patiques gauche, moyenne et droite), chaque branche ayant une origine et un trajet différents.
Pour mieux connaître la forme et la constitution d’un organe, on utilise aussi sur le cadavre des techniques d’injection de produits plastiques colorés dans la cavité, des vaisseaux ou des conduits excréteurs. On obtient ainsi un « moule » ou un « squelette » de l’organe à étudier. Ces méthodes ont ainsi permis de donner une description plus précise des poumons et du foie (étude de la « segmentation » du foie*, capitale pour la chirurgie de cet organe).
À côté de ces recherches sur le cadavre, dont l’intérêt pratique est indé-
niable, il existe aujourd’hui une anatomie radiologique. Les progrès de la technique radiologique, l’existence de produits opaques inoffensifs à ingérer ou à injecter permettent maintenant des investigations très précises sur le vivant.
Outre les classiques opacifications du tube digestif (transit oeso-gastro-duodénal, lavement baryté), les opacifications des voies biliaires (cholécystographie, cholangiographie intraveineuse), du canal rachidien (saccoradiculographie au méthiodal), il faut insister sur les progrès immenses et récents de la radiographie vasculaire. On met en évidence les gros troncs artériels (aortographie, artériographie carotidienne), le coeur (angio-cardiographie), les branches de l’aorte abdominale (artériographie « sélective » du tronc coeliaque, de l’artère mésentérique supérieure, des artères rénales) ; il est également possible d’opacifier les veines (phlébographie, spléno-portographie, cavographie) et les lymphatiques (lymphographie).
On peut ajouter à ces examens les techniques d’opacification peropératoires (cholangiographie, iléoportographie) et en rapprocher l’étude des organes par injection dans l’organisme d’une substance radio-active, éliminée sélectivement par cet organe ; c’est ainsi qu’on obtient une cartographie du corps thyroïde par l’iode 131, un scintillogramme rénal au bichlorure de
mercure marqué, un scintillogramme hépatique à l’or colloïdal (v. isotope).
On comprend ainsi les immenses possibilités que l’anatomie radiologique offre au médecin et au chirurgien pour affirmer le diagnostic précis, découvrir une lésion débutante et appliquer une thérapeutique adéquate. Ces progrès sont d’ailleurs une des raisons du
« coût » élevé de la médecine moderne.
Ph. de L.
L’anatomie pathologique
Elle prit son essor avec Giambattista Morgagni (1682-1771) ; elle étudie les altérations des organes ou des tissus par suite de maladies, de traumatismes ou de malformations congénitales. Elle a longtemps été confinée à l’autopsie, qui est une recherche, après la mort (naturelle ou pathologique), des corrélations liant les signes cliniques observés sur downloadModeText.vue.download 50 sur 561
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2
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le vivant aux altérations anatomiques ou histologiques constatables à la dissection. C’est la méthode anatomo-clinique, qui s’est surtout développée au XIXe s. et a rendu célèbres des médecins comme Xavier Bichat (1771-1802) ou Guillaume Dupuytren (1777-1835).
Au niveau du cerveau, cette méthode a conduit aux localisations corticales. La correspondance d’une maladie comme l’aphasie et de lésions de l’aire corticale dite « de Broca » est le témoignage d’une corrélation fonctionnelle entre le signe clinique (l’aphasie*) et le signe anatomique (la lésion, d’origine souvent vasculaire).
On peut subdiviser cette anatomie pathologique en anatomie pathologique générale, quand elle recherche les caractères, les causes et les consé-
quences de processus comme les tumeurs, les inflammations, les malformations, et en anatomie pathologique spéciale, quand elle situe cette même étude au niveau particulier d’un organe. Enfin, l’anatomie pathologique est capable, depuis quelques décennies, d’ajouter aux résultats des autop-
sies ceux des biopsies, c’est-à-dire des observations sur le vivant.
Les progrès de l’anesthésie géné-
rale ou locale, l’observation stricte de l’asepsie permettent aujourd’hui la chirurgie exploratrice, le prélèvement d’une portion d’organe pour des recherches histologiques ou biochimiques, les examens endoscopiques (empruntant les orifices naturels).
Les diverses branches de l’anatomie que nous avons passées en revue jusqu’ici appartiennent à la médecine et à la chirurgie, et ont l’Homme pour objet. Mais l’Homme fut longtemps un sujet d’étude difficile. Dans l’Europe occidentale et le monde méditerranéen, où naquit l’anatomie, la dissection humaine fut longtemps sacrilège et interdite, et les anatomistes se tournèrent tout naturellement vers les animaux pour se livrer à leurs études. C’est donc à l’origine dans un but utilitaire que les savants cherchèrent à élucider l’organisation d’autres espèces animales, mais c’est là, sans doute, qu’il faut voir les premières ébauches de ce que sera plus tard l’anatomie comparée.
L’anatomie comparée
Elle ne consiste pas à comparer l’anatomie de deux espèces, comme on
compare deux objets, mais elle cherche ce qui rassemble et ce qui différencie, ce qui est fondamental et ce qui est secondaire dans l’organisation des espèces. On ne peut la dissocier des idées de classification, d’une part, impossible sans elle, et d’évolution, de l’autre. Née des travaux de Georges Cuvier* (1769-1832), de Lamarck*
(1744-1829), de Richard Owen (1804-1892), d’Ernst Haeckel (1834-1919), l’anatomie comparée recherche l’unité du monde vivant dans sa diversité.
Histoire de l’anatomie
Jusqu’à Galien (IIe s. apr. J.-C.).
L’anatomie serait née en Égypte, si l’on en croit l’Encyclopédie de d’Alembert, des travaux des embaumeurs. Il existe effectivement deux papyrus, du IIIe et du IIe millénaire, qui donnent quelques
éléments d’anatomie. L’Égypte resta d’ailleurs pendant des siècles un centre fort célèbre de science médicale, et c’est à Alexandrie que viendra Galien, au IIe s. de notre ère, pour y apprendre la médecine. La Grèce fut aussi un des berceaux de l’anatomie humaine.
D’après Pausanias, en effet, c’est la fille d’Aristodème, roi messénien du VIIIe s. av. J.-C., qui fut l’objet de la première autopsie légale. Offerte en sacrifice aux dieux, elle fut proclamée enceinte par son prétendant, qui voulait ainsi la sauver. L’opération montra qu’il n’en était rien.
Au VIe s. av. J.-C., Pythagore*, étudiant l’acoustique avec son école, découvrit le tympan et le limaçon de l’oreille. C’est un pareil souci de l’exactitude scientifique qui conduisit peu à peu, au VIIe et au VIe s. av. J.-C., les grands prêtres du dieu Asclépios (l’Es-culape des Romains), ou Asclépiades, à devenir de vrais médecins, remplaçant les incantations et les prières par des soins donnés en connaissance de cause.
Ces médecins écrivirent cinquante-neuf ouvrages, dits « hippocratiques », rédigés au IVe s. av. J.-C., et rassemblés au IIIe s. av. J.-C. par des savants d’Alexandrie. C’est à Hippocrate* de Cos (460 - v. 377), appartenant à une famille d’Asclépiades, que l’on doit la plupart de ces ouvrages, mais d’autres écoles de médecins (celle de Sicile avec Empédocle, celle de Crotone avec Alcméon, celle de Cnide avec Démocrite) y participèrent. C’est un souci de généralisation — étudier la maladie plus que soigner le malade — qui est à l’origine de cette mise au point. De cette école hippocratique, la nomenclature anatomique a retenu bon nombre de termes, parfois latinisés ensuite, comme raphé, symphyse, arthrose, olécrane, cubitus. Un autre Grec à qui l’anatomie est également redevable fut Aristote*. Ce dernier est le véritable fondateur de l’anatomie comparée ; il fut le premier à donner des figures d’anatomie, portant sur des animaux à l’exclusion de l’Homme, comme
c’était le cas déjà de la plupart des membres des écoles hippocratiques.