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Les montagnes offrent leurs pâturages aux ovins et aux caprins ; certaines sont couvertes de beaux man-teaux forestiers (sierra de Cazorla), que l’Administration cherche à étendre par une persévérante politique de reboisement.

La population se concentre dans les vegas des bassins intérieurs, alors que les montagnes ne cessent de se vider par l’émigration. Les petites villes, éclatantes de blancheur, serrées autour de leurs vieux châteaux, vestiges de la longue lutte entre chrétiens et maures, ne sont que des marchés ruraux, animés parfois par des industries alimentaires : Antequera (42 000 hab.), Ronda (28 000 hab.), Priego de Córdoba (25 000 hab.) et Loja (25 000 hab.) sont les plus importantes. La seule grande ville, Grenade* (190 000 hab.), doit sa fortune à des facteurs historiques plus que géographiques : de sa fonction de capitale du royaume arabe d’Espagne, elle a hérité son rayonnement régional et surtout un patrimoine archéologique

de très grande valeur. Si son réveil date de l’implantation de la culture de la betterave à sucre dans sa vega au début du siècle (la vía Colón fut construite avec les fortunes sucrières), son essor est avant tout lié au tourisme et à ses fonctions administratives, commerciales et intellectuelles. En revanche, les activités industrielles manquent de dynamisme, ce qui limite les possibilités d’accueil des ruraux, qui doivent émigrer vers Madrid et Barcelone.

Aussi, en décrétant, à compter de 1970, Grenade pôle de développement industriel, les autorités entendent asseoir sur des bases plus solides la croissance de la ville.

L’Andalousie des steppes

À l’est de Grenade, l’aridité augmente : les hauts bassins de Guadix et de Baza, les corridors du Nacimiento et d’Almanzora ainsi que la côte d’Almería sont les régions les plus sèches de l’Espagne (113 mm de pluies par an au Cabo de Gata). La végétation naturelle se réduit à une steppe xérophytique, et les reliefs décharnés dominant de vastes glacis d’érosion présentent un authentique cachet désertique.

Les hauts bassins intérieurs sont voués à la culture extensive du blé dur sur de très grandes propriétés ; les ja-chères et les maigres pacages sont parcourus par des troupeaux d’ovins et de caprins. Dans la province d’Almería, la surface cultivée n’occupe que le quart du sol et est, pour l’essentiel, un secano à très faible rendement, où l’orge doit alterner avec une jachère de deux ans.

La population se concentre dans les périmètres irrigués, qui font figure de véritables oasis et où le raisin est une spécialité déjà ancienne près d’Almería. Mais d’autres cultures tendent à se développer : les orangers et surtout l’horticulture suivant la technique originale de culture sous le sable, qui hâte la production et permet la vente comme primeurs à des prix élevés sur le marché européen. Ces cultures gagnent toute la côte entre Almería et Motril.

Les montagnes sont vides en dehors de quelques petits centres miniers, où l’on extrait du fer (Alquife) et du plomb. La production est exportée par

Almería (115 000 hab.), qui, au fond d’un large golfe, dresse son vieux château arabe sur les contreforts de la sierra de Gádor. Centre commercial et administratif, cette ville connaît depuis quelques années un certain développement industriel. Son climat lumineux et ses paysages arides ont attiré l’industrie cinématographique et le tourisme.

L’Andalousie de la Méditerranée

Le rameau méridional des cordillères Bétiques isole en bordure de la Méditerranée une frange côtière bien proté-

gée des vents frais et pluvieux en hiver et tempérée en été par la mer : c’est la Costa del Sol. Les montagnes y sont lacérées par des rivières torrentielles, qui construisent à leur débouché dans la mer des deltas dont la progression s’est accélérée avec l’exploitation abusive de pentes mal protégées par une maigre végétation. Ces plaines deltaïques, aisément irrigables et tièdes en permanence, ont fixé des cultures tropicales : canne à sucre, corossolier, bananier dans les plaines de Vélez Málaga, d’Almuñécar et de Motril ; orangers et citronniers dans la Hoya de Málaga, où la mise en irrigation de 20 000 ha est en cours. Les terres sèches y sont infiniment variées suivant la pente, l’exposition et le sol : céréales, olivier, vigne, amandier et figuier parviennent à s’élever jusqu’à 1 000-1 500 m sur les pentes méridionales de la sierra Nevada dans la pittoresque région de l’Alpujarra. Dans les monts de Málaga, le vignoble a acquis une réputation mondiale par sa production de vins et de raisins secs de qualité.

Un trait original de la vie rurale de cette partie de l’Andalousie est la pré-

dominance de la petite et de la moyenne propriété. Aussi, les contrastes sociaux sont-ils moins accusés qu’ailleurs, et les petits villages, ainsi que les nombreux petits cortijos isolés, richement fleuris, respirent une aisance relative, que le récent essor touristique explique en grande partie. Les hôtels, les immeubles en copropriété, les villas envahissent le littoral et montent à l’assaut des collines, engloutissant les traditionnels petits ports de pêche, dont beaucoup sont des fondations phéniciennes ou grecques. La fièvre touris-

tique a d’abord touché Málaga et ses abords occidentaux : Torremolinos, de renommée mondiale, Fuengirola et Marbella. Elle gagne maintenant vers l’ouest en direction d’Estepona et vers l’est jusqu’à Motril.

Málaga profite de cet essor : sa population est passée à plus de

374 000 habitants en absorbant des ruraux de toute sa province, attirés par ses activités diverses. Le port exporte les riches produits agricoles de la ré-

gion et importe les matières premières pour les industries (petite métallurgie, chimie, textile) venues s’ajouter aux traditionnelles industries alimentaires.

C’est en même temps la porte de sortie vers l’Afrique du Nord et une escale pour le cabotage péninsulaire. La ville étend son attraction commerciale jusque dans la haute vallée du Guadalquivir et est un grand centre administratif. Fondée par les Phéniciens sur la colline de Gibralfaro, elle s’est développée vers l’ouest, où elle ne cesse de s’étendre en direction de l’embouchure du Guadalhorce.

R. L.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2

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L’histoire

de l’Andalousie

Les origines

L’Andalousie, où la légende place le jardin des Hespérides, est connue depuis des temps très anciens sous le nom de Bétique (à cause du plus grand fleuve qui l’arrose, le Bétis, aujourd’hui Guadalquivir). D’abord peuplée par les Ibères, la Bétique est ensuite colonisée par les Phéniciens et les Grecs, et occupée par les Carthaginois. Les Phé-

niciens y fondent d’importants comptoirs : Gades (auj. Cadix), Corduba (auj. Cordoue), Malaca (auj. Málaga) et Abdera (auj. Adra). Théâtre de la rivalité entre Carthage et Rome, cette région est conquise par Scipion l’Africain en 206 av. J.-C. Elle assimile profondément la culture romaine ; dès la fin du Ier s. av. J.-C., les grandes villes

y ont perdu leur caractère phénicien.

Cordoue est la patrie de Sénèque et de Lucain ; Itálica, fondée par Scipion, est le berceau du poète Silius Italicus et des empereurs Trajan et Hadrien. La Bétique est à cette époque le grenier de Rome. En 409, une invasion nordique permet aux Vandales d’occuper la région, qui devient l’Andalucía (nom d’origine incertaine). En 415 se crée un important royaume wisigoth en Espagne, tandis que les Byzantins s’installent dans une partie de l’Andalousie.