Andalou, se soulèvent près de Cadix.
Jusqu’en 1936, l’Andalousie constituera l’un des deux grands foyers anarchistes de l’Espagne, l’autre étant la Catalogne.
En 1932, les travailleurs répondent au « pronunciamiento » de Sanjurjo, favorable à la monarchie, par une grève générale. Pendant la guerre civile, de sanglants conflits se produisent dans les quartiers ouvriers de Séville et de Grenade. Malgré de considérables efforts d’industrialisation, tous les problèmes sont loin d’être résolus : l’émi-downloadModeText.vue.download 62 sur 561
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2
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gration vers les autres provinces et vers l’Europe persiste.
Le génie andalou se manifeste à
l’époque contemporaine dans la litté-
rature (Antonio Machado, Juan Ramón Jiménez, Federico García Lorca, Rafael Alberti, Luis Cernuda, Manuel Altolaguirre, Emilio Prados et Vicente Aleixandre), dans la peinture (P. Picasso) et dans la musique (Manuel de Falla).
R. G.-P.
▶ Almohades / Almoravides / Cordoue / Espagne / Grenade / Reconquista / Séville.
B J. Guichot, Historia general de Andalucía (Madrid, 1869-1871). / J. Ortega y Gasset, Teoría de Andalucía (Madrid, 1942). / E. Lévi-Provençal, Histoire de l’Espagne musulmane (G. P. Maisonneuve, 1947-1953 ; 3 vol.). / J. Ser-met, Espagne du Sud (Arthaud, 1953).
Andersen
(Hans Christian)
Écrivain danois (Odense 1805 - Copenhague 1875).
La vie de Hans Christian Andersen paraît sortir d’un conte et sa propre expérience forme l’un des éléments fondamentaux de son oeuvre.
Hans Christian connut une jeunesse misérable mais libre. Il courait les
champs le jour et écoutait le soir les ré-
cits fantastiques que lui lisait son père, pauvre cordonnier et libre penseur exalté qui s’engagera dans les armées napoléoniennes. La mort de ce père et le remariage de sa mère donnèrent une nouvelle orientation à sa vie. Âgé de quatorze ans, sachant tout juste lire et écrire, Andersen part pour Copenhague, décidé à conquérir la célébrité au théâtre. Silhouette pittoresque, il dé-
concerte les directeurs de théâtre, abasourdis par ses déclamations grandilo-quentes. Andersen est engagé comme choriste, mais sa voix mue et il perd sa place. Il écrit cependant des tragédies, qu’il présente sans tarder au directeur d’un théâtre, Jonas Collin. Celui-ci refuse ses manuscrits, mais, pressen-tant des dons exceptionnels chez cet adolescent opiniâtre, obtient pour lui une pension et l’admission à l’école latine de Slagelse. Andersen s’obsti-nera cependant toute sa vie à trouver le succès au théâtre, soit sous son nom (la Mulâtresse, 1839), soit sous des pseudonymes ou dans l’anonymat pour désarmer une critique malveillante (Le roi rêve, 1840 ; la Nouvelle Chambre de l’accouchée, 1840).
Des trois années passées à Slagelse, Andersen gardera un souvenir pé-
nible : surmené par un intense travail de rattrapage, il doit, en outre, subir l’ironie du recteur et les railleries que sa gaucherie inspire à ses condisciples. C’est là, cependant, qu’il écrit son premier chef-d’oeuvre, l’Enfant mourant (1827). Devenu bachelier, il publie à ses frais un poème en prose d’inspiration fantastique, Voyage à pied du canal de Holmen à la pointe orientale d’Amager (1829), puis
s’inscrit à l’université, où il passe ses examens de théologie et de philosophie. En 1830, une bourse de voyage lui ouvre les chemins de l’Europe.
Andersen parcourt l’Allemagne et la Suisse. Désormais, dès qu’il souffrira trop de l’incompréhension de la critique ou d’un amour déçu, il repartira.
C’est en Italie surtout que sa nature sensible s’épanouit. Chaque grande ville lui réserve un choc artistique, chaque étape est la clé d’un ouvrage (l’Improvisateur, 1835) ou l’occasion d’un souvenir (le Livre d’images sans images, 1840 ; le Bazar d’un poète,
1842 ; En Suède, 1851). Si ses romans sont toujours marqués au coin de la poésie, Andersen ne se sent vraiment à l’aise que dans les récits de moindre étendue, les contes. Très vite, il modifie le titre de son premier recueil (Contes racontés aux enfants, 1835) en Contes et histoires. Le fantastique qu’il fait jaillir de la réalité la plus quotidienne appartient à tous. S’il réveille le peuple féerique des vieilles légendes (la Reine des neiges, le Petit Elfe Ferme-l’OEil, la Petite Sirène), son imagination anime les moindres objets (la Bergère et le ramoneur) et transfigure les aventures les plus amères : l’Intrépide Soldat de plomb, gisant dans le ruisseau, lui rappelle sa passion malheureuse pour la canta-trice Jenny Lind ; le Vilain Petit Canard qui se mue en cygne majestueux est une parabole autobiographique.
Au plaisir limpide de l’enfance, les contes ajoutent à l’intention des adultes une leçon d’ironie (les Habits de l’empereur) et la déploration discrète de la mort (l’Ombre, le Compagnon de voyage, la Petite Marchande d’allumettes). En fondant sa poésie et sa philosophie sur la pitié, en donnant la victoire, dans le combat de la vie, aux humbles et aux patients, Andersen a atteint l’esprit de l’homme et le coeur de l’enfant. C’est à cela qu’il doit — par-delà les honneurs officiels, les amitiés royales, les statues élevées de son vivant et les décorations qui firent de sa vie, selon son propre aveu,
« un beau conte, riche et heureux »
— l’immortalité.
S. C.
▶ Conte / Folklore et littérature / Scandinaves (littératures).
B P. V. Rubow, H. C. Andersens Eventyr (Copenhague, 1927). / Publié par Det Berlinske Bogtrykkeri à l’occasion du 150e anniversaire de l’auteur, Un livre sur le poète Hans Christian Andersen. Sa vie, son oeuvre (Copenhague, 1955). / E. Nilsen, H. C. Andersen (Copenhague, 1963).
Anderson
(Sherwood)
Écrivain américain (Camden, Ohio, 1876 - État de Panamá 1941).
En 1919, Winesburg, Ohio, recueil de nouvelles réalistes sur la vie quotidienne d’une petite ville du Middle West, rendit Sherwood Anderson brusquement célèbre. Rompant avec les clichés du roman de terroir, avec les conventions polies et l’optimisme obligatoire de la littérature bien-pensante, Anderson évoquait franchement la dé-
tresse des provinces américaines, leurs problèmes financiers, moraux, sexuels même. Censuré par les prudes, acclamé par les libéraux, il fut considéré comme
« le libérateur des lettres américaines ».
Il les libérait en effet quant au fond, en récusant les bienfaits du progrès à l’américaine, et quant à la forme, en accumulant les « petits faits », les « petits détails », créant ainsi une technique à la fois réaliste et impressionniste, qui influença profondément Hemingway, Erskine Caldwell, Nathanael West, James T. Farrell et Faulkner.
C’est surtout dans la nouvelle que l’art des « petits faits » permet à Anderson de donner la pleine mesure de son talent. Dans ses recueils, Winesburg, Ohio (1919), The Triumph of the Egg (1921) et Horses and Men (1923), il choisit le rôle du spectateur ahuri et intrigué, qui devait donner le ton au réalisme sophistiqué des années 20.
« Tourgueniev américain », Anderson décrit la vie des petites bourgades américaines menacées par l’industrialisation, l’urbanisation et la concentration capitaliste, qui déferlent sur la Prairie et anéantissent le vieux rêve jeffersonien d’une démocratie de petits propriétaires ruraux, d’une société où chacun serait en harmonie avec ses semblables, avec la nature et avec Dieu.
Contre l’optimisme yankee, il évoque la solitude, la frustration, l’angoisse, qui sont la rançon de l’efficacité et de la rentabilité : le bonheur ne pousse plus où la « réussite » est passée.
Sous l’humour apparent, ses oeuvres constituent une critique en profondeur des valeurs matérielles de la société américaine, en particulier le culte de l’argent et de la réussite, qui aliènent l’homme, en font un « grotesque », habité d’ambitions artificielles dont la satisfaction n’apaise pas l’être profond.