GOLFE DE GASCOGNE
Il est bordé à l’est et au sud par une plateforme qui va se rétrécissant vers l’Espagne, où les fonds sont très heurtés. Le centre et l’ouest du golfe sont occupés par une plaine abyssale remarquablement plate, hérissée de dômes (banc Biscay, dômes Cantabria et Gascogne). L’influence des eaux atlantiques est grande. L’onde de marée venue du sud-ouest y est d’amplitude restreinte (parfois contrariée par l’action des houles) ; les parties internes des plates-formes sont parcourues par des courants rapides (remaniement des sédiments, dépôt des fractions fines dans
le fond des baies et plus au large [Grande Vasière]). Le courant général, lent, dans le sens des aiguilles d’une montre, se résout en veines isolées par des poches d’eau plus froide formées au voisinage des côtes par refroidissement ou upwelling. Le contact thermique (concentration du plancton et des poissons [germon, sardine, merlu]) est fréquemment estompé lors du passage des dépressions cycloniques ; rendue aléatoire, la pêche saisonnière (et artisanale) est en recul. Seul le chalutage se maintient, non sans difficulté. Les grands ports (Concar-neau, Lorient, La Rochelle, Pasajes et Vigo) se tournent vers la pêche lointaine.
MANCHE ET MER D’IRLANDE
De longs couloirs à fond plat sont surmontés par de rares bancs de sable en crêtes étroites ; la partie médiane est partiellement occupée par un sillon profond (Hurd Deep de la Manche). Les masses d’eau y conservent des caractéristiques très atlantiques : salinité de 35 p. 1 000, sauf près des côtes ; température de 16-17 °C en été et de 8-9 °C en hiver. La marée y a une importance exceptionnelle. L’amplitude augmente surtout sur les rives sud et est, où les marnages sont plus forts et plus précoces ; les courants deviennent violents, de dessin complexe par la formation de tourbillons et d’anomalies qui intéressent directement la vie des ports (Southampton et Le Havre bénéficient d’une prolongation anormale de la haute mer, ou « tenue du plein »). La Manche et la mer d’Irlande sont des mers instables et turbulentes, qui ont une structure homotherme, même en été. La force des courants explique l’importance des fonds graveleux, caillouteux et rocheux. La pêche est peu abondante. Le trafic maritime y est intense.
MER DU NORD
V. l’article.
MER BALTIQUE
C’est une mer continentale, récemment dégagée par la fusion des inlandsis et formée par une série de bassins (maximum : 459 m dans la fosse Ouest-Gotland) sépa-rés par des seuils portant des hauts-fonds et des îles. Le relief est surtout structural, remodelé lors des glaciations. La marée est faible ou masquée par des oscillations de niveau d’origine climatique (seiches,
ondes de tempêtes). Les apports d’eau douce sont importants. Comme la perte par évaporation est égale ou supérieure aux précipitations, le bilan hydrologique est positif et la salinité faible, en surface et dans l’Est (détroits danois : 10 p. 1 000 ; golfe de Botnie : 5 p. 1 000). La variation annuelle de la salinité (maximum en fé-
vrier ; minimum en mai avec la fonte des neiges et des glaces) est l’inverse de celle des régimes fluviaux. On note une forte oscillation des températures : été 16 °C (sud), 12 °C (en Botnie) ; en hiver, la banquise est fréquente au voisinage des côtes et dans le Nord. La circulation est affectée par des changements rapides selon les vents ; elle suit dans l’ensemble un mouvement senestre avec un courant de décharge le long des côtes scandinaves (débit maximal au printemps), compensé en profondeur par la pénétration d’eau plus salée le long des côtes méridionales. La présence de seuils entrave le renouvellement des eaux, le remaniement des fonds et la migration des faunes ; ces seuils favorisent la stratification thermohaline pendant une grande partie de l’année. La stabilité explique l’appauvrissement des flores et des faunes ainsi que la réduction de l’action morphologique des houles et des courants : au-dessous de 10 à 20 m, les fractions fines s’accumulent dans le fond des cuvettes, où prédominent les vases. La Baltique est peu poissonneuse.
La formation de
l’Atlantique
Selon les partisans de la théorie de l’expansion des fonds océaniques, les anomalies magnétiques, disposées en rubans parallèles à la crête de la dorsale, sont les traces de son ancienne activité magmatique et orogénique. Elles ont été numérotées de 1 à 32 depuis la région des crêtes jusqu’à la bordure. Certaines ont fait l’objet de prélèvements (dragages ou forages de la campagne JOIDES [Joint Oceanographic Institutions for Deep Earth Sampling]) et de datations : les anomalies sont alors utilisées comme repères chronologiques, servant à la reconstitution de l’emplacement respectif des blocs continentaux à une période donnée. Trois épisodes sont caractéristiques.
PREMIER ÉPISODE
Le mouvement d’ouverture, qui a com-
mencé très tôt (au Trias, semble-t-il), s’accompagne de la formation de grandes fractures et d’un enfoncement lent de quelques cuvettes annexes, où se déposent les sédiments (comme dans la Méditerranée américaine). L’expansion est surtout importante au Crétacé inférieur et moyen, lors de l’approfondissement des bassins de l’Atlantique central et austral.
À la fin de l’épisode, l’Afrique se trouve décalée vers l’est par rapport au bloc européen, qui est resté soudé à l’Amérique et au Groenland.
DEUXIÈME ÉPISODE
Une ouverture s’esquisse sur l’emplacement de l’actuelle mer du Labrador, puis se reporte au nord de la ligne Terre-Neuve - golfe de Gascogne sur le tracé de la dorsale. Celle-ci, dont la limite externe est marquée par l’anomalie 32, s’édifie (les roches les plus anciennes sont datées du Maëstrichtien). La dérive de l’Europe vers l’est provoque un cisaillement à son contact avec l’Afrique et des mouvements géologiques qui sont très complexes dans le domaine de la Téthys.
TROISIÈME ÉPISODE
La mise en place des continents s’effectue au cours du Néogène, puis le mouvement d’expansion se ralentit et s’arrête, car le bloc américain rencontre les fonds du Pacifique (chevauchement), tandis que l’Afrique septentrionale entre en contact avec l’Europe (orogenèse alpine). Les mouvements finals ne sont que des réajuste-ments lents et de faible ampleur.
Atlantique Nord
(traité de l’)
Pacte signé à Washington le 4 avril 1949 par douze États occidentaux et qui est à la fois une alliance défensive et un cadre de coopération politique et économique. Aux premiers signataires, Belgique, Canada, Danemark, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas et Portugal, se join-dront en 1952 la Grèce et la Turquie, puis en 1955 la République fédérale d’Allemagne.
L’Alliance atlantique est née de la crainte qu’ont éprouvée les pays occidentaux de voir l’U. R. S. S. poursuivre
vers l’ouest la politique d’expansion inaugurée à la fin de la Seconde Guerre mondiale. À l’issue du conflit et en exécution des accords de Yalta, la Russie soviétique porte ses armées à 120 km du Rhin et contrôle tous les pays de l’Est européen. Tandis que les Alliés occidentaux accélèrent la downloadModeText.vue.download 516 sur 561
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2
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démobilisation de leurs unités, elle maintient sur pied de guerre la totalité de ses forces. Malgré l’opposition des États-Unis et de la Grande-Bretagne, elle intervient directement ou indirectement en Grèce, en Turquie et en Iran, et paralyse le Conseil de sécurité par l’usage systématique de son droit de veto. Latente depuis juin 1945, la tension entre l’Est et l’Ouest s’accroît encore en 1947 : en mars, le président Truman inaugure une politique d’aide à la Grèce et à la Turquie ; en juin, l’U. R. S. S. contraint la Pologne et la Tchécoslovaquie à refuser l’aide économique qui leur était offerte dans le cadre de l’aide à l’Europe ; en septembre, elle crée le Kominform, chargé d’« orienter » les États « satellites », où des gouvernements communistes viennent d’être installés à Varsovie, à Berlin, à Budapest, à Sofia, à Bucarest et à Tirana ; l’agitation sociale, animée par les partis communistes locaux, se développe, notamment en France et en Italie ; enfin, en février 1948, avec le