tique fondamentale », reprise au zoologiste allemand émigré au Brésil Fritz Müller (1821-1897). Cette loi, suivant laquelle « l’ontogénie est une récapitulation abrégée de la phylogénie », fut formulée en 1864 dans une brochure écrite en faveur des thèses de Darwin.
Si Haeckel se montra trop enthousiaste à son égard, au point d’infléchir les faits quand c’était nécessaire, elle demeure exacte dans son principe et les anatomistes ont maintes occasions d’en vérifier le bien-fondé.
L’anatomie comparée n’a pas de
méthodes qui lui soient propres ; elle profite et des progrès techniques que le morphologiste ou le physiologiste réalisent et de l’accumulation de documents qui résultent de la prolifération des recherches en cours de nos jours.
L’anatomie végétale
L’anatomie végétale, si elle a pour objet d’étude un ensemble d’êtres vivants plus restreint en nombre et moins hétérogène que l’anatomie animale, a une histoire qui lui est parallèle. Elle est née en Grèce des travaux de Théophraste (v. 372-287 av. J.-C.), élève d’Aristote. Théophraste combattit la théorie, classique alors, qui interpré-
tait les végétaux comme des animaux immobilisés, et imposa les notions de règne animal et de règne végétal. Il observa et décrivit les plantes, et il chercha à les classer en utilisant les critères les plus divers, tels que l’existence et la forme du tronc, des fleurs et des fruits, la persistance du feuillage, etc. Les descriptions qu’il donne sont minutieuses et parfois étonnamment modernes.
Mais son exemple ne fut pas suivi, et la botanique naissante se confina vite aux aspects utilitaires de l’agriculture et de la pharmacopée, comme on peut s’en rendre compte en parcourant l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien (23-79 apr.
J.-C.). Seul le Grec Dioscoride (Ier s.
apr. J.-C.), contemporain de Pline, sut faire encore des observations. Il eut, comme Galien, l’honneur d’être traduit par les Arabes, et il fournira au Moyen Âge l’essentiel de la connaissance des
« simples ».
Le Moyen Âge se contenta d’études livresques, à l’exception de l’Allemand Albert le Grand (v. 1200-1280), qui fut également zoologiste. Dans son traité Des plantes, celui-ci étudia la morphologie de façon poussée et fit de fort perspicaces descriptions. Cette heureuse exception ne sera renouvelée qu’au XVIe s. avec la Renaissance.
Les savants retournent alors à la nature, identifient les plantes aux descriptions anciennes et cherchent à les classer. Ils accumulent ainsi des données morphologiques essentielles. Citons parmi eux Gaspard Bauhin (1560-1624), qui eut le mérite de chercher une classification naturelle et prépara ainsi l’oeuvre de Linné. C’est de cette époque que datent l’habitude de conserver les plantes en herbiers et la création des premiers jardins botaniques, qui apparurent en Italie. En 1593, Montpellier fut la première université française à suivre cet exemple ; Paris ne suivit qu’en 1635, par la création du Jardin du roi, que
dirigea à ses débuts le célèbre Gui de La Brosse († 1641).
Le XVIIe siècle vit la naissance de l’anatomie microscopique en botanique comme en zoologie. Ce sont souvent les mêmes hommes qui ont effectué leurs recherches dans les deux règnes, et en particulier Malpighi, dont les ouvrages décrivent l’essentiel des divers tissus des plantes supérieures.
À la même époque, Nehemiah Grew
(1641-1712) retrouve dans les tiges et les racines les cellules que venait de découvrir Hooke. Les nombreuses études de morphologie comparée qui suivront aboutiront, au XVIIIe s., à la recherche d’une classification des plantes, où s’illustreront successivement l’Anglais John Ray (1627-1705), le Français Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708), le Suédois Linné (1707-1778) et les trois Jussieu : Antoine (1686-1758), Bernard (1699-1777) et Antoine Laurent (1748-1836). Le XVIIIe siècle vit également l’épanouissement de la physiologie végétale, avec les travaux de Nicolas Théodore de Saussure (1767-1845).
