in the Iron Age (Cambridge Ancient History, no 56, 1967).

/ S. Lloyd, Early Highland Peoples of Anatolia (Londres, 1967). / U. Bahadir Alkim, Anatolie I (Nagel, 1968). / H. Metzger, Anatolie II (Nagel, 1968). / B. Piotrovsky, Ourartou (Nagel, 1969).

Catalogue. L’Art au pays des Hittites (exposition du Petit-Palais, 1964 ; édité par la Réunion des musées nationaux, 1964).

anatomie

Science qui étudie la structure des êtres vivants, par opposition à celle qui étudie leur fonctionnement.

Définition et domaine

Le terme d’anatomie a vraisemblablement été créé par Théophraste, élève d’Aristote, et appliqué au monde végé-

tal. Il provient du verbe grec anatem-nein, qui signifie « disséquer ». L’anatomie est donc, au sens propre, l’étude de la structure des animaux (anatomie) ou des végétaux (anatomie végétale), telle qu’elle apparaît à la suite de la dissection.

Le sens moderne du terme s’est assez