nettement éloigné de ce sens originel, et cela pour des raisons diverses, qui proviennent des progrès réalisés dans les méthodes d’étude elles-mêmes.
C’est ainsi que lorsque les moyens d’investigation ont repoussé les limites du visible, notamment grâce à l’invention de la loupe, puis du microscope, il a fallu distinguer l’anatomie macroscopique (visible à l’oeil nu) de l’anatomie microscopique. Cette dernière est souvent, et à tort, confondue avec l’histologie, qui est l’étude des tissus dont sont composés les divers organes, et quelquefois avec la cytologie, qui est l’étude des cellules dont sont constitués les tissus.
D’autres progrès techniques ont
entraîné la naissance de nouvelles branches de l’anatomie. On peut ainsi parler d’anatomie radiologique, avec l’utilisation des rayons X, ou d’anatomie biochimique, avec la localisation d’un certain nombre de constituants chimiques de la matière vivante.
Un autre progrès fort important dans l’étude des êtres vivants a été celui de downloadModeText.vue.download 49 sur 561
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2
586
la physiologie, ou étude des fonctions.
Après avoir cherché comment étaient construits les êtres organisés, les savants ont cherché à savoir comment ils fonctionnaient. On a longtemps opposé à l’aspect dynamique de la physiologie, qui exige des études « sur le vivant », l’aspect statique de l’anatomie, qui peut très bien s’étudier sur des animaux morts ou qui exige même souvent, pour l’anatomie microscopique, l’histologie et la cytologie, des « fixations ». Cette antithèse est aujourd’hui dépassée, et l’introduction récente de la notion d’anatomie fonctionnelle montre assez l’imbrication étroite qui lie désormais la forme et la fonction.
Nomenclature
Le latin a toujours été la langue de la science médicale, et l’anatomie n’échappe pas à cette règle.
Au XVIe s., Harvey, Willis écrivaient en latin. Mais, en 1770, Hunter publie un atlas en latin et en anglais. Au cours des siècles suivants, les travaux anatomiques devinrent de plus en plus nombreux, et les découvertes et les synonymes se multiplièrent.
À la fin du XIXe s., la confusion était très grande tant les mêmes faits étaient décrits sous des noms différents, rendant toute compilation, toute comparaison impossibles.
En 1887, la Deutsche Anatomische Gesellschaft entreprit un effort de standardisation et publia en 1895 la Basle Nomina Anatomica (B. N. A.), réduisant les 50 000 termes utilisés au chiffre plus raisonnable de 5 528. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, plusieurs congrès ou sociétés savantes apporteront quelques modifications.
En 1950, au cinquième Congrès international d’anatomie, tenu à Oxford, sept règles furent adoptées comme base d’une nomenclature internationale de l’anatomie : parmi celles-ci l’utilisation du latin —
chaque pays conservant la liberté de traduire dans sa propre langue — et le rejet des éponymes.
En 1955, le sixième Congrès international d’anatomie, tenu à Paris, confirme ces principes de base et révise la nomenclature B. N. A., maintenant officiellement appelée N. A. P. (Nomina Anatomica Parisiensa).
À l’évidence, si l’utilisation des termes nouveaux et du latin est souhaitable, elle doit être mesurée.
L’utilisation exclusive de la nomenclature N. A. P. rendrait impossible toute lecture des livres médicaux antérieurs employant les mots classiques. C’est pourquoi, si l’on doit s’efforcer d’utiliser les mots nouveaux et la nomenclature latine, il faut encore rappeler l’ancienne nomenclature consacrée par l’usage, sous peine d’être illisible.
Les diverses branches
de l’anatomie
L’anatomie descriptive
Dite encore générale ou analytique, elle cherche à isoler les divers systèmes et appareils : os, muscles, vais-
seaux, nerfs, viscères. L’étude de chacun de ces systèmes ou de ces appareils s’est érigée en une science autonome, qu’on appelle ostéologie (squelette), arthrologie (articulations), myologie (musculature), angiologie (vaisseaux), névrologie (nerfs), splanchnologie (viscères), etc. L’anatomie descriptive est applicable telle quelle à l’étude des animaux. Les éléments qu’elle fournit constituent le fondement des études de l’anatomie comparée, sur laquelle nous reviendrons. Sur les animaux domestiques, elle entre dans le cadre de l’anatomie vétérinaire, qui a longtemps été centrée sur le Cheval, avec des considérations plus accessoires sur la Vache, le Mouton, la Chèvre ou le Porc.
L’anatomie topographique
Alfred Velpeau (1795-1867) fut l’initiateur de cette discipline, qui étudie les divers systèmes et appareils d’une région donnée de l’organisme. Ce sont surtout les exigences chirurgicales qui sont à l’origine de cette branche de l’anatomie. Il existe par exemple une anatomie topographique très pré-
cise de la tête, du cou ou des régions abdominale et périnéale. Des études analogues existent en médecine vétérinaire, et, plus récemment, certains des animaux qui servent habituellement de
« cobayes » aux physiologistes (Singe, Chien, Chat, Rat) ont été l’objet d’études topographiques approfondies.
Au niveau du cerveau, les inter-
ventions par électrodes sans trépana-tion préalable ont rendu nécessaire l’étude de l’anatomie topographique de cet organe, et la nécessité de pouvoir repérer de l’extérieur les structures internes est à l’origine des études stéréotaxiques. La tête de l’individu étudié — homme ou animal d’expé-
rience — est placée dans un appareil de contention qui détermine les trois plans de repère d’un trièdre trirectangle. Le plan horizontal passe par les conduits auditifs et la mâchoire supérieure ; les plans latéraux sont définis par rapport au plan de symétrie du crâne, et les plans antéropostérieurs par rapport au niveau auriculaire. L’étude d’un grand nombre d’encéphales et des variations individuelles qui les caractérisent permet ainsi de repérer par trois coor-
données bien définies toute structure interne sur laquelle on veut intervenir (pour pratiquer, par exemple, une élec-trocoagulation). Ces coordonnées permettent ensuite de réaliser la descente de l’électrode avec exactitude, en ne pratiquant à cet effet, dans la calotte crânienne, que le petit orifice nécessaire à son passage.
La nécessité, pour les anciens anatomistes, de figurer par le dessin, aussi précisément que possible, les résultats de leurs dissections les a souvent fait recourir à de grands artistes. Citons simplement Léonard de Vinci, qui, d’ailleurs, se livra lui-même à des dissections sur l’Homme (jusqu’à l’interdiction que le pape Léon X lui en fit).
De là est née l’anatomie artistique, qui substitua rapidement aux représentations des dissections celles du corps de l’Homme vivant et lui fit rechercher, en même temps que les canons de la beauté, la disposition des organes internes, la musculature notamment —
en diverses positions et au cours des mouvements.
La typologie et l’anthropologie
Elles ont toujours l’Homme pour sujet d’étude, font une large part à la variation individuelle et recherchent des corrélations entre diverses structures anatomiques et des éléments raciaux.
(V. anthropologie physique.)
R. B.
L’anatomie humaine
Elle décrit le corps humain normal du point de vue morphologique et macroscopique.
L’étude systématique sur le cadavre d’un organe, d’une région, portant sur un nombre statistiquement valable de sujets, permet de décrire l’aspect le plus fréquent, les différentes variétés et leur pourcentage : ces notions sont particulièrement importantes pour le chirurgien. Par exemple, l’anatomie classique ne décrivait qu’une artère hépatique. Cette disposition ne correspond qu’à 55 p. 100 des sujets, et, en réalité, l’artère hépatique peut être unique, double ou triple (artères hé-