Le XIXe siècle apporte peu de changements ; on recourt toutefois de plus en plus à l’histologie pour la classification des plantes, et le Français Philippe Van Tieghem (1839-1914) consacrera sa vie à l’étude de l’organisation végé-
tale, famille par famille. Les végétaux inférieurs, Algues et Champignons, jusque-là négligés, sont activement étudiés. L’époque contemporaine, en confirmant l’unité structurale et biochimique des êtres vivants, applique aux représentants des deux règnes les mêmes progrès techniques dans les méthodes d’étude.
R. B.
B J. Delestre, les Travaux anatomiques à travers les âges (Le François, 1939). / H. Rouvière, Anatomie humaine descriptive et topographique (Masson, 1942 ; nouv. éd., revue par G. Cordier, 1959 ; 3 vol.). / G. Paturet, Traité d’anatomie humaine (Masson, 1949-1963 ; 5 vol.). / R. Grégoire et S. Oberlin, Précis d’anatomie (Baillière, 1953-1954 ; 2 vol.). / G. Cordier, Paris et les anatomistes au cours de l’histoire (Impr. de l’Administration centrale, 1955).
/ C. Singer, A Short History of Anatomy and Phy-
siology from the Greeks to Harvey (New York, 1957). / M. Daumas (sous la dir. de), Histoire de la science (Gallimard, « Encyclopédie de la Pléiade », 1960). / M. Bariéty et C. Coury, Histoire de la médecine (Fayard, 1963). / C. Gillot, Éléments d’anatomie (Flammarion, 1965-1969 ; 6 vol.). / G. Olivier, Anatomie anthropologique (Vigot, 1965). / J. Barcsay, Anatomie artistique de l’homme (Vincent, Fréal et Cie, 1966). / J. Cady et B. Kron, Anatomie du corps humain (Maloine, 1969-1971 ; 7 vol.). / A. Delmas, l’Anatomie humaine (P. U. F., coll. « Que sais-je ? » 1974). / T. Petren et F. Roux, Introduction à l’anatomie humaine (P. U. F., 1975).
Anaxagore,
Anaximandre,
Anaximène
F IONIENS.
Ancien Empire
Nom donné par les historiens modernes à une époque de l’histoire d’Égypte s’étendant de 3200 à 2190 av. J.-C. environ. L’Ancien Empire va de la fin de la préhistoire aux troubles sociaux qui ruinèrent une première fois l’économie de la vallée du Nil et précédèrent de peu les grandes invasions aryennes du IIe millénaire sur l’Asie. C’est le premier âge de la civilisation pharaonique : un système économique se constitue, une tradition politique s’établit et s’affirme, une société s’ordonne.
Les deux premières
dynasties (3200-2778) :
l’ordre pharaonique
s’instaure
À la fin de la préhistoire, une première mutation s’achevait : mettant fin au régime tribal anarchique, un regroupement en deux royaumes s’était effectué, conforme à la dualité géographique de l’Égypte, l’un unifiant le Delta sous la monarchie de Bouto, l’autre plaçant toute la Haute-Égypte sous l’autorité des rois de Nekhen. L’histoire commence lorsqu’un énergique chef su-diste, Narmer (peut-être le légendaire Ménès d’Hérodote), descend le Nil, défait les nordistes et, ceignant pour la première fois le pschent (réunion de la mitre blanche de Haute-Égypte et du mortier rouge de Basse-Égypte),
fait son entrée solennelle à Bouto, en roi vainqueur de l’Égypte unifiée, ou
« double pays ». (C’est ce que content les images sculptées sur la grande palette de schiste, dite « de Narmer », au musée du Caire.)
La capitale est établie à This (près d’Abydos) : c’est là que règnent les deux premières dynasties (cette division en « dynasties », d’origine vraisemblablement égyptienne, nous ayant été transmise notamment par Manéthon