Emil Zátopek (Prague 1922). Ce Tché-
coslovaque grimaçant en course a eu une influence considérable sur l’évolution de l’entraînement. Il y consacrait plusieurs heures par jour. Son règne s’étend de 1948 à 1954. Ses succès le conduisirent au grade de colonel dans l’armée. En 1948, aux Jeux de Londres, il enlevait le 10 000 mètres avant de se faire battre par le Belge Gaston Reiff sur le 5 000 mètres. En 1951, le 29 septembre à Stará Boles-lav, il dépassait les 20 km dans l’heure (exactement 20,052 km). En 1952, aux jeux Olympiques d’Helsinki, il connaissait le triomphe en s’attribuant le 10 000 mètres en 29 mn 17 s, le 5 000 mètres en 14 mn 6 s 6/10
et le marathon en 2 h 23 mn 3 s. En 1954, il améliorait encore deux records du monde, celui du 5 000 mètres en 13 mn 57 s 2/10 et celui du
10 000 mètres en 28 mn 54 s 2/10, avant de s’effacer devant son jeune rival so-viétique, Vladimir Kuts.
Quelques grands
champions français
Jean Bouin (Marseille 1888 - † au champ d’honneur 1914). Il fut le premier grand coureur français, une sorte de précurseur. Il établit en 1911 le premier record du monde du 10 000 mètres en 30 mn 58 s 8/10. En 1912, aux
Jeux de Stockholm, il fut battu d’une poitrine, sur le 5 000 mètres, par le Finlandais Hannes Kolehmainen, en downloadModeText.vue.download 502 sur 561
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14 mn 36 s 8/10, après une course mémorable. En 1913, il s’attribua le record de l’heure à Stockholm en couvrant 19,021 km, performance qui ne sera améliorée que quinze ans plus tard par Nurmi. Il obtint également trois victoires consécutives dans le « cross des Nations ».
Michel Jazy (Oignies, Pas-de-Calais, 1936). Il ne redonna pas à la France le record du monde du 1 500 mètres, mais il détint néanmoins cinq records du monde, et le record d’Europe du 1 500 mètres en 3 mn 36 s 3/10. Il ne fut pas champion olympique, mais il enleva deux titres de champion d’Europe : celui du 1 500 mètres à Belgrade en 1962, et celui du 5 000 mètres à Budapest en 1966. Athlète dynamique, Michel Jazy fut à l’origine du renouveau du demi-fond français. Il s’imposa pour la première fois aux Jeux de Rome en 1960, terminant deuxième du 1 500 mètres derrière Elliott. Il détint les records du monde du mile en 3 mn 53 s 6/10, du 2 000 mètres en 4 mn 56 s 2/10, du 3 000 mètres en 7 mn 49 s, des 2 miles en 8 mn 22 s 6/10, ainsi que du relais 4 × 1 500 mètres. Il battit en 1965, à Helsinki, après une course fantastique, Clarke et Keino sur le 5 000 mètres en 13 mn 27 s 6/10.
Jules Ladoumègue (Bordeaux 1906 -
Paris 1973). Il devait marquer son époque comme l’avait fait juste avant lui Nurmi. Admirablement bâti pour la course à pied (1,74 m pour 62 kg, avec un buste court et de longues jambes), il possédait une foulée étirée, aérienne, élégante, qui enthousiasmait les foules. Il ne fut pourtant pas champion olympique, se laissant surprendre à Amsterdam en 1928 par le Finlandais Harri Larva sur le 1 500 mètres, mais il détint six records du monde : 1 000 mètres en 2 mn 23 s 6/10 ; 3/4
de mile (1 207 m) en 3 mn 0 s 6/10 ; 1 500 mètres en 3 mn 49 s 2/10 ; le
mile en 4 mn 9 s 2/10 ; 2 000 yards en 4 mn 52 s ; 2 000 mètres en
5 mn 21 s 8/10. Ladoumègue s’imposait comme l’indiscutable favori du 1 500 mètres des Jeux de Los Angeles en 1932, quand il fut accusé d’« ama-teurisme marron » et disqualifié au printemps de la même année.
Alain Mimoun (Le Télagh, Algérie, 1921). Il fut le second d’Emil Zátopek de 1946 à 1956. Il termina en effet derrière le Tchécoslovaque, deuxième du 10 000 mètres des Jeux de Londres en 1948, deuxième du 5 000 mètres et du 10 000 mètres des Jeux d’Helsinki en 1952. Il obtint son heure de gloire et sa revanche à près de trente-six ans aux Jeux de Melbourne, en 1956, en s’attribuant le marathon. Coureur aux cuisses musclées, à la foulée courte et économique, Mimoun a laissé le souvenir d’un athlète courageux, obstiné et persévérant. En 1970, à cinquante ans, il participait encore au championnat de France de cross-country et s’y classait dans les vingt premiers.
Athos (mont)
Montagne de Grèce.
La « Sainte Montagne »
Au nord de la Grèce, la presqu’île de Chalcidique avance trois appendices dans la mer Égée : l’appendice oriental (60 km de long sur 10 km de large) culmine à son extrémité dans le mont Athos (2 033 m). Il y a là un cap difficile à doubler, que Xerxès voulut séparer, par un canal, de la terre ferme.
La majeure partie de cette langue de terre est faite de collines revêtues de la forêt méditerranéenne originelle ; sur le littoral surtout ont été édifiés de hauts monastères fortifiés, dont les bâ-
timents encadrent une cour où se dresse le katholikon, l’église principale, rouge comme le sang des martyrs (« Donne ton sang et reçois l’Esprit », disent les moines).
Au sud, à la retombée du haut massif de calcaire (et de marbre) blanc, c’est le « désert » rocailleux, où se cachent les ermites, jusque dans les excava-
tions presque inaccessibles des falaises marines.
Au sommet du mont est édifiée une chapelle de la Transfiguration, où l’on allume, le 6 août, un immense feu.
République de moines,
« Jardin de la Vierge »
La « Sainte Montagne » est la der-nière de ces colonies monastiques que l’Orient chrétien a multipliées de l’Égypte à l’Asie Mineure. C’est une république de moines, autonome sous le protectorat politique de la Grèce et la haute juridiction canonique du patriarcat de Constantinople. Cette république confédérale est à l’image de l’Église orthodoxe : les représentants de vingt grands monastères quasi souverains forment, dans la petite ville de Karyaí, la « sainte communauté », qui désigne chaque année un comité exécutif de quatre membres.
Cet État purement masculin, ou plutôt « Jardin de la Vierge », est interdit à toute autre présence féminine, afin que l’éros s’intériorise et que l’homme naisse à l’éternité.
Le monachisme athonite
Le monachisme athonite est purement contemplatif. Mais la contemplation, toujours unie au travail manuel le plus humble, est conçue comme la forme suprême de l’action. Elle protège le monde et prépare sa transfiguration.
Certains moines deviennent des « pères spirituels » au service des hommes.
Les types de vie
monastique
Il en existe trois, avec progression possible de l’un à l’autre.
— Dans les monastères « idiorrythmiques », chaque moine suit « son propre rythme » et vit à part. Seuls les principaux offices sont célébrés en commun.
— Dans les monastères « cénobi-
tiques » (communautaires), l’accent est mis sur la vie commune, l’obéissance, la psalmodie, les très longs of-
fices, souvent nocturnes. Il n’y a pas de « règle » proprement dite, mais des downloadModeText.vue.download 503 sur 561
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indications et des exemples qui varient avec chaque communauté.
— La voie « hésychaste » (du gr.
hêsykhia, « silence » de l’union avec Dieu) est pratiquée par des ermites et par de petits groupes de disciples autour d’un maître spirituel librement choisi. L’hésychasme est une méthode rigoureuse, qui utilise l’invocation du Nom de Jésus sur les grands rythmes corporels, permet d’unifier l’intelligence et le « coeur », et transforme le moine en stavrophore (« porteur de l’Esprit »), ressuscité dès ici-bas par les « énergies divines » qui rayonnent du Christ transfiguré (« lumière thaborique »).
L’Athos,
coeur de l’orthodoxie
Depuis ses origines (ce sont les édits de Constantin Monomaque, au milieu du XIe s., qui en constituèrent la charte), le monachisme athonite a assuré un ministère d’unité et d’universalité, devenant le centre spirituel d’une orthodoxie qui s’organisait en Églises presque indépendantes. Tous les pays orthodoxes envoyaient sur la Sainte Montagne moines et pèlerins ; tous ac-cueillaient des missionnaires athonites.