C’est dans les régions anticycloniques soumises à une forte évaporation que l’on rencontre les eaux les plus salées.
Par contre, les pluies et les abondants apports fluviaux de la zone équatoriale favorisent la formation d’une eau peu salée (moins de 35 p. 1 000). Un second minimum, beaucoup plus marqué, apparaît dans les moyennes et hautes latitudes, où l’évaporation est faible et les précipitations copieuses (dans le bassin polaire, la salinité peut descendre très en dessous de 30 p. 1 000).
En profondeur, les eaux ont des salinités faibles et constantes (entre 34,6 et 34,9 p. 1 000), identiques à celles des zones froides, dont elles proviennent.
y Les courants. Les caractéristiques des masses d’eau traduisent leur dé-
placement vers les basses latitudes le long de l’Afrique et un mouvement en sens inverse en bordure de l’Amé-
rique. Une telle circulation, directement calquée sur celle des vents et influencée localement par la forme du vase océanique et par l’augmentation de l’effet de la force de Coriolis
avec la latitude, adopte une disposition simple autour de deux cellules, dont la plus importante est située dans notre hémisphère : une masse d’eau chaude à grande vitesse est poussée vers l’Europe par les vents d’ouest (Gulf Stream, dérive nord-atlantique), d’où une partie des eaux revient vers les tropiques, puis de nouveau vers l’ouest sous l’impulsion des alizés.
Les deux cellules atlantiques sont séparées par un contre-courant équatorial dirigé vers l’est.
En haute mer, ce schéma d’ensemble ne peut être perturbé par les courants de marée, qui sont encore faibles, puisque l’onde y a une amplitude infé-
rieure à 1 m et même à 0,20 m devant le Brésil du Sud et Porto Rico. Par contre, ces courants dominent sur les marges précontinentales, principalement dans les détroits, derrière les îles et dans le fond des grandes baies.
L’Atlantique est perturbé par des tempêtes de deux types. Les unes sont engendrées dans les régions subpolaires, dans le lit des dépressions migrant vers l’est ; les plus fortes sont celles de l’hémisphère Sud, dont les houles se propagent jusque dans le golfe de Guinée. Les autres tempêtes se développent en fin d’été devant les côtes nord-américaines, lors des passages des ouragans.
En profondeur, la circulation est conditionnée par l’enfoncement des eaux denses (arctiques et antarctiques) au contact des fronts hydrologiques polaires. Il en résulte une stratification de masses d’eau progressant en des directions opposées. Certaines viennent du sud. C’est d’abord l’eau antarctique intermédiaire, lourde, car froide, qui chemine sous les eaux tempérées, puis tropicales jusque vers 20° N. C’est ensuite l’eau antarctique de fond, lourde, car salée, formée en mer de Weddell, dont la plus grande part emprunte les bassins occidentaux jusqu’au sud de Terre-Neuve ; elle pénètre dans l’Atlantique oriental à la faveur des brèches de la dorsale, comme la fosse de la Romanche. Une branche secondaire s’écoulant vers l’Afrique australe voit sa progression bloquée par la dorsale de Walvis. En sens inverse
s’écoule l’eau arctique de fond, refroidie lors des rudes hivers de la mer de Norvège et qui déborde au-dessus du seuil Écosse-Groenland pour lentement se répandre jusqu’à l’Antarctide.
Au sud du Groenland, l’eau arctique intermédiaire vient se glisser vers 2 000-3 000 m sous son homologue antarctique ; passé 40° S., elle remonte vers la surface et est alors dénommée
« eau antarctique circumpolaire ».
Comparé aux autres océans, où les migrations profondes demeurent toujours embryonnaires, l’Atlantique se caractérise par un actif échange en latitude. Cette originalité a une double cause : il est le seul océan où les eaux arctiques ont largement accès ; il pré-
sente la particularité unique de voir affluer vers l’hémisphère Nord des downloadModeText.vue.download 508 sur 561
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2
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eaux australes provoquant un mouvement compensatoire profond dirigé vers le sud. En conséquence, les eaux profondes sont plus riches en oxygène et en produits nutritifs. Si un tel processus de renouvellement n’est pas égal pour tous les bassins atlantiques, puisqu’on a signalé des régions où les eaux demeurent confinées (comme dans la fosse de Cariaco, au nord du Venezuela), cela n’affecte en rien l’ampleur d’une circulation qui confère à l’Atlantique un rôle essentiel dans la balance hydrologique de l’océan mondial.
y La vie atlantique. C’est dans les eaux superficielles, et particulièrement celles des plates-formes continentales, que les phénomènes vitaux connaissent leur plus grand développement, grâce à la pénétration des radiations solaires (permettant la fonction chlorophyllienne) et à l’arrivée de substances nécessaires à la vie. Pour certaines régions de l’Atlantique, comme au large de la Norvège, on a pu mettre en relation la richesse de la pêche et le total des précipitations, la chute des particules entraî-
nées vers la mer étant ralentie par la stratification favorable des eaux.
La vie aquatique revêt deux formes essentielles : ce sont d’une part des champs d’algues, qui peuvent vivre jusqu’à plusieurs dizaines de mètres (50 m dans la Manche, mais plus
de 180 m dans les eaux plus claires, comme celles de la Méditerranée) ; d’autre part, du plancton forme de véritables prairies flottantes, très abondantes dans les eaux froides, au voisinage des fronts polaires. Les poissons pélagiques qui fréquentent ces eaux sont soumis à des migrations conditionnées par la densité planctonique et les multiples nuances dans la répartition des températures.
Toutefois, les réserves alimentaires de surface s’épuisent vite : aussi, les régions de l’Atlantique où la production organique primaire est le plus importante sont celles où les eaux froides profondes (de fond ou intermédiaires), plus riches en oxygène, en nitrates et en phosphates, peuvent remonter vers la surface et y entretenir une éclosion planctonique permanente ou saisonnière. Les aires marines soumises au brassage par convection thermique (comme dans les moyennes latitudes), à l’upwelling (courants des Canaries ou de Benguela) ou aux phénomènes de divergences (équatoriales et antarctiques) constituent des zones de pêche activement prospectées.
Largement brassées, les plates-
formes de l’Atlantique sont recouvertes de sédiments détritiques terrigènes (en partie quaternaires), complétés par des apports actuels remaniés par les houles et les courants. Mais, en dessous de 200 m, les fonds sont alimentés par une pluie continuelle de particules terrigènes ou planctoniques.
Parmi les premières, il convient de signaler les sables transportés par les alizés, puis par les courants jusqu’à la dorsale, ou les produits volcaniques, donnant des boues spéciales, comme dans les parages des grands archipels (les Canaries, les Açores ou les îles du Cap-Vert).
Les tests d’organismes pélagiques tombés sur le fond constituent des boues biogènes, regroupées en deux catégories. Les unes sont calcaires, essentiellement représentées par des
boues à globigérines abondantes dans l’Atlantique oriental ; les boues à pté-
ropodes sont rares. Les autres boues sont siliceuses, faites de tests de diatomées, dont l’extension est restreinte à une zone virtuellement continue dans les régions tempérées australes. Dans les bassins occidentaux, plus profonds et parcourus par des eaux polaires, les tests calcaires sont dissous avant d’atteindre le fond et forment une boue brunâtre connue sous le nom d’argile rouge.
Au pied des précontinents, les sédiments terrigènes remis en suspension par des éboulements, des secousses telluriques ou des apports turbides de grands fleuves sont entraînés par des courants de boue et déposés en lits alternant avec des dépôts pélagiques : ce sont les turbidites.