concept de défense « sur l’avant » au plus près du « rideau de fer », tout en conservant le principe des représailles massives. L’U. R. S. S. réplique par la signature, le 14 mai 1955, du pacte de Varsovie*, groupant sous son égide les démocraties populaires de l’Europe orientale.
y À partir de 1956-57, du fait du développement de la puissance nucléaire soviétique, le monopole atomique des États-Unis fait place à un état d’équilibre entre les deux blocs ; au même moment, le perfectionnement des
missiles balistiques et surtout l’apparition de l’arme thermonucléaire donnent aux États-Unis, comme à
l’U. R. S. S., une capacité d’anéantissement mutuel vidant de son sens toute notion de supériorité et conduisant de façon pragmatique au principe de la « coexistence pacifique ». Cette mutation mettant en cause la valeur de la protection assurée par les États-Unis à leurs partenaires, certains commencent à douter de la détermination de leur protecteur à s’engager pour garantir leur propre défense et pensent que les sujétions politiques et militaires dont elle s’accompagne doivent être révisées.
C’est dans ces conditions qu’en
1958 le général de Gaulle, revenu au pouvoir, propose à Eisenhower l’institution d’un triumvirat avec Londres, chargé de la conception et de la mise en
oeuvre de la stratégie nucléaire au sein de l’Alliance. Ne rencontrant aucun écho, la France décide d’accélérer la réalisation de son armement nucléaire et d’interdire sur son sol le dépôt d’engins atomiques américains.
La conception américaine est pré-
cisée en 1962 par Robert McNamara, secrétaire à la Défense, qui définit la doctrine dite de la riposte graduée et confirme que les États-Unis entendent rester seuls juges de l’évaluation de la menace adverse et ne risquer leur propre « suicide » nucléaire que pour des intérêts qu’ils estimeraient vitaux.
En réponse, la France, devenue puissance nucléaire, décide de retirer des commandements navals intégrés de l’O. T. A. N. ses forces de Méditerranée (1962), puis de l’Atlantique (1963). Pour tenter d’apaiser leurs partenaires, les Américains proposent en 1963, avec l’accord des Britanniques, un projet de force nucléaire multila-térale, qui sera finalement abandonné pour des raisons techniques et surtout politiques.
y 1966 : la crise de l’Alliance. Constatant cet échec, les membres européens de l’Alliance mettent leurs espoirs dans une réforme qui élargirait le champ du traité à l’échelle mondiale et dépasserait le domaine militaire.
Peu confiante dans la réalisation de cette réforme, la France décide, le 7 mars 1966, tout en demeurant membre de l’Alliance, de dénoncer son adhésion à l’organisation militaire atlantique et de demander le retrait de son territoire de tous les organismes de l’O. T. A. N. Les quatorze autres membres rejettent aussitôt la discrimination établie par la France entre l’Alliance et l’organisation militaire ; mais aucune rupture ne se produit.
La France continue de participer au Conseil, demeure représentée auprès du Comité militaire et du SHAPE par une mission militaire et admet le principe d’une coopération avec les unités alliées de ses forces restant stationnées en Allemagne en vertu d’accords bilatéraux.
y Le 31 mars 1967, le quartier géné-
ral du SHAPE est transféré en Belgique, et, en octobre, le Conseil, le
Secrétaire général et le Comité militaire occupent leur nouveau siège à Bruxelles. En décembre, le Conseil, réuni en Comité des plans de défense (c’est-à-dire sans la France), adopte un nouveau concept stratégique basé sur la riposte graduée, auquel la France s’était toujours opposée. À la session de 1968, à Reykjavik (Islande), le Conseil met l’accent sur la nécessité de maintenir une puissance militaire susceptible de décourager l’agression, mais aussi de poursuivre une politique de détente, notamment en établissant des propositions de réduction équilibrée des forces de l’Ouest et de l’Est.
y L’invasion de la Tchécoslovaquie par les forces du pacte de Varsovie*
en août 1968 renforce la cohésion de l’Alliance, de nouveau menacée en 1969 par les négociations SALT sur le désarmement* et en 1973 par l’absence de consultations entre Washington et ses alliés à l’occasion de la guerre israélo-arabe. L’O. T. A. N.
réussit cependant, en 1969, à créer en Méditerranée une force navale alliée d’urgence et à poursuivre la réalisation, de la Norvège à la Turquie, du système intégré de surveillance aérienne* Nadge. La nécessité d’une défense commune est réaffirmée le 25 juin 1974 à Bruxelles, où tous les membres de l’Alliance recon-downloadModeText.vue.download 518 sur 561
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2
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naissent le rôle particulier des forces nucléaires anglaises et françaises. En 1974, à la suite de la crise de Chypre, la Grèce, tout en restant dans l’Alliance, se retire de son organisation militaire. En 1975, la menace de la Turquie de fermer chez elle les bases américaines, l’évolution politique du Portugal, l’éventuelle participation de communistes au gouvernement italien et la tension gréco-turque, notamment, n’empêchent pas la réunion à Oslo, en mai 1976, du Conseil atlantique, qui met fin au conflit anglo-islandais sur les zones de pêche. Au même moment, au cours d’un voyage aux États-Unis, le président Giscard d’Estaing rappelle la position de la
France : refus de toute intégration militaire, mais contribution à l’efficacité de l’Alliance.
B. de B.
▶ Défense / Europe / Stratégie / Varsovie (pacte de).
B C. Delmas, l’Alliance atlantique (Payot, 1962). / A. Beaufre, l’O. T. A. N. et l’Europe (Calmann-Lévy, 1966).
atmosphère
Région proche de l’environnement terrestre.
Introduction générale
Il y a une trentaine d’années, on défi-nissait l’atmosphère comme le milieu gazeux entourant la Terre. Cette définition pouvait prêter à quelques critiques : présence possible de suspensions liquides ou solides dans ce milieu ; imprécision sur les limites, théoriquement indéfinies, à lui donner, à moins que, plus ou moins arbitrairement, un degré de ténuité limite ne soit fixé. Aujourd’hui, avec le développement de nos connaissances sur l’environnement terrestre, le problème est autre : nous pouvons considérer tout cet environnement comme formant
l’atmosphère de la Terre ; cette définition a l’avantage de pouvoir être géné-
ralisée à d’autres planètes : atmosphère de Mars, de Vénus, etc.
Cependant, cette manière de faire ne paraît pas répondre d’une façon toujours satisfaisante au cas spécifique de la Terre. Cela est le fait des interactions complexes qui se manifestent entre les différentes régions de l’environnement terrestre (intervenant par leurs proprié-
tés mécaniques, physiques, chimiques, biologiques, etc.) et les autres facteurs fondamentaux caractéristiques de notre globe.
Pour cette raison, il paraît justifié d’adopter, conjointement au point de vue planétaire et géophysique, une autre façon plus concrète de comprendre le terme d’atmosphère, en lui donnant le sens usuel qu’il a en météorologie, en climatologie et même en astronautique. Cela revient à donner le
pas aux propriétés mécaniques et thermiques les plus usuelles sur d’autres propriétés (électriques, magnétiques, cosmiques, etc.) moins directement couplées à notre vie sur le sol terrestre.
Cette définition restrictive est bien celle qui, en astronautique, permet de proposer une séparation entre les ré-
gions appartenant en propre à l’atmosphère terrestre et celles qui relèvent de l’espace. Elle a été également suivie —
avec fixation, de plus, d’une altitude limite conventionnelle de 80 km, chiffre d’ailleurs discutable d’un point de vue scientifique — par la plupart des instances juridiques, qui se sont efforcées de distinguer entre ces deux domaines, que l’on désirerait être juridiquement distincts : l’espace n’étant pas supposé être aussi directement couplé que l’atmosphère terrestre à une portion déterminée du sol de notre globe